Nommé entraineur de Manchester United il y a quelques semaines seulement, Erik Ten Hag a dirigé son premier match lors de la pré saison des Red Devils. Une rencontre de prestige puisqu’elle opposait son équipe au rival de Liverpool, à Bangkok, dans le cadre de la tournée estivale des deux clubs. Un match « amical » qui a abouti sur une opposition avec beaucoup de rythme et des enseignements en nombre.
Il y aurait eu plus simple pour débuter un nouveau mandat sur le banc de Manchester United pour le technicien Erik Ten Hag, mais l’opposition face à Liverpool en guise de premier match a permis au nouvel entraineur de mettre en place et d’aligner son équipe la plus forte du moment avec un onze de départ qui se rapproche de l’équipe titulaire déjà. Avec une seule recrue, le latéral gauche Malacia sur le banc au coup d’envoi, Ten Hag ne pouvait de toute façon pas tellement improviser et n’avait aucunement l’intention d’aligner une équipe bis composée de jeunes face à Liverpool pour son premier test. C’est le choix qu’a fait Klopp, à l’inverse, avec une équipe totalement remaniée et une telle certitude d’être supérieur à Manchester qu’il pouvait se permettre cette fantaisie. Le résultat a été cinglant.
Avec un 4-2-3-1 plutôt classique sur le papier, Erik Ten Hag est parvenu en 90 minutes à montrer l’importance primordiale d’une préparation estivale grâce au temps alloué aux séances d’entrainement, mais également sa volonté d’installer ses idées de jeu sur son équipe et ses joueurs. Le premier but mancunien est une phase d’attaque placée sur lesquelles Ten Hag insiste depuis son arrivée et Jadon Sancho a pu bénéficier de sa liberté totale pour reprendre une mauvaise relance adverse après un centre de Bruno Fernandes. Le deuxième but inscrit par Fred d’un magnifique lob en une touche à l’entrée de la surface découle également d’une erreur de relance et Anthony Martial a pu profiter d’un bon pressing pour tuer le match après seulement 33 minutes de jeu. En quelques minutes de jeu, Manchester United a démontré qu’il y avait désormais des idées de jeu.
Avec une volonté d’aller chercher très haut dans le pressing dès l’entame de match pour empêcher Liverpool de développer son jeu, avec une capacité à construire le jeu par la possession mais également à évoluer dans un système de transition plus rapide vers l’avant, plus verticale, Manchester United est une équipe redoutable avec des individualités qui rayonnent. Bruno Fernandes a retrouvé son influence au poste de numéro 10, avec des décrochages incessants plus bas sur le terrain pour demander le ballon et se retourner très rapidement pour orienter le jeu dans les bons espaces, Jadon Sancho a retrouvé sa joie de jouer avec un positionnement dans le couloir droit mais une possibilité de dézoner pour une liberté totale et des compensations intelligentes lorsque c’est le cas, Anthony Martial a retrouvé une activité intéressante pour proposer par des appels sans ballon, et garder une lucidité avec ballon pour terminer face au but, et Marus Rashford a parfaitement occupé son couloir gauche tout en gardant une capacité à multiplier les courses pour peser dans d’autres zones du terrain. Un quatuor offensif extrêmement intéressant, agrémenté par des montées de Fred, des latéraux Shaw et Dalot, et le football est de retour à United.
Une deuxième période plus calme
Sans solution avec ballon, constamment mangé par les idées de jeu de Manchester United, Liverpool a frôlé l’humiliation en 33 minutes. Avec une équipe qui n’a rien à voir avec celle qui débutera la Premier League c’est une évidence, les Reds ont tout même eu la confirmation que Manchester United pouvait être un candidat très crédible. Avec un avantage de trois buts à la pause, Ten Hag s’est permis à son tour de modifier toute son équipe avec dix changements (seul le gardien David De Gea est resté sur le terrain) et quelques jeunes ont eu l’opportunité de se montrer, tout comme des joueurs de la rotation.
Positionné plus bas sur le terrain pour le second acte du match, avec une volonté de fermer les espaces défensifs, d’empêcher Liverpool qui a progressivement fait entrer ses titulaires de mettre en difficulté David De Gea, Manchester United a montré que c’était une équipe qui maitrisait parfaitement les deux moitiés du terrain avec une capacité absolument mortelle de s’adapter en fonction des besoins du match et du score. C’est une belle idée que de vouloir être complet, encore faut-il pouvoir le mettre en place. Lors de cette seconde période, moins animée dans les intentions de jeu, dans la volonté de faire mal à l’adversaire par la création, a tout de même permis plusieurs choses : deux jeunes joueurs ont pu se mettre en évidence individuellement avec Zidane Iqbal et Facundo Pellistri, et Eric Bailly a pu démontrer qu’il avait son mot à dire dans la rotation en cas de défaillance au poste de défenseur central. C’est Bailly qui a permis une assise défensive de très bonne qualité, avec des interventions de haut niveau proche de son but et une activité avec ballon qui est une nouveauté.
A l’origine d’une interception dans l’axe, Eric Bailly a gardé le ballon pour monter avec sur plusieurs dizaines de mètres, trouver Facundo Pellistri devant lui et poursuivre une course sans ballon jusqu’à la surface adverse. Pellistri s’est appuyé sur Amad Diallo de l’autre côté avant de terminer face au but pour le 4e but de son équipe. Liverpool, alors focalisé sur la création du jeu dans la moitié de terrain adverse s’est retrouvé à nouveau pris et cette fois dans un autre schéma de jeu. Un autre joueur a montré beaucoup de qualité avec Zidane Iqbal puisqu’il a fait une entrée tout en maitrise au milieu de terrain, avec une capacité à conserver le ballon grâce à un qualité technique qui saute directement aux yeux. Il manque encore la lucidité pour enchainer avec des passes qui créent le danger, mais ses premières minutes sont dignes d’un joueur qui pourrait obtenir du temps de jeu dès cette saison dans l’effectif de Manchester United.
Liverpool n’est jamais parvenu à marquer même avec l’entrée de joueurs plus confirmés, et même si le match a été beaucoup plus équilibré avec notamment une belle occasion pour Salah et Nunez, l’équipe de Jurgen Klopp a dû constater une infériorité globale sur ce match. Une rencontre qui ne compte pas pour grand-chose, mais qui vient rappeler que la supériorité est périodique dans le football et qu’il faut constamment être capable de réfléchir et trouver des solutions pour conserver un avantage grâce à ses joueurs. Liverpool reviendra fort, sans aucun doute, et Manchester United entame désormais sa reconstruction déjà effective et déjà perceptible concrètement. Erik Ten hag était le bon choix, celui du football.
Emmanuel Trumer