Très attendu pour son entrée dans la compétition, le Brésil débutait sa Coupe du monde face à la Serbie en présentant un visage résolument offensif. Avec 5 attaquants sur le papier, avec un Lucas Paqueta dans un milieu de terrain à deux joueurs, avec le seul Casemiro pour assurer un équilibre à la perte du ballon. Un choix audacieux, un choix qui ressemble au Brésil, et qui a permis de maitriser ce match de bout en bout.
Les questions étaient légitimes avant le coup d’envoi entre le Brésil et la Serbie, malgré une composition testée plusieurs fois lors de la préparation. Les cinq attaquants alignés par le sélectionneur Tite avaient de quoi faire passer des sueurs froides à plusieurs techniciens devant leur télévision. Les réponses à l’issue des 97 minutes de jeu vont toutes dans le sens du technicien brésilien, puisque le Brésil a gagné avec la manière. Les occasions se sont multipliées, et sans une finition déficiente face au but le score aurait pu être bien plus lourd en faveur du Brésil. Le 2-0 acquis finalement est un minimum tant cette équipe a eu la capacité de créer des situations de but.
Lucas Paqueta a été omniprésent aux côtés de Casemiro au milieu de terrain, et l’ancien lyonnais a prouvé qu’il était tout sauf un attaquant de pointe. Cela était si flagrant, mais très honnêtement nous sommes dans un football professionnel où des entraineurs peuvent imaginer positionner Lucas Paqueta seul en pointe dans une équipe au sein de laquelle il est le seul attaquant. Je ne sais pas si on se rend bien compte du fossé qui peut traverser ces visions du football, mais d’un autre côté c’est également ce qui permet sa pluralité. Certainement.
Le Brésil a affronté une équipe de la Serbie qui a très bien débuté son match, en gênant considérablement son adversaire du soir. Grâce à une intensité de tous les instants, grâce à un impact immense dans les duels, la Serbie est parvenue à contrer la maitrise technique du Brésil. Le 0-0 à la pause est généreux, le Brésil avait déjà eu l’opportunité d’ouvrir le score mais s’est heurtée à un bloc compact et regroupé qui a laissé très peu d’espace. La qualité technique alignée sur le papier n’est pas parvenue à s’exprimer totalement, et il y avait également cette petite musique qui obligeait les Brésiliens à se méfier de leurs propres forces. Comme si une ambition aussi flagrante, aussi affichée, ne pouvait pas permettre de l’emporter. La pause a libéré tout le monde, et la machine s’est définitivement mise en route.
La deuxième période du Brésil est un récital
Sans changer son idée tactique, sans rien toucher, mais avec des certitudes plus grandes encore sur la capacité à frapper avec cette organisation le Brésil est parvenu à surclasser la Serbie en deuxième période. Les occasions se sont cette fois nettement multipliées, et sans la maladresse de Raphinha face au but le score aurait été bien plus lourd. C’est Richarlison qui a trouvé la faille à deux reprises, avec une magnifique volée acrobatique pour le deuxième but.
Même si le changement pour solidifier le milieu de terrain était prévu avant le deuxième but, alors que le score était encore de 1-0, c’est bien avec l’idée de départ que le Brésil a marqué le second but et définitivement plié ce match. Cela a continué de pousser avec les changements, même si Fred a un profil bien plus défensif et protecteur que Paqueta, mais le Brésil a gagné en agressant la planète football. Il ne s’agit pas de révolution, simplement de la confirmation que le foot se joue avec de l’audace, avec la tête, et avec la capacité à frapper avec ballon. Tous les ingrédients étaient présents ce soir, et même si la Serbie n’a pas à rougir de son match le résultat final est parfaitement logique. Surclassés tactiquement, les Serbes ont joué avec un schéma à 5 éléments derrière quand le Brésil a présenté cinq attaquants.
Légèrement frustrant pour une Serbie qui a les qualités individuelles et la matière pour présenter une autre vision du football, mais il faut également dire que jouer face au Brésil qui se présente ainsi n’est pas une évidence. Le problème est que la Serbie s’alignera certainement de la même façon lors de ses prochaines rencontres, et l’ère d’une équipe capable de dominer complètement ses matchs par la possession et le jeu de position ne semble pas se mettre en place. Il reste alors des individualités très fortes, et la capacité de se qualifier, mais la Serbie mérite un jour qu’un entraineur installe un nouveau schéma.
Emmanuel Trumer