Genesio, le Nord avant plus haut ?

Genesio, le Nord avant plus haut ?

Actuellement quatrième de Ligue 1, et bien engagé pour franchir la phase de groupes de la Ligue des Champions, le LOSC connait une période faste. Une série de douze matchs sans la moindre défaite, et des ambitions au moins aussi élevées que la saison dernière, placent l’équipe de Bruno Genesio au même niveau que des clubs comme l’AS Monaco, l’Olympique de Marseille, ou l’Olympique Lyonnais. Jusqu’où le LOSC peut-il aller ?

Tout va extrêmement bien dans le Nord, après un début de saison dense au niveau du calendrier. Lille a commencé sa saison plus tôt que les autres, avec deux tours préliminaires (Fenerbahce puis Slavia Prague) pour accéder à la Ligue des Champions, et sort aujourd’hui d’un enchainement Ligue 1 / Coupe d’Europe assez dantesque. Le calendrier pouvait faire peur, mais l’apport combiné de l’entraineur Bruno Genesio et du Président Olivier Letang a permis à Lille de se métamorphoser au bon moment, après quelques turbulences rapidement identifiées. Les Nordistes ont d’abord franchi les premiers obstacles de manière solide plus que de manière construite, avec un schéma différent de celui mis en place par Paulo Fonseca l’année dernière. 

Exit le 4-3-3 / 4-2-3-1 installé et plutôt bien rôdé par l’ancien entraineur des Dogues, aujourd’hui du côté de l’AC Milan, Genesio a d’abord mis en place un défense à 5 qui a permis à son équipe de très peu subir face à ses deux adversaires européens. Très peu d’occasions concédées, une capacité à marquer un but précieux à chaque fois, même en prolongations, et Lille a atteint son premier objectif de rejoindre la phase de groupes de la Ligue des Champions. Quand on sait la difficulté d’aborder des rencontres aussi tôt dans la saison, entre mercato ouvert et préparation physique tronquée, il s’agissait déjà d’une première performance importante. Les premiers problèmes sont apparus face à Saint-Etienne, en Ligue 1, dans un match qui a mélangé des défauts déjà existants au sein du LOSC et une animation tactique défaillante. 

Face aux Verts, les Lillois n’ont jamais réussi à imposer une maitrise dans le jeu face à un adversaire pourtant en difficulté dans le Championnat de France. Le promu stéphanois a obtenu sa première victoire dans cette rencontre et la direction nordiste a alors compris le besoin immédiat de changer des choses. C’est d’ailleurs une des grandes forces d’un club qui ne s’enfonce jamais dans ses certitudes et qui est capable de modifier instantanément des paramètres, qu’ils soient tactiques ou du domaine mental. Déjà, l’année dernière avec Paulo Fonseca, les Lillois ont raté des matchs par un manque d’envie, par une incapacité à aborder certaines oppositions avec le bon état d’esprit, et cette défaite face à Saint-Etienne semble avoir permis de modifier beaucoup de choses. 

Lille a des atouts, désormais mis en valeur

Après le match face à Saint-Etienne, c’est Olivier Létang qui s’est présenté devant les médias non pas pour critiquer l’arbitrage ou chercher des excuses au non match de son équipe, mais pour passer un réel savon à ses joueurs. Tous les maux évoqués comme le manque d’envie, l’incapacité à gagner des duels, l’incapacité à répéter les courses, ont été soulignés par le Président du LOSC qui a alors directement mis ses joueurs face à leur responsabilité. Lille a des qualités, mais elles ne suffisent pas à gagner des matchs. Au delà de cette sortie médiatique nécessaire, l’entraîneur Bruno Genesio s’est également remis en question pour proposer autre chose dans sa mise en place tactique. Cela aura pris un match de plus et une nouvelle défaite face au Sporting Lisbonne, mais la rencontre face à Strasbourg aura été le commencement d’une nouvelle ère. 

Le LOSC a compris que les batailles estivales ne pouvaient pas permettre d’obtenir des certitudes pour le reste de la saison, et Genesio est revenu à ce qui faisait l’essence de la qualité lilloise l’année passée. Un 4-3-3 qui n’est pas figé, mais qui exclue le schéma tactique précédent et qui permet désormais à cette équipe d’avoir une maitrise technique sur ses matchs. La série positive a commencé à ce moment, face à Strasbourg lors de la 5e journée de Ligue 1, et dure encore aujourd’hui pour le plus grand bonheur d’un club et d’une ville qui parvient à concurrencer les plus grands cadors français et européens. Lille a gardé ses atouts individuels (Zeghrova, David, Santos, Benjamin André, Angel Gomes, Diakité, Chevalier) et cela se ressent sur les capacités de ce groupe cette saison. 

Parfois, encore, Genesio est tenté de revenir à une idée plus fermée du jeu. Cela empêche certainement son équipe de se faciliter des matchs, comme ce fut le cas face à Rennes notamment avec un Bakker positionné ailier gauche à la place d’un profil plus adapté et offensif, mais Lille a compris ses possibilités multiples. Dans la tête, c’est un effectif totalement métamorphosé qui aborde chaque match avec l’intensité et l’envie nécessaire pour un club du haut de tableau. Bruno Genesio est en train de réussir sa mission, de poursuivre le travail séduisant mais incomplet entamé par Paulo Fonseca, avec une capacité à aller plus haut encore peut-être puisque l’état d’esprit a changé dans le Nord. Les atouts individuels sont performants, à l’image de Jonathan David et Edon Zeghrova, les deux armes principales, et même les nombreuses blessures d’un calendrier surchargé ne remettent pas en question les ambitions lilloises. C’est la force d’un club qui a retrouvé son identité de Dogue, en poursuivant dans une ligne directrice tactique séduisante. 

Le top 3 en Ligue 1 comme objectif premium, un parcours en Ligue des Champions déjà accessible après des victoires de prestige, puis chacun verra alors la route à poursuivre. A Lille, dans un club performant et ambitieux sous la direction actuelle, ou plus haut après le Nord. 

Emmanuel Trumer