Si l’OM ne sait pas encore de quoi sera fait la fin de l’exercice 2019-2020, avec une place de dauphin actuelle qui lui garantit une participation à la prochaine campagne de Ligue des champions, le tumulte passé semble désormais oublié. Sous la houlette de son entraineur André Villas Boas, Marseille est parvenu à se reconstruire pour trouver une solidité et des ambitions nouvelles qui devraient aboutir à une participation à la plus prestigieuse des compétitions européennes. Une juste récompense en forme de résurrection pour le club phocéen et qui porte la patte du technicien portugais.
Arrivé sur la pointe des pieds, presque oublié après quelques années loin des terrains et du bazar du football mondial, AVB est en train de réussir son pari et son retour. Il n’aura d’ailleurs fallu que 28 journées de Ligue 1 pour que son club phocéen ne se remette à rêver de la Ligue des Champions et des promesses d’affiches plus prestigieuses les unes que les autres. Un temps futur désormais quasiment acquis mais qu’il va falloir bien gérer pour ne pas transformer l’essai en cauchemar. Un ensemble phocéen encore fragile que l’entraîneur passé par Porto et Chelsea notamment s’évertue de tenter de sublimer mais dont les mécanismes sont plutôt solides. Tactiquement d’abord, AVB a très peu dérogé à ses principes avec une utilisation massive du 4-3-3 et des rôles bien définis. Un schéma aux particularités multiples tout de même, dans les couloirs d’abord avec deux ailiers (Dimitri Payet à gauche, Valère Germain à droite) dont la tâche est de peser dans l’axe malgré des efforts obligatoires sur leur côté respectif, mais dans l’axe également avec une articulation autour de Morgan Sanson en pointe haute du trio et Bouba Kamara en pointe basse. En réalité, André Villas Boas a su s’adapter au fil de la saison pour trouver une forme de régularité et surtout de cohérence dans toutes les zones du terrain.
Morgan Sanson, le poste à débattre
Peu gêné par le fait de faire évoluer ses joueurs dans d’autres secteurs que leur zone de prédilection, la machine marseillaise a su se réinventer pour faire face aux légers accros sur la route et même si certains détails restent encore logiquement perfectibles, l’ensemble phocéen est désormais une entité solide. Individuellement également, chaque joueur semble avoir élevé son niveau d’un cran et des joueurs auxquels même les supporters olympiens accordaient peu de crédit sont désormais dans une bien meilleure forme qu’avant l’arrivée de Villas Boas. C’est le cas pour Jordan Amavi ou Nemanja Radonjic, mais on peut également ajouter la vista du technicien pour replacer Valère Germain à droite, faire redescendre Bouna Sarr d’un cran au poste de latéral qu’il n’occupait plus, et tout cela en l’absence de Florian Thauvin. On retrouve d’un certain côté les puzzles chers à Pep Guardiola, mais rien d’étonnant pour celui qui aura été l’adjoint de son meilleur ennemi en la personne de José Mourinho.
Un schéma inamovible, de petits ajustements
Si l’idée globale du technicien AVB semble inamovible, les ajustements apportés tout au long de l’année ont permis à l’OM de faire face à des adversaires mieux informés et en ce sens l’utilisation d’un Marley Akey encore parcimonieuse même si prometteuse pourrait être une clé dans le futur, dans un couloir comme dans l’axe dans un rôle de deuxième attaquant. Pour Isaac Lihadji également, mais son avenir semble se dessiner loin de la Cannebière. Toujours est-il que Villas Boas a continué d’avancer avec ce qu’il avait sous la main et malgré un accroc avec la présidence au cœur de l’hiver, au sujet de la vente des joueurs et après l’arrivée au club du Paul Aldrige, André Villas Boas a toujours gardé le cap. Aucun joueur n’est parti lors du mercato hivernal, et malgré un trou financier conséquent connu de tous chaque élément a vu sa valeur augmenter sur cette période sportive. Il faut bien entendu ajouter à cela la forme olympique du gardien Steve Mandanda et de Dimitri Payet, et même si l’OM semble toujours guidé par une optique qui consiste à combler le manque financier créer par les dernières années, l’ensemble sportif est d’une cohérence qui comporte peu de failles. Le duo composé avec l’ancien défenseur Ricardo Carvalho semble également porter ses fruits puisque le secteur défensif est une autre source de satisfaction malgré une fragilité encore palpable. Duje Caleta Car est désormas bien plus solide, et si l’absence de Kamara (un cran plus haut désormais) se ressent, l’arrivée peu onéreuse d’Alvaro Gonzalez aura été un pari réussi.
AVB à l’OM, un tour et puis s’en va ?
Pour résumer, l’ensemble construit par ABV par petites touches a trouvé une certaine cohérence dans le contenu mais peut encore être amélioré notamment dans le jeu et la zone du milieu de terrain ou des profils comme Valentin Rongier ou Maxime Lopez pourraient être utiles. La seule réponse que j’y trouve est une nécessité d’y faire évoluer Morgan Sanson pour des raisons économiques (une future vente et un besoin de le mettre en avant) mais le rendu global n’est alors pas optimal. Doté d’un coffre physique plus important que ses deux compères, Sanson serait plus précieux encore aux côtés de Bouba Kamara, dans un rôle de milieu relayeur ou son apport offensif serait également intéressant mais où il libérerait surtout une place de meneur pour un joueur au profil plus organisateur avec le ballon au pied. Tout simplement qui pourrait alimenter Dario Benedetto de meilleure manière car l’un des derniers enjeux phocéens réside désormais ici. Malgré ses 11 réalisations et un triplé marquant à Nîmes l’attaquant argentin a parfois été trop seul dans les trente derniers mètres adverses et le fait de voir évoluer Dimitri Payet dans un couloir n’aura jamais favorisé la liaison entre les deux joueurs, mis à part sur coup de pied arrêté. Des détails certes et à l’heure du bilan le mérite doit en revenir à l’entraîneur phocéen d’avoir su répondre aux différentes problématiques posées à son équipe.
Un avenir encore flou
Malgré un bilan plus que positif, l’avenir du technicien portugais ne semble pas encore décidé et plusieurs raisons peuvent expliquer cette fragilité dans la relation qui le lie à l’OM. Tout d’abord l’incertitude logique quant au prochain mercato estival qui s’annonce agité, et l’effectif dont il disposera pour disputer la prochaine campagne de Ligue des champions. Car si la saison est momentanément arrêtée puis gelée le Président phocéen s’est porté garant d’une participation assurée à la LDC. Une promesse logique et qui espérons le trouve un écho au sein des instances puisque les solutions existent peu de toute façon. Si une autre solution était trouvée, par un quelconque miracle mafieux, il faudrait alors se pencher sur les CV.
Emmanuel Trumer