Malgré un titre conservé en Bundesliga, le Bayern Munich n’est pas parvenu à se hisser au niveau attendu. L’investissement conséquent effectué l’été dernier pour enregistrer la venue de Julian Nagelsmann ne s’est pas traduit par des résultats concrets, et la saison à venir pourrait être celle de tous les dangers pour le technicien allemand. Le Bayern est un club ambitieux, et de nouveaux échecs pourraient amener à une restructuration.
Le Bayern Munich, neuf fois Champion d’Allemagne consécutivement avant l’arrivée de Julian Nagelsmann, peut-il se contenter d’un nouveau sacre acquis cet été ? La réponse est forcément négative, et malgré un succès dans ce domaine les échecs en Coupe d’Allemagne (défaite 5-0 face à Gladbach) et en Ligue des Champions (élimination en quart de finale face au modeste Villarreal) sont des données qui ont secoué le club bavarois. Julian Nagelsmann est arrivé pour obtenir des résultats rapidement, et même si une philosophie de jeu peut mettre du temps à être installée il était impensable de se faire éliminer de la sorte en Coupe d’Europe. En réalité, plus que les résultats, c’est une manière qui pose question en Bavière.
Dans un club habitué à une philosophie de jeu particulière, dans une institution parfaitement identifiable et tournée vers un jeu offensif, la volonté de Julian Nagelsmann de trouver un équilibre a d’abord été perçu comme une marque d’intelligence. Mais lorsque l’entraineur s’est mis à patauger et à changer de schéma d’un match à l’autre, parfois même en cours de match, alors la direction bavaroise a commencé à douter. Nagelsmann a pourtant confirmé en conférence de presse que son idée de jeu préférée, celle qu’il souhaitait mettre en place avec le Bayern Munich, consistait en une défense centrale à trois éléments accompagnés de deux latéraux. Une idée de jeu qu’il a très largement utilisée à Leipzig, son ancien club, mais qui peut difficilement coller avec le groupe dont il dispose à Munich.
Une question se pose alors : faut-il privilégier l’identité du club bavarois, la préserver ? Ou donner les pleins pouvoir à un jeune entraineur qui n’a pas la matière actuellement pour transposer son schéma tactique préféré ? Ses joueurs ont d’ailleurs été usé par les hésitations de l’entraineur, et si Robert Lewandowski (deuxième au classement du Ballon d’Or 2021) souhaite partir, si Serge Gnabry ne souhaite pas prolonger un contrat qui se termine l’année prochaine, si même Joshua Kimmich se pose des questions dans le club de sa vie, il y a forcément des raisons à cela. Même une recrue demandée par Nagelsmann l’été dernier comme Marcel Sabitzer est aujourd’hui sur le départ, et l’ancien joueur de Leipzig a dû occuper des postes très étonnants pour son profil. Latéral, milieu relayeur, un joueur que le technicien connait parfaitement n’a jamais trouvé sa place dans l’effectif du Bayern Munich.
Aucune certitude, mais un club qui a pourtant besoin d’une vision
Au Bayern Munich, les entraineurs passés sur le banc ont certes toujours apporté leur philosophie de jeu, leur vision du football, mais ne se sont jamais éloignés d’une identité qui est celle du Bayern Munich et que personne ne peut mettre à mal. L’intention de Nagelsmann n’est pas néfaste, mais nous sommes en droit de nous demander s’il a aujourd’hui les capacités pour diriger un groupe de joueurs aussi fort individuellement. Le club ne va pas s’en séparer cet été (les 25 millions engagés pour le prendre à Leipzig sont conséquents) mais le Bayern ne pourra pas accepter une deuxième saison d’échecs en tous genres. Avec le départ probable de Robert Lewandowski, Sadio Mané pourrait remplacer l’attaquant polonais dans l’esprit de Julian Nageslmann mais l’international sénégalais n’est pas un pur numéro 9 et le board bavarois le sait. D’autres individualités entrent dans cette incertitude et notamment les ailiers : Coman – Gnabry – Sané. Ces trois joueurs ne sont jamais parvenus à trouver leurs repères avec Nagelsmann, et globalement c’est un effectif tout entier qui se demande quelle est la trajectoire à suivre.
Joshua Kimmich, absolument magnifique sous le maillot de la sélection allemande avec Hansi Flick, n’a été que l’ombre de lui-même durant sa saison en club, Dayot Upamecano a été exposé à un collectif qui n’a jamais pris forme et forcément n’a pas pu montrer ses qualités individuelles. Cela commence à faire beaucoup pour un club comme le Bayern qui place la barre des exigences très haut, logiquement. Des solutions existent, mais le dossier Lewandowski est le symbole d’une direction encore réticente à laisser Nagelsmann mettre en place un projet auquel le board ne croit pas.
Le Bayern doit imposer le jeu, par la possession du ballon, quand Nagelsmann imagine son équipe davantage en transition. Le Bayern doit faire mal à ses adversaires par de nombreuses occasions offensives, par un jeu dans la moitié de terrain adverse, quand Nagelsmann tente de penser à sa propre moitié de terrain. Des incompatibilités qui pourraient atteindre un point de non-retour l’année prochaine. Dortmund semble avoir une volonté plus agressive désormais, et semble surtout prêt à disputer la première place à son concurrent. A tel point que les arrivées enregistrées jusqu’à présent pourraient laisser présager un titre recherché depuis une décennie tant le Bayern semble perdre son avance sur le plan national également en plus de la Ligue des Champions. L’époque où le club battait Barcelone 8-2, l’époque où le club éliminait également le Real Madrid de la Coupe d’Europe, semble lointaine et Nagelsmann est forcément en première ligne.
Des individualités exaspérées, un collectif qui se cherche toujours après un an, le temps presse et le Bayern Munich n’est pas un club réputé pour être très patient. Les premiers matchs de la saison donneront une indication des volontés pour l’exercice à venir, et il faudra surveiller également la fin du mercato actuel pour tenter de percevoir dans quelle direction se dirige le club. Le Bayern restera quoi qu’il arrive plus fort que ses entraineurs, et si l’aventure Nagelsmann venait à prendre fin plus tôt que prévu il sera aisé pour les Bavarois de trouver un autre jeune entraineur qui colle à leurs idées. Un football agressif, construit, et une volonté de faire rayonner ce maillot par le jeu.
Emmanuel Trumer