Rétrogradé en National 1 par la DNCG, les Girondins de Bordeaux sont proches de la catastrophe. Malgré des déclarations publiques via des interviews qui se multiplient, les dirigeants bordelais n’ont pas convaincu les instances dirigeantes pour pouvoir évoluer en Ligue 2 et l’avenir du club semble aussi incertain que l’aura été le domaine sportif tout au long de la saison.
Les Girondins de Bordeaux, un club historique du Championnat de France (6 titres de Champion de France, 4 victoires en Coupe de France) est en danger et la nouvelle d’une rétrogradation en National 1, la troisième division française, a jeté un grand froid du côté de Bordeaux. Après une saison catastrophique en tous points dans le domaine sportif, ce sont les finances du club girondins qui sont proches de sonner le glas pour une institution bien mal en point avec la présidence de Gérard Lopez. Après Lotus en Formule 1, après le club de Mouscron déclaré en faillite en Belgique, c’est Bordeaux et sa puissance importante qui est au bord de l’implosion avec une dette non négligeable et absolument aucune garantie pour combler les trous.
Des brèches qui font tanguer un navire percé de toute part. La situation est ubuesque entre un Président – propriétaire, Gérard Lopez donc, et des investisseurs en forme de fonds vautours qui n’ont plus une once de confiance envers l’équipe dirigeante : « votre absence à tous les niveaux, sur la scène médiatique, dans les tribunes, au centre du Haillan, mais surtout auprès des joueurs dans les moments difficiles ou décisifs est inexcusable » ont déjà taclé les partenaires à propos de Gérard Lopez. Une situation sportive qui a commencé à s’aggraver après une absence de résultats et un système défensif perméable malgré des recherches dans ce secteur de jeu.
Gérard Lopez n’a jamais été aussi présent médiatiquement que lors des derniers jours mais il aurait fallu agir avant pour prendre conscience que le football n’est pas un domaine dans lequel on fait du profit sans en connaitre un moindre détail, sans prendre le moindre risque, la moindre responsabilité, et en essayant désormais de faire porter le chapeau à des instances qui ont simplement acté la mise à mort des Girondins par Gérard Lopez. La dette de 26 millions n’a toujours pas trouvé de remboursement, et les solutions proposées sont dantesques : des possibles ventes de joueurs qui ne pourront avoir lieu puisque les clubs intéressés par les quelques valeurs marchandes de l’effectif bordelais attendent de pouvoir négocier des contrats librement ou alors à des prix dérisoires, ou encore un apport d’argent public qui ne pourrait même pas soulager les caisses du club sur un an.
La seule solution, à l’heure actuelle, pour éviter un effondrement total du club bordelais serait un apport en cash du président – propriétaire, Gérard Lopez, qui ne semble pas avoir l’intention de mettre de l’argent personnel. La DNCG ne peut accepter un accroissement de la dette et c’est parfaitement compréhensible puisque les Girondins fonctionnent comme cela depuis un moment déjà, sans aucune embellie sur le plan sportif bien au contraire. La Ligue 2 amènera beaucoup moins de revenus, les fonds qui ont prêté de l’argent vont se retirer, et Lopez mettra le club en liquidation judiciaire. En somme, la DNCG n’a fait qu’acter l’inéluctable.
Incertitude totale
Quel avenir alors pour un club qui a été relégué sportivement en Ligue 2, rétrogradé financièrement en National 1, et qui pourrait couler en National 3 la cinquième division en cas de dépôt de bilan ? L’idée d’un rachat par un autre propriétaire semble illusoire puisque personne ne voudra reprendre une entreprise criblée de dettes, sans perspective sportive, et avec la DNCG sur le dos. « Une bonne passe à un mauvais joueur est une mauvaise passe » prétend l’un des dirigeants qui doit autant connaitre le foot qu’un adolescent de 13 ans fan de Cristiano Ronaldo. La direction actuelle ne connait rien au foot et c’est tout un club qui en paye les pots cassés. Les fonds vautours ne mettront plus d’argent et ont même déjà, eux, participé à l’effort avec un apport financier sur l’argent reçu par le transfert de Tchouameni de Monaco au Real Madrid.
Jouer sur la corde sensible avec une campagne d’abonnement, une marche solidaire, et des écharpes à l’effigie du club touche au cynisme le plus effroyable : celui de faire porter une part de responsabilité à des dizaine de milliers de supporters qui n’ont strictement rien à voir dans la déchéance du club. Gérard Lopez portait la veste de l’institution au scapulaire lors de sa dernière conférence de presse mais qu’a-t-il fait pour ce qu’il appelle « son club » ?
Il y a fort à parier que l’appel auprès des nouvelles instances aboutiront exactement au même résultat sans un apport concret, direct, car la DNCG n’agit pas ici de manière politique mais de façon censée. L’instance accepte des saisons à perte lorsqu’un propriétaire peut assumer celles-ci, comme c’est le cas dans d’autres clubs. Mais la DNCG ne peut laisser naviguer à vue plus longtemps un bateau qui coule déjà depuis des mois sans aucune garantie de financement personnel à l’avenir, d’autant plus que les précédents propriétaires dont GACP ont entamé cette destruction sportive et ce n’est aujourd’hui qu’un triste mais logique résultat.
Emmanuel Trumer