Plus proche d’une sortie du top 4 italien que des sommets, la Juventus est un club à la dérive. Dans sa gestion sportive, dans son approche du jeu, et même dans sa communication, le club italien est aujourd’hui à des années lumières de sa grandeur du passé. L’arrivée puis le départ de Cristiano Ronaldo était de parfaits prétextes pour masquer une médiocrité ambiante qui se ressent forcément sur le terrain. La Juventus n’effraie plus ses adversaires, et la nomination récente de Massimiliano Allegri ne semble pas avoir un impact positif.
Qu’il semble loin le temps où la Juventus empilait les trophées en Serie A en même temps que les parcours en Ligue des Champions permettaient aux supporters de continuer à rêver d’Europe. Ce temps-là est révolu et la Vieille Dame lutte aujourd’hui pour conserver son siège au sein du top 4 italien. Balayée par l’Inter Milan d’Antonio Conte la saison dernière, la Juventus est à nouveau distancée par l’Inter de Simone Inzaghi cette fois ci mais également par le Milan AC, et Naples contre lequel la Juventus n’a pas pu faire mieux que 1-1 n’est pas loin non plus. Cette rencontre face à un Naples amoindri montre toutes les faiblesses d’une équipe de la Juventus qui s’est présentée sans Paulo Dybala, sur le banc au coup d’envoi. Comprenez bien la logique, elle devrait être analysée par des experts en médecine : lorsque votre équipe a le ballon, lorsque votre équipe débute son match et possède les ressources physiques pour presser et récupérer le ballon rapidement, pendant cette période avec ballon vous vous privez d’un meneur de jeu. Mais pire, il entre lorsque votre équipe est épuisée, incapable de récupérer le ballon, et donc avec un Paulo Dybala aussi utile qu’un défenseur central. C’est exagéré, imagé, mais c’est exactement la réflexion qu’a eu la Juventus et arrivé à ce stade on peut se dire qu’il n’y a personne à la tête du navire.
Un joueur comme Paulo Dybala pourrait apporter cette créativité balle au pied, capable d’être passeur décisif, de trouver les bons espaces pour faire avancer le jeu, capable d’éliminer un adversaire lorsque l’espace se réduit également. Ne pas le comprendre relève d’une absurdité et la fin de contrat de la Joya dans six mois sera certainement l’occasion d’aller voir ailleurs. Un talent pareil ne peut pas être sur le banc, encore moins dans une équipe comme la Juventus. Une équipe qui met en avant son passé pour se permettre de galvauder un présent qui lui échappe, et le problème n’était pas Cristiano Ronaldo loin de là. Penser que CR7 peut-être un problème est une nouvelle preuve du raisonnement footballistique douteux qui anime la Vieille Dame.
Avec un milieu de terrain composé de Locatelli, Rabiot et McKennie il a tout simplement été impossible de trouver Morata devant et les rares situations ont été mal négociées par l’attaquant espagnol. Mieux trouver Morata grâce à Dybala devait être la solution, tout comme l’entrée d’un Kean bien plus tôt, mais les choix sont assez incompréhensibles pour des résultats inquiétants. La Juventus peut bien se lancer sur le marché des transferts et tenter de proposer une somme complètement folle à Ousmane Dembélé par exemple, la solution du chèque n’est pas la bonne quand les bases n’y sont pas. Le foot est simple mais il faut le respecter, ce n’est pas le cirque et Allegri devrait en prendre note.
Quels objectifs pour la Juventus ?
Dans le jeu il semble impossible de se projeter sur une future évolution tant le board semble perdu dans les choix. Imaginez qu’il a même été possible voir à la fois Rabiot et McKenie évoluer comme ailiers. Oui ailiers. La Juventus pointe aujourd’hui à la 5e place du classement de Serie A, à portée de tir de la Fiorentina 6e, la Roma 7e, la Lazio 8e, et pourquoi pas Empoli 9e. La qualification pour les 8e de finale de la Ligue des Champions est une petite lumière au bout du tunnel mais à vrai dire la Vieille Dame est plus proche à l’heure actuelle de mourir avant de l’avoir traversé. Le Villarreal d’Unai Emery ne se laissera pas faire et les idées de jeu du technicien espagnole pourraient permettre de croire à un immense exploit. Nous en sommes là aujourd’hui, et à vrai dire je ne vois pas ce qui pourrait changer la donne. Un changement d’entraîneur est préconisé pour moi, déjà, mais seul un miracle pourrait permettre de retenir Dybala désormais, ou de convaincre Mathis De Ligt de croire à nouveau au projet collectif.
Le défenseur hollandais, qui est une merveilleuse opportunité sur un marché des transferts qui ne ressemble plus à grand-chose, représente lui aussi les difficultés d’un club qui n’a cessé de régresser depuis son arrivée. La situation ne serait pas aussi inquiétante si un concurrent avait un monopole incroyable mais les folies dépensières de l’Inter Milan ont rapidement pris fin. La Juventus n’est tout simplement plus la Juventus et il faudra un vrai travail de fond pour retrouver les sommets.
Éliminée par l’OL lors de la dernière campagne de Ligue des Champions, le club doit maintenant se méfier d’un sous-marin jaune plutôt bien dirigé par Unai Emery qui évolue dans différents schémas tactiques mais avec des concepts bien ancrés, des concepts que la Juventus a oublié depuis un moment désormais. Il serait facile de taper uniquement sur un Massimiliano Allegri qui n’est là que depuis peu de temps, le mal est plus profond.
Emmanuel Trumer