Premier match de préparation des Bleus au Mondial 2022 et premier fiasco puisque les Tricolores se sont inclinés au Stade de France face au Danemark (1-2). Pourtant proche de l’équipe titulaire qui débutera le mondial dans l’esprit de Didier Deschamps, cette armada a été dépassé par des Danois qui n’ont eu besoin que de trente minutes pour terrasser de très faibles tricolores.
Oublions l’enjeu d’un match officiel qui n’en avait que le nom pour se concentrer sur le contenu d’une rencontre qui aura démontré toutes les lacunes tactiques d’un sélectionneur. Didier Deschamps se plaît en interview à exposer des schémas tactiques qui n’ont ni queue ni tête, peut-être pour essayer d’apporter une analyse tactique qu’il ne possède pas, certainement pour se rassurer dans un rôle qu’il ne maîtrise absolument plus. Didier Deschamps est aujourd’hui la barrière à une progression de l’Equipe de France. Et certainement le seul obstacle. Avec un effectif aussi talentueux et aussi fort, réussir à produire un contenu de cette qualité est un exploit qui marque les esprits. Depuis 2018, Didier Deschamps est complètement largué tactiquement et laisse dériver un navire pourtant bâti pour gagner ses matches. Après la Suisse à l’Euro 2020, c’est le Danemark en 2022 qui est venu donner une leçon de réalisme à une Équipe de France organisée comme la première équipe de régionale sur les terrains d’Ile de France.
Avec Benzema – Mbappé – Griezmann – Théo Hernandez – Kanté – Tchouameni il faut admettre que c’est un exploit qui ne peut laisser insensible. Réussir à produire aux yeux de la France un football aussi peu construit, aussi peu réfléchi, un football si sommaire est une prouesse sur laquelle Didier Deschamps doit s’expliquer. Le Mondial 2022 approche à grands pas et à ce rythme les Tricolores ne pourront même pas espérer passer la phase de groupes. La première mi-temps face au Danemark ce vendredi soir est un condensé de pauvreté footballistique, la deuxième période étant la conséquence avec un résultat qui est venu rappeler à la France entière pourquoi Zinédine Zidane était en attente de ce poste sur le banc des Bleus.
Positionnés dans un schéma collectif qui était annoncé, les joueurs de Didier Deschamps ont nagé dans un océan de médiocrité qui a abouti à une possession stérile et une incapacité totale à occuper correctement toutes les zones du terrain pour mettre en difficulté un bloc adverse bien regroupé dans sa moitié de terrain et heureux d’avoir à défendre face au néant. En collant le schéma du Danemark, après celui de la Suisse à l’Euro, l’Equipe de France est en train de coller le niveau intrinsèque de ces équipes et il faut avouer que c’est une exploit sensationnel lorsque l’on possède le Ballon d’Or 2022, le joueur le plus cher de la planète, et d’autres individualités toutes aussi fortes. Les phases avec ballon ne sont pas travaillées, la hauteur du bloc équipe reste très bas sur le terrain alors qu’il devrait être beaucoup plus haut, et si le Danemark n’est pas une équipe capable de peser avec ballon d’autres s’en chargeront sans aucune difficulté. Le contenu est extrêmement inquiétant pour ne pas dire plus.
En 45 minutes avec ballon, les Bleus n’ont pas réussi à créer une seule occasion de but, pas une. Largués dans leur positionnement collectif et individuel, avec un Coman utilisé comme latéral droit, un Griezmann abandonné dans l’axe dans un rôle qu’il ne comprend pas, un Mbappé seul à dezoner dans le couloir gauche en se sacrifiant, le compte rendu des Bleus est abyssal de pauvreté de réflexion, d’analyse globale. Comment est-ce possible de présenter cela à ce niveau ? La question peut être posée.
L’Equipe de France, la meilleure équipe de la planète avec le niveau d’une régionale
En possédant les meilleurs joueur sur la planète football, l’Equipe de France devrait être capable de maîtriser ses matches par la possession, de dicter le tempo d’une rencontre et de pouvoir évoluer de manière plus audacieuse sur le terrain sans encaisser deux buts en vingt minutes face au Danemark. Le problème étant que rien n’est travaillé, aucune idée de jeu n’est préparée, et 23 joueurs qui comptent parmi les plus forts de l’univers sont livrés à eux mêmes sur un rectangle vert qui les ramène au niveau de leurs adversaires. Ce n’est pas la faute de joueurs qui appliquent parfaitement les consignes, s’il est possible de les appeler comme ça, d’un sélectionneur empêtré dans des certitudes qui amènent la France droit dans le mur. Didier Deschamps ne maîtrise absolument plus rien, fait preuve de suffisance et d’arrogance en interview, tout en continuant à proposer des bouillies qui ne peuvent plus durer éternellement.
Quelles solutions existent alors pour essayer de retrouver un semblant de cohérence avant le Mondial 2022 ? Un changement de schéma collectif d’abord, évidemment, mais à vrai dire cela ne sera pas suffisant tant l’approche footballistique est pauvre, médiocre, en dessous de tout à ces hauteurs du football professionnel. Tout le schéma collectif et individuel doit être repensé, pour permettre aux individualités de retrouver des zones de jeu qui leur correspondent mieux, mais cela va beaucoup plus loin. C’est un travail sur la philosophie de jeu de cette sélection qu’il faut désormais effectuer immédiatement, en installant une capacité à jouer plus haut sur le terrain, à être plus actif à la perte du ballon pour permettre une maîtrise du match, en somme installer des préceptes logiques avec des joueurs de cette qualité face à des adversaires qui se régalent actuellement du niveau abyssal proposé par les Bleus.
Didier Deschamps ne doit pas regarder les matches de ses joueurs en clubs, que ce soit Coman avec le Bayern utilisé à tort dans la même position, que ce soit Griezmann avec l’Atletico qui peine, que ce soit Koundé et un rôle beaucoup trop élevé, absolument rien ne va dans le bon sens et les supporters de foot en France subissent l’incapacité d’un sélectionneur à comprendre qu’il n’est absolument pas un tacticien. Un meneur d’hommes oui, peut-être, mais Dupraz en a été un et a mené Saint-Etienne en Ligue 2 française.
Les mots sont durs, mais reflètent la frustration d’un contenu qui se situe à des années lumières de celui qui devrait faire l’Equipe de France aujourd’hui. Le Danemark, ce vendredi soir, s’est d’abord contenté de bien défendre tout en s’amusant de l’incapacité des Bleus à les prendre à revers, puis a ensuite accéléré lorsque les Bleus sont parvenus à ouvrir le score grâce à des consignes bien plus cohérentes apparus spontanément. Les Bleus ont dépassé leur poste individuel, ont joué plus haut, et ont réussi à marquer avant de retrouver leur misérable identité de jeu qui les condamne à souffrir face à tous les adversaires de la planète. Un football d’un autre temps qu’il n’est plus possible de maintenir, au risque de sacrifier une Coupe du Monde. Au pire, Zinédine Zidane sera au chevet des Bleus en 2023.
Emmanuel Trumer