A deux semaines de connaitre son premier adversaire en barrages d’accession à la Ligue des Champions, l’AS Monaco avance doucement mais surement dans son mercato estival. La vente de Tchouameni permet à l’ASM d’avoir une certaine marge de manœuvre concernant le rayon des arrivées, avec des besoins bien définis et des profils qui commencent à s’affiner. Le club du Rocher semble désormais avoir une cohérence sportive qui se traduit par des résultats concrets.
L’avantage d’un club qui travaille correctement et dans le bon sens c’est que cela se retranscrit la plupart du temps par des résultats sur le terrain et l’AS Monaco n’échappe pas à cette règle. Le club, saigné par les départs de l’époque Jardim, n’a pas été loin de connaitre à nouveau la Ligue 2 après une saison 2018-2019 apocalyptique et une 17e place en guise de miracle. Mais la remontée sportive de cette institution du Championnat de France est désormais parfaitement perceptible puisque la saison suivante a été achevée avec une neuvième place au général avant de connaitre deux saisons sur le podium de Ligue 1. Une courbe vers le haut qui ne doit rien au hasard et malgré une certaine instabilité sur le banc de touche, nous y reviendrons, l’ASM est un club qui sait désormais dans quelle direction avancer. Le board semble avoir trouvé une manière de travailler, et l’environnement est aujourd’hui beaucoup plus propice à un épanouissement sportif global.
Il en aura fallu du temps pour oublier la période faste de Leonardo Jardim, le titre de Champion de France et la demi-finale de Ligue des Champions, avec des ventes qui ont rapporté un argent incalculable sur le Rocher mais qui ont également entamé un déficit de performance total pour un club qui avait perdu de vue ses objectifs sportifs. Monaco était devenu ce qu’il ne doit pas être, un club qui pense avant tout à des bénéfices avant de penser au terrain et si le club retrouve aujourd’hui une stature sportive c’est la preuve d’un renouveau dans l’organisation mais également dans la volonté de ne plus envoyer au second plan ce qui fait l’essence du football. Évidemment l’ASM n’échappe pas à la règle d’un buisness qui doit tout de même rapporter de l’argent, mais désormais les ventes sont réfléchies et effectuées au bon moment comme celle du seul Aurélien Tchouameni pour 105 millions d’euros.
Il y a également eu une évolution au niveau de l’arbitrage, qui a permis à Monaco de ne plus subir des décisions invraisemblables et de se focaliser sur un contenu pur et simple de foot. Tout cet environnement a créé et permis à l’ASM de retrouver des bases solides pour se propulser deux fois de suite sur le podium du Championnat de France afin de viser la Ligue des Champions, une compétition qui va si bien à ce club depuis la finale en 2004. Il s’en est passé des choses depuis donc, des bonnes ou des moins réjouissantes, mais Monaco semble de retour dans une continuité sportive qui trouve sa source grâce une réflexion à tous les étages du club. Philippe Clément a réussi à relancer une machine amoindrie sur la fin de l’ère Niko Kovac, et c’est ici la dernière pièce d’un puzzle à compléter : trouver une continuité dans les idées de jeu pour asseoir définitivement une ambition européenne.
Une idée sportive qui doit trouver une continuité sur le terrain
Maintenant que l’ASM parvient à définir un projet sportif qui consiste à la mise en place d’une équipe ambitieuse mais sans grande star, l’autre objectif majeur concerne les mises en place tactiques d’un entraineur qui pour l’instant ne parvient pas à s’imposer sur le Rocher. Le board monégasque est exigeant et la durée moyenne d’un coach est assez courte mais au-delà d’une individualité sur le banc de touche c’est avant tout un groupe qui doit prendre conscience de la chance d’être dans ce club et de pouvoir le ramener au tout premier plan à nouveau. Clément s’est assez rapidement adapté malgré des débuts compliqués, mais il faudra d’autres ingrédients pour réussir à performer sur la durée avec des adversaires qui font face rapidement. Le mercato doit évidemment venir en soutien de l’entraineur, pour l’aider à mettre en place différentes idées de jeu qui peuvent s’adapter à plusieurs contextes de match.
L’arrivée d’un milieu défensif semble aujourd’hui une priorité pour palier le départ de Tchouameni, et Soumaré entre dans ce registre de gratteur de ballon dans sa moitié de terrain. Minamino est venu étoffer les couloirs et sa capacité à répéter les efforts tout en gardant une aisance technique autant qu’une adresse devant le but vont être bénéfiques à Monaco. L’arrivée éventuelle de Breel Embolo pourrait permettre à Clément de développer son idée de jeu en transition rapide, avec un profil à l’aise dans la profondeur et la prise d’espace. Nous avons ici l’exemple parfait d’une direction qui fonctionne désormais directement avec son département sportif et c’est ainsi que les résultats arrivent. Monaco dispose d’un effectif assez riche, autant en nombre qu’en profil avec des joueurs qui peuvent permettre d’avoir la maitrise du ballon comme Golovin, Volland et Diop, le départ de ce dernier serait d’ailleurs préjudiciable, et des profils qui peuvent permettre une idée de jeu plus direct, plus rapide vers l’avant comme Boadu, Diatta, Gelson Martins, et peut-être Embolo. Monaco pense ses postes individuellement mais également ses idées collectives de jeu.
L’ensemble du tableau est désormais assez satisfaisant pour espérer une pérennité au niveau des résultats et donc du classement, avec un devoir pour Phillipe Clément de trouver et de travailler correctement les bons schémas pour profiter de sa puissance d’effectif. Dans le cas contraire, de toute façon, Monaco a déjà montré que c’était un club capable d’agir très rapidement sur son entraineur. Pas une mauvaise chose en soit, puisque l’institution est au-dessus de n’importe quel individu, avec un groupe de joueurs qui semble avoir compris que malgré un besoin certain d’encadrement c’était à lui seul de pouvoir créer une osmose pour obtenir les objectifs. Monaco ne pourra pas toujours réaliser des séries de neuf victoires et un nul grâce à un seul et unique schéma, et il faut penser cela en amont pour être prêt lorsque la situation s’y prête. Pas d’inquiétude puisque l’ASM est un club qui attire, ou joueurs comme staffs ont envie de poser leur valiser et d’y rester. Une chance, mais une vigilance tout de même à ce que la douceur de la ville n’emporte pas avec elle les ambitions nécessaires.
Emmanuel Trumer