Quelques jours après l’annonce du départ de Rudi Garcia, c’est donc André Villas-Boas qui a été choisi pour porter le renouveau du projet de l’Olympique de Marseille. Un projet ébranlé par une année ratée à tous les niveaux, et que le technicien portugais va devoir redorer pour permettre à l’OM de retrouver la Ligue des champions. Retour sur les dessous d’un choix qui semble plutôt cohérent et qui permet à Marseille d’aborder plus sereinement un mercato crucial.
C’était un des impératifs pour l’OM après la décision de se séparer de Rudi Garcia, aller relativement vite pour nommer le prochain entraîneur sans pour autant se tromper sur le casting. Rude mission qui attendait les dirigeants olympiens et le dénouement est tombé ce mardi avec l’officialisation pour deux ans de Villas-Boas. Surnommé un temps « le Spécial Two » en référence à son apprentissage aux côtés de Mourinho de qui il aura longtemps été l’adjoint avant de voler de ses propres ailes, avec plus ou moins de réussite, AVB est le gagnant d’un casting qui comprenait également Laurent Blanc ou encore Rafael Benitez. Pour Gabi Heinze, il s’agissait surtout d’un intérêt de l’ancien joueur pour le poste de l’OM, mais pas unanimement partagé à Marseille. Restait alors Laurent Blanc et André Villas-Boas, tandis que José Mourinho n’a jamais été une possibilité crédible pour Marseille qui n’a pas tenté le coup. Mourinho est déjà beaucoup plus cher en termes de conditions salariales, mais cela exige également des conditions liées au mercato que l’OM ne pourrait pas tenir sans la moindre Coupe d’Europe à disputer l’année prochaine.
Laurent Blanc a été intéressé par le projet olympien et aurait même rencontré le Président de l’OM Jacques-Henri Eyraud, avant que ce dernier ne se range derrière le choix de son directeur sportif. Les conditions financières étaient relativement les mêmes pour les deux hommes et leur staff, mais c’est Andoni Zubizarreta qui a fait pencher la balance en faveur de Villas-Boas. Un entraineur qu’il connait et qui lui permettra d’avoir un suivi entre le recrutement et l’utilisation des joueurs. En somme, un choix qui semble cohérent puisqu’une relation saine entre un directeur sportif et l’entraîneur est nécessaire au bon fonctionnement d’un groupe et en ce sens c’est le directeur sportif de l’OM qui sort renforcé de ces changements. Reste désormais à identifier le style de Villas-Boas, qui sera présenté mercredi matin, et qui sans faire l’unanimité totale chez les supporters marseillais, laisse tout de même augurer d’un meilleur avenir pour Marseille.
Protégé de Mourinho, une image trompeuse
Qualifié par certains d’entraîneur « anti-football », Villas-Boas aura même été décrit ainsi par la presse britannique après ses passages dans les clubs de Chelsea et Tottenham. Il faut dire que ces deux expériences ne sont pas des franches réussites pour le jeune entraîneur portugais (41 ans), mais il n’était alors qu’au début d’une carrière très prometteuse et qui aura pris plusieurs tournants particuliers, souvent à contre-sens, pour finalement l’emmener vers la Russie et la Chine. Je n’ai pas de préjugé sur cet entraîneur qui présente même des caractéristiques très intéressantes comme le fait de savoir maitriser différentes facettes pour trouver un équilibre avec les schémas de jeu de son équipe. Le fait d’avoir longtemps été aux côtés de Mourinho aura forcément permis à AVB de parfaire ses connaissances sur les systèmes défensifs, mais lorsqu’il a été aux manettes il aura souvent tenté d’être audacieux.
Avec Coimbra d’abord, puis avec le FC Porto qui aura fait de lui le plus jeune entraineur à remporter une Coupe d’Europe (en 2011), et ensuite avec le Zénith Saint-Pétersbourg. En réalité, Villas-Boas est arrivé avec une étiquette de Dieu en Angleterre et les deux expériences qui ont suivi n’ont pas été glorieuses. Après le Zénith et faute d’offres qui le faisait rêver, AVB est parti en Chine pour entraîner Shanghai avant de sortir légèrement du circuit des entraîneurs. C’est donc sans grande certitude que Marseille a décidé de confier les clés à André Villas-Boas mais avec l’envie de lui permettre de retrouver des bases de travail saines qui auront fait du technicien portugais un prospect de tout premier plan au niveau mondial, le « Special Two ».
Pour l’aider dans sa mission, Marseille semble avoir trouvé un terrain d’entente convenable avec son nouvel entraîneur. Il devait faire un effort sur ses émoluments qui ne pouvaient correspondre à ceux perçus en Russie et encore moins à ceux perçus en Chine, et il devrait pouvoir remodeler le staff à son gout, avec l’aide de Zubizarreta. Ricardo Carvalho devrait épauler Villas-Boas dans un premier temps et l’ancien capitaine de Monaco sera un élément décisif dans le lien avec les joueurs olympiens. Un lien rompu avec Rudi Garcia et qu’il faudra renouer pour parvenir à attendre les objectifs et le besoin de Ligue des champions. En attendant, il faudra réussir le prochain mercato estival et pour cela l’entente entre Villas-Boas et son directeur sportif ne peut être qu’une bonne chose.
Emmanuel Trumer