Après une défaite 3 buts à 1 face au Real Madrid, le PSG est éliminé dès les 8ede finale de la Ligue des Champions (3-2 sur l’ensemble des deux matches). Malgré un recrutement XXL qui a vu débarquer le septuple Ballon d’Or Lionel Messi, Paris n’est pas parvenu à atteindre les objectifs fixé par le propriétaire depuis le rachat du club en 2011. Une nouvelle désillusion pour le club de la capitale, qui a laissé passer la qualification en deuxième période en encaissant trois buts en l’espace de dix-sept minutes. Paris hurle après l’arbitrage, qui une nouvelle fois a voulu faire pencher la balance en faveur de l’adversaire, mais va devoir agir pour se retrouver au sommet.
Qui aurait pu l’imaginer après un match aller parfaitement maitrisé, une rencontre que le Paris Saint-Germain aurait même du remporter sur un score beaucoup plus large (1-0), et surtout après un nouveau but de Kylian Mbappé parfaitement lancé par Neymar lors de cette affiche retour. C’était presque impossible mais malheureusement le PSG est désormais habitué à ces péripéties, un PSG qui a cette sombré sous les coups de boutoir d’un trio madrilène déchainé : Benzema (qui a fait acte de candidature pour le prochain Ballon d’Or) – Vinicius – Modric. Malgré des individualités défaillantes du côté madrilène (Asensio – Carvajal – Kroos) il aura fallu un bon coaching de Carlo Ancelotti pour extirper son équipe d’une situation quasi perdue. Comme si la devise qui colle à la ville de Paris :Fluctuat nec mergitur ne pouvait pas coller à un PSG qui a encore affiché de trop grosses lacunes pour espérer sortir un Real Madrid pourtant vieillissant. Paris a cru pouvoir tenir sans rompre en deuxième période, mais la situation était bien trop flagrante pour ne pas y voir un signe d’un énième raté individuel et collectif. Si le Real Madrid se qualifie pour les quarts de finale grâce à 45 minutes de jeu sur les 180 disputées au total, ce n’est pas uniquement la faute d’un arbitrage une nouvelle fois douteux. Le PSG avait tout pour passer, tout pour éliminer ce Real Madrid loin de ses standards, mais Paris n’a pas réussi à terminer un match qui lui tendait les bras. Pour comprendre cet échec, un nouvel échec dans la récente histoire européenne du Paris Saint-Germain, il ne faut pas se focaliser sur ce match retour uniquement, sur des faits d’arbitrage bien que contestable, mais sur le jeu et le contenu. C’est le seul et unique moyen du PSG pour parvenir à remporter cette Ligue des Champions si convoitée.
Reprenons les évènements d’un match aller qui aurait déjà dû sceller ou presque la finalité de cette double confrontation, avec un PSG dominateur dans le jeu, dans sa volonté de mettre une pression dans la moitié de terrain du Real Madrid, et même si cela ne s’est fait que lors de la deuxième période le score aurait dû être plus lourd. Inutile de reparler du penalty raté de Lionel Messi cela a déjà été fait, mais en réalité le problème si situe dans les conclusions tirées de ce match aller. Déjà, à ce moment-là, il aurait fallu comprendre que les individualités du PSG pouvaient compter un septuple Ballon d’Or dans leur rang avec Lionel Messi, pouvaient compter le meilleur joueur de la planète football avec Kylian Mbappé, pouvaient également compter un joueur revanchard et sur la bonne voie comme Neymar, ces individualités restent fragiles et c’est alors que la valeur d’un entraîneur doit être ajoutée pour permettre de faire primer un club et non des individus. C’est encore le mal qui ronge ce PSG, plus prompt à empiler les stars que de trouver une réelle osmose collective. Il ne s’agit pas ici de partir en vacances tous ensemble, de faire des photos de groupe, ou de se déclarer meilleurs amis, non, mais de comprendre que des choix compliqués doivent parfois être effectués pour espérer gagner ce trophée. Le PSG possède une qualité individuelle qui lui permet une avance considérable en Ligue 1, et c’est en réalité un piège car la suffisance perçue lors des affrontements nationaux ne peut aboutir à autre chose que des déceptions en Coupe d’Europe. Paris doit absolument comprendre que ce sont plusieurs systèmes de jeu, avec des profils étudiés, qui vont aboutir à la reconnaissance suprême, et pas des noms au dos d’un maillot qui est souvent pris comme un paillasson ou comme un carnet de chèque. Le PSG a le droit de se tromper sur le recrutement, le Champion d’Europe en titre s’est trompé cet été dans son recrutement, mais Paris n’a pas le droit de ne pas rectifier le tir dans sa manière d’appréhender le footbal sur le terrainl.
L’arrivée de Lionel Messi est une valeur ajoutée au football français, à la Ligue 1, et bien sûr à la marque Paris Saint-Germain, son apport depuis son arrivée, et surtout après son match aller, aurait dû amener à une réflexion qui n’a jamais aboutie. Une autre immense incohérence concerne Kylian Mbappé et un contrat de quelques semaines encore. Paris fait tout son possible financièrement pour prolonger son meilleur joueur, et le fait de l’aligner dans le couloir gauche au coup d’envoi du match retour ce mercredi soir est non seulement une aberration footballistique mais stratégique également puisque l’attaquant français peut se dire que c’est la défaite de trop pour lui. Paris existera sans Mbappé, comme n’importe quel autre joueur, et là encore se focaliser trop longtemps sur une ibndividualité serait une erreur pour l’institution PSG. Neymar a rapidement permuté avec Mbappé, et ce dernier a trouvé le chemin des filets à trois reprises pour deux positions de hors-jeu. Paris a réussi à marquer au Bernabeu, Paris est parvenu à faire douter ce Real Madrid, mais Paris n’a pas réussi à installer une cohérence tant dans sa composition que dans ses changements.
La gestion de match de Pochettino, un désastre absolu
Alors que le PSG menait 1-0 à la pause, le Real Madrid a lentement mais surement enclenché une nouvelle vitesse et a surtout compris assez rapidement qu’il serait éliminé avec les éléments présents sur la pelouse. Carlo Ancelotti a effectué trois bons changements, et les entrées de Camavinga et Rodrygo en particulier ont permis d’amener un nouvel élan, une furia, à laquelle le PSG n’a pas su résister. Non pas par manque de qualité, loin de là, mais par une approche footballistique qui interroge. Comment est-ce possible de ne pas faire évoluer un schéma offensif qui n’avait pas 90 minutes dans les jambes, que ce soit pour Messi ou pour Neymar, comment est-ce possible de faire rentrer Gueye comme sauveur du club alors qu’il a reçu des insultes et des menaces toute la semaine après le coup involontaire sur Mbappé à l’entrainement ? Qui a décrété au Paris Saint-Germain qu’un joueur, quel qu’il soit, pouvait être au-dessus de l’institution ? Paris doit faire des choix compliqués, et si personne n’a le courage de le faire alors nous ne sommes pas près de savourer une nouvelle victoire française en Ligue des Champions. Il faut quand même parler d’un Lionel Messi qui a passé le match à regarder ses partenaires essayer de combiner sans aucun circuit préférentiel, tentant parfois de faire des différences par la passe ou le dribble, mais qui a totalement disparu du match dès l’entame de la seconde période. Il était certainement écrit que Messi ne devait pas sortir, mais alors c’est le PSG qui est sorti de la compétition. Non pas par la faute du seul génial argentin, cela serait bien trop simple, mais par un enchainement de mauvais choix qui n’ont pu éviter au navire de couler une nouvelle fois.
Le choix Paredes pourrait également être scruté, avec un joueur qui n’a plus joué depuis le match aller, et dans un secteur ou Xavi Simons montre qu’il est parfaitement capable de se mettre au niveau des stars. Le choix de la jeunesse peut faire peur, mais il est souvent la clé d’un football aseptisé, ou l’individualité triomphante prend le pas sur la construction logique et cohérente d’un collectif. Ce n’est pourtant pas le même sport que le tennis, mais les choix pourraient faire croire que nous sommes dans le monde ubuesque de Novak Djokovic. Les individualités du PSG ne sont pas aidées, et c’est ici qu’il faut s’attarder à mon sens puisque ce travail revient à l’entraîneur et personne d’autre. Nasser El Khelaifi peut s’emporter contre l’arbitrage (nous y reviendrons), c’est son rôle, Leonardo peut l’accompagner c’est également son rôle. Ce qui me gêne davantage c’est la lecture de match d’un Mauricio Pochettino qui vient une nouvelle fois de montrer qu’il n’avait absolument pas les compétences pour entrainer le PSG. Il aurait déjà dû être démis de ses fonctions après la piteuse élimination en Coupe de France il y a quelques semaines, et si le PSG ne songe pas encore à le remplacer il faudrait activement les y encourager puisqu’il a perdu tout crédit après cette nouvelle défaite. Certes les entraineurs à avoir échoué au PSG sont nombreux, mais cela n’est pas une raison pour accorder une confiance infinie à un coach qui voulait quitter le club cet été et qui reste uniquement car son contrat lui permet de remplir son compte en banque. Les mots sont peut-être durs, mais lorsque l’on n’est pas capable de respecter un club qui aspire aux plus belles choses et qui s’en donne les moyens financièrement, il faut pouvoir agir au-dessus et cela passe par un licenciement.
Paris n’a pourtant quasiment jamais été mis en difficulté par un Real Madrid si loin du niveau qui a fait de ce club le plus grand club du monde sur les dernières années, et l’arbitrage a une nouvelle fois prouvé ce soir qu’il était enclin à laisser le PSG investir mais pas à gagner. En aucun cas je ne voudrais être accusé d’une quelconque théorie du complot, je suis bien trop terre à terre pour cela, mais dès l’entame de match et la faute non sifflée sur Kylian Mbappé il aurait alors fallu prendre en compte que le Real serait poussé jusqu’au bout par un vent favorable, celui de l’arbitrage. Pas une excuse d’un point de vue du contenu, la poste demande également cette capacité à surpasser ces évènements pour parvenir à ses fins, et c’est ici que Pochettino a échoué. Se plaindre en interview après le match montre le peu de considération pour le football, le peu d’amour pour le jeu, et même si le premier but aurait certainement dû être refusé, cela n’empêche pas de trouver des stratagèmes pour contrer cette puissante envie des instances européennes de voir le PSG échouer. Paris est un club qui a bâti rapidement, à coups de transferts faramineux, mais si le PSG n’avait pas le droit alors c’est avant qu’il aurait fallu sanctionner le PSG et non pas accepter les millions pour agir sournoisement sur l’essence même du football ensuite avec l’arbitrage. Le PSG et ses dirigeants ont demandé la VAR, mais ils apprennent ce soir que l’arbitrage est une question d’interprétation, et que la volonté de nuire au club peut être plus forte que des images.
Paris apprend encore, dans sa quête d’une victoire en finale de la Ligue des Champions, et ces évènements serviront à un futur que l’on peut penser victorieux. C’est en tout cas une conviction intime, profonde, ancrée, que le football et le contenu sont supérieurs à des faits de jeu. Paris doit pouvoir accepter ce déséquilibre dans l’approche d’un match, et doit pouvoir y remédier grâce à un effectif fourni, puissant, qui a la capacité de déjouer les volontés de l’UEFA, des dirigeants des autres clubs, ou des pronostics. Le PSG est armé pour remporter tous les trophées, et s’il faut en passer par là pour trôner sur le toit de l’Europe un jour alors Paris doit comprendre qu’il faut être plus fort. Plus solide dans sa capacité à imposer des schémas de jeu peu importe les individualités de l’effectif, plus solide dans sa capacité à agir grâce aux changements au sein même des matches, et plus solide pour ne pas s’emporter contre un arbitrage européen qui ne veut pas d’un PSG victorieux. C’est ici tout l’enjeu, et ce jour viendra c’est une certitude. Avec qui, c’est toute la question.
Emmanuel Trumer