Quasiment jamais mis en avant à titre individuel, Bernardo Silva est pourtant un artisan majeur des succès de ses équipes. Que ce soit avec Manchester City ou la sélection du Portugal, la seule présence de Bernardo Silva est immédiatement perceptible tant son impact est grand. Avec Monaco déjà, là où il a été révélé en compagnie de Kylian Mbappé ou Fabinho notamment, Bernardo Silva était un artiste à part.
Il y a l’amour du « je » et l’amour du « jeu » et c’est bien dans cette deuxième catégorie qu’il faut situer le joueur de Manchester City. La trouvaille de Luis Campos à Monaco est un meneur de jeu très polyvalent capable d’évoluer à la fois dans le couloir droit et dans l’axe du terrain. Ce gaucher (1m73) excelle dans les phases avec ballon grâce à une vision du jeu éblouissante mais surtout une qualité technique hors du commun. Sa facilité pour conserver le ballon, pour permettre à son équipe d’avoir la maitrise du match et à résister au pressing adverse en font un élément clé pour des équipes voulant avoir la possession. Un profil complet puisqu’il dispose également d’un volume de courses très intéressant là ou certains meneurs de jeu préfèrent réserver leur activité dans un autre registre. Dans le registre d’un Kevin De Bruyne, Bernardo Silva ne pensera jamais à ses statistiques personnelles avant celle de l’équipe préférant faire briller ses partenaires avec des passes décisives et des actions dont il a le secret.
A Monaco déjà, sous les ordres de Léonardo Jardim comme entraîneur, Bernardo Silva pouvait évoluer à différents postes en fonction des besoins de son entraineur et de son équipe. Comme deuxième attaquant axial en soutien de Falcao, dans le couloir droit lorsque le phénomène Kylian Mbappé a émergé, Bernardo Silva a toujours cette capacité à s’adapter à des rôles différents et les performances individuelles comme collectives n’ont jamais été amoindries par cette donnée. Le résultat est un titre de Champion de France en Ligue 1, et une demi-finale de Ligue des Champions. Lorsque Monaco est devenu trop petit pour lui, c’est logiquement chez un favori et dans une équipe qui désire maitriser totalement ses matches que Bernardo Silva est allé exercer ses talents. A Manchester City, l’international portugais a même découvert de nouvelles positions individuelles encore et sa zone d’activité s’étend aujourd’hui sur une zone assez incroyable.
En plus d’un rôle de numéro 10 ou d’ailier droit qu’il connait, Bernardo Silva a dû jouer les pompiers à la pointe d’une attaque cityzen qui ne possédait pas de numéro 9. La donne a changé lors de ce mercato estival 2022 avec la signature du prodige Erling Haaland, et Bernardo Silva retrouvera certainement une position plus bas sur le terrain, dans l’axe, à côté de Kevin De Bruyne. Deux numéros 10 mais des prérogatives bien définies puisque les deux se complètent parfaitement.
Bernardo Silva, l’adaptabilité à son paroxysme
Habitué à jouer très proche de la surface de réparation adverse dans sa formation, positionné même comme un finisseur, Bernardo Silva s’exprime le mieux lorsqu’il évolue plus bas sur le terrain. Pep Guardiola demande à son joueur de décrocher très bas, quasiment à côté de Rodri qui occupe le poste de numéro 6. Plusieurs raisons expliquent ce positionnement, tout d’abord la qualité technique de Bernardo Silva qui permet une construction des situations avec ballon. Le seul moyen pour l’adversaire de subtiliser le ballon est de faire faute, et dans le jeu de possession de l’entraineur catalan c’est une aubaine. Rodri assure un équilibre défensif, et Bernardo Silva s’occupe des premières relances pour ses partenaires et notamment Kevin De Bruyne situé légèrement plus haut sur le terrain.
Cela n’empêche absolument pas Bernardo Silva de participer aux situations offensives de son équipes, tout simplement car son volume de jeu lui permet d’être à la base des situations de son équipe proche de la ligne médiane puis d’être un atout précieux proche de la surface adverse. Passeur décisif, capable de frapper de loin, l’international portugais est un joueur extrêmement rare. Avec Manchester City, Bernardo Silva a remporté tous les trophées nationaux possibles et même s’il manque encore la Ligue des Champions à son palmarès, son apport aura été assez incroyable. Le génial meneur de jeu attire les convoitises, et la fenêtre internationale qui vient de s’écouler devrait réchauffer les envies des clubs intéressés. Il y a un Portugal avec Bernardo et un sans lui, à tel point que le FC Barcelone voudrait casser sa tirelire pour l’attirer en Catalogne.
Profil parfait pour le club espagnol, Silva entre entièrement dans la philosophie de jeu des Blaugrana, son prix devrait toutefois être un frein non négligeable, et l’arrivée de l’attaquant Erling Haaland à Manchester City devrait inciter le joueur à rester pour tenter de décrocher le Graal en Ligue des Champions. L’équipe de Manchester sera beaucoup plus complète avec le jeune norvégien et Silva trouvera une nouvelle raison de briller. Tout du moins de faire briller les autres car c’est ici son rôle, son profil si précieux. Un amour du jeu qui détonne dans un univers toujours plus tourné vers le « je ». A 27 ans seulement, Bernardo Silva a encore de longues et belles années devant lui pour mettre à disposition ses talents de passeur, sa capacité d’adaptabilité, et sa science du jeu qu’il maitrise parfaitement. Manchester City ferait une erreur en laissant partir son joyau, et aurait du mal à trouver un joueur aussi précieux.
Emmanuel Trumer