Vainqueur de la Ligue des Champions pour la quatrième fois comme entraineur la saison passée, Carlo Ancelotti est encore un peu plus entré dans la légende en redonnant vie à un groupe du Real Madrid affaibli avant son arrivée. Un club qu’il connait bien puisqu’il avait déjà effectué un premier passage chez les Merengue, et l’entraineur italien a montré toute sa faculté à s’adapter peu importe l’environnement. Un maitre dans son domaine, et encore une soif de victoires.
Lorsque l’on regarde l’état dans lequel Carlo Ancelotti a récupéré le Real Madrid à son arrivée, l’été dernier, il est largement possible de parler d’exploit sportif même avec un club madrilène habitué à la victoire et au succès. L’ancienne équipe de Zinédine Zidane arrivait en fin de cycle, sans Cristiano Ronaldo vainqueur de quatre Ligue des Champions avec le Real, sans l’emblématique capitaine Sergio Ramos parti au PSG, et sans une réelle ambition de tutoyer les sommets. Quelques mois après seulement, et malgré des turbulences en cours de saison, le bilan est extraordinaire avec un sacre en Liga et une quatorzième victoire en Ligue des Champions. Plus que ça, c’est le parcours de titan affronté par le Real qui a ébloui la planète football : PSG, Chelsea, City, et Liverpool, tous les favoris se sont présentés face au Real Madrid après la phase de groupes et tous sont tombés au combat.
La phase à élimination directe du Real Madrid est dantesque, et le sacre obtenu avec une équipe amoindrie sur le papier est un résultat exceptionnel. Certes, il aura fallu passer par des moments plus compliqués comme le match aller face au PSG notamment, ou alors attendre les dernières secondes pour renverser Manchester City au Bernabeu, mais le Real a toujours cru en un objectif qui paraissait pourtant davantage à la portée de ses concurrents. La double confrontation face au PSG a d’ailleurs montré toute la capacité d’analyse de Carlo Ancelotti, qui a assumé s’être trompé lors du match aller avec un bloc bas très défensif et incapable de prendre le jeu à son compte durant 90 minutes. Il aura également fallu un peu de réussite avec un penalty raté pour l’adversaire, et la défaite 1-0 s’est transformée en bénédiction avec une victoire 3-1 à domicile quelques jours plus tard.
Sans Mbappé, mais avec un Benzema auteur d’un triplé et vainqueur du prochain Ballon d’Or 2022, le Real a renversé des montagnes grâce au flegme, notamment, de son entraineur sur le banc de touche. Capable d’analyser les matches après coup, capable de prendre les bonnes décisions et d’influer sur les rencontres également, Ancelotti représente à lui seul la qualité et la matière du métier qu’il exerce. En venant à bout de Liverpool en finale, l’Italien a remporté sa quatrième Ligue des champions d’un point de vue personnel, après les deux remportées à Milan et celle gagnée avec le Real Madrid en 2014 déjà. Un palmarès hors normes, jalonnée de trophées nationaux également, et un amour du foot qui ne l’a jamais quitté même lorsqu’il n’était pas sur le banc d’un immense club aux ambitions européennes.
Très proche de ses joueurs, et une vision tactique du jeu
La méthode Ancelotti n’est pas si compliquée, tout du moins dans l’approche de son métier puisque ce dernier est un technicien très proche de ses joueurs. Où qu’il soit, à Milan, au PSG en France, à Everton en Angleterre, et maintenant au Real à Madrid, Ancelotti a toujours été un relai pour son groupe de joueurs, capable de les rassurer et de les entendre. Une qualité assez rare dans un domaine où les égos prennent souvent le pas sur le reste, Ancelotti lui est toujours resté dans la même optique d’un apport dans les deux sens et ses joueurs lui ont toujours rendu sa disponibilité. Lorsqu’il était à Everton, avant son retour au Real Madrid, Ancelotti est parvenu à imprégner de sa volonté de vaincre un groupe pourtant peu habitué aux plus hauts sommets, mais c’est ici la marque de fabrique d’un coach qui parvient toujours à tirer le meilleur des groupes de joueur dont il a la charge. Avec des stars, avec des joueurs moins aguerris, Ancelotti reste aussi accessible et également capable d’expliquer ses choix pour bénéficier du soutien indéfectible de ses joueurs.
D’un point de vue tactique, Ancelotti est extrêmement flexible et c’est certainement l’une des autres principales raisons de son succès à travers les générations et les différences d’âges des joueurs. Même s’il évolue toujours avec une défense à quatre éléments, ce point ne change jamais, Ancelotti n’hésite pas à repenser l’animation du reste de son équipe pour trouver des solutions : en fonction du groupe dont il dispose, en fonction de ce qu’il veut mettre en place tactiquement, et pour tenter d’installer un jeu qu’il veut maitriser. C’est un entraineur qui aime avoir la possession du ballon, qui sait comment agir concrètement pour mettre en place cette donnée, et également un coach qui comprend parfaitement le besoin de devoir s’adapter pour répondre à différentes situations. Dans un groupe du Real Madrid qui ne peut pas avoir la maitrise du match sur les 90 minutes d’un match, Ancelotti a ajouté la capacité à jouer sans ballon et sans céder défensivement comme l’a démontré la première période de la finale face à Liverpool.
Tous les aspects sont maitrisés, travaillés, appliqués au moment parfait, et viennent donc s’ajouter à la palette d’un entraineur que les joueurs peuvent admirer, sur lequel ils peuvent se reposer pour laisser s’exprimer uniquement leur qualité individuelle au service du collectif. Certainement le meilleur entraineur du monde à l’heure actuelle, et encore une soif de trophées pour un technicien qui pourrait estimer avoir rempli son contrat avec un retour au tout premier plan du Real Madrid sous sa direction, mais Ancelotti sera encore l’entraineur du Real l’année prochaine pour le plus grand bonheur de l’institution Merengue. Il lui faudra de nouvelles idées, s’adapter encore et toujours dans un football qui évolue en fonction des mercatos, des équipes adverses, mais Ancelotti aime ces défis auquel il répond toujours présent. Le meilleur entraineur du Monde n’est pas près de renoncer.
Emmanuel Trumer