Engagé dans la course au haut de tableau en Ligue 1, le Stade Rennais peut espérer viser le podium et la qualification pour la Ligue des Champions en fin de saison. Un objectif logique et réaliste, pour un club en progrès mais pas encore à son niveau optimal. L’effectif pléthorique et complet du SRFC doit permettre de concurrencer toutes les écuries du Championnat de France, une idée qui n’est pas encore ancrée dans l’identité du Stade Rennais. Le fait d’évoluer encore sur tous les tableaux cette saison est une première avancée non négligeable, qui doit se poursuivre sur la durée.
En disposant d’un groupe de joueurs que peu de clubs peuvent se targuer d’avoir dans le Championnat de France, le Stade Rennais suscite forcément des attentes. C’est le premier atout d’une entité possédée par une grande fortune française qui n’hésite plus à investir de manière conséquente pour faire de Rennes un club important en France et en Ligue 1. Au delà d’une capacité financière importante pour attirer des joueurs et pour garder ses meilleurs atouts, comme Benjamin Bourigeaud prolongé alors qu’il approchait de la fin de son contrat l’été dernier, le Stade Rennais possède une structure sportive très performante : le recrutement est souvent judicieux depuis l’arrivée de Florian Maurice à la tête de ce secteur, et l’analyse sur l’effectif est pertinente.
Rennes possède un groupe très complet dans toutes les zones de jeu et cette variété permet une multitude de combinaisons possibles avec des profils individuels variés. Des joueurs capables d’évoluer plus particulièrement sur les phases de construction du jeu (Terrier – Gouiri – Majer) mais également des profils plus adaptés à la prise de profondeur dans les espaces et à la percussion (Bourigeaud – Doku – Sulemana – Kalimuendo) qui forment un ensemble très alléchant avec des milieux de terrain plus travailleurs comme Xeka, Tait, Santamaria, ou Ugochukwu. Le secteur défensif n’est pas en reste avec une recrue comme Arthur Theate qui s’est imposé comme un titulaire dans l’axe ou encore l’indéboulonnable Hamari Traoré dans le couloir droit.
En plus d’une impressionnante matière, Rennes dispose d’un centre de formation très performant qui produit des talents de tout premier plan. Ugochukwu illustre aujourd’hui cette donnée en bénéficiant d’un temps de jeu intéressant avec l’équipe première mais le Stade Rennais peut également vendre ses éléments les plus jeunes avec quelques minutes dans les jambes seulement comme Mathys Tel transféré au Bayern Munich pour 30 millions d’euros. Un ensemble alléchant, construit, qui doit absolument permettre à ce club de s’installer durablement comme un candidat au podium et la deuxième place de Ligue 1. Non pas que le Stade Rennais soit largement meilleur que Marseille, Monaco, ou Lyon, mais ce club doit pouvoir prétendre à être une nouvelle place forte du football français. Pour concrétiser ses atouts, et pour augmenter la valeur du Championnat de France qui est déjà sur une pente ascendante.
Une évolution dans la production de son football
Au delà de son évolution sur le plan national, Rennes doit également prendre de l’épaisseur en Europe et pouvoir prétendre à des parcours victorieux lors de ses campagnes européennes. La qualification en Ligue des Champions acquise par la championnat et le podium il y a deux saisons de cela doit être une constante et non plus un phénomène pour une écurie qui évolue en ce sens dans tous les secteurs. Le Stade Rennais est d’ailleurs parvenu à se qualifier pour les 16e de finale de la Ligue Europa cette saison, avec une confrontation face au Shakhtar Donetsk à venir, et même s’il ne s’agit pas de la plus prestigieuse des compétitions européennes c’est une indication de la capacité du club breton à franchir les phases de groupes lors de ses parcours en Coupes d’Europe. Même si la qualification est satisfaisante, là encore elle n’est pas totale puisque la première place tendait les bras à des Rennais qui n’en ont pas profité.
Des résultats tout de même intéressants, qu’il faut parvenir à sublimer et inscrire dans la durée à tous les niveaux. Avec un début de saison plutôt mitigé, Bruno Génésio est parvenu à changer sa mise en place tactique pour obtenir des résultats beaucoup plus intéressants et en adéquation avec la matière dont il dispose grâce notamment à une évolution dans la façon de faire jouer son équipe. D’une équipe sans numéro 9, sans attaquant, faible offensivement et friable défensivement, dans une idée dépassée d’un football que même Pep Guardiola a abandonné depuis des mois, Génésio est passé à un schéma tactique plus audacieux avec un nombre conséquent d’attaquants et une envie de jouer plus rapidement vers l’avant pour amener du danger et de la présence dans la surface de réparation adverse. Les profils à disposition permettent toujours d’avoir une maitrise technique des matchs, de construire les situations de but, mais la capacité de terminer les actions est désormais une donnée importante dans le rendement du Stade Rennais.
Un changement qui s’est immédiatement traduit d’un point de vue comptable puisque les Rouges et Noirs ont enchainé dix neuf matchs sans défaite toutes compétitions confondues depuis le départ raté et fin aout. Les bienfaits de ces nouvelles idées ont été immédiats, et Rennes a pu remonter au classement et se positionne aujourd’hui à la quatrième place à deux points de l’OM et à six unités de Lens. En plus des points acquis, le SRFC possède également la deuxième meilleure attaque du Championnat de France avec 34 buts marqués en 17 matchs, une moyenne de 2 buts par match très alléchante qui permet à cet effectif de retrouver des ambitions dignes de ses prétentions. Rennes peut se rassurer avec l’idée que l’application d’idées plus audacieuses, plus adaptées à son effectif et à sa capacité pour frapper fort, permet à ce club de retrouver un statut très intéressant qui doit désormais se poursuivre saison après saison. Lors de celle-ci, déjà, pour atteindre un podium qui est largement à portée de tir mais également pour la suite avec un propriétaire qui a délaissé les tableaux pour se focaliser sur un bien plus précieux.
Emmanuel Trumer