Un 8ede finale et puis s’en va. Le football français n’aura pas brillé en Europe cette saison, et ce n’est pas la Ligue Europa qui aura permis d’atténuer les déceptions. Entre des Girondins prisonniers de leur changement de projet, des Marseillais qui cherchent le leur, et des Rennais séduisants, le bilan est forcément teinté de déception. Sans l’équipe de Julien Stéphan, il aurait été déprimant.
Olympique de Marseille :
C’est la plus grande déception de cette campagne de Ligue Europa avec une élimination précoce lors de la phase de poules, et pour couronner le tout une dernière place peu reluisante dans un groupe comprenant l’Eintracht Francfort, la Lazio Rome, et les chypriotes de l’Apollon Limassol. Avec son statut de finaliste en titre, et un parcours qui avait procuré de grandes émotions à Marseille, la chute de l’OM cette saison n’en est que plus décevante et difficilement compréhensible. Un point en six matches, la pire défense du groupe avec 16 buts encaissés, la plus mauvaise attaque, et le bonnet d’âne de bon dernier là où Marseille aurait dû être largement supérieur à son adversaire chypriote, au minimum, le bilan peut faire mal. Si Francfort est aujourd’hui encore en course pour rejoindre la finale de la compétition (demi-finale face à Chelsea), la Lazio Rome se sera arrêté au round suivant avec une élimination face à Séville en 8ede finale.
Reste alors les immenses frustrations d’une épopée qui n’aura jamais démarré pour l’OM, avec une défaite d’entrée lors de la phase de groupes. Une défaite 2-1 à domicile face à Francfort qui annoncera un long chemin de croix au cours duquel les Olympiens ne verront pas la victoire. En guise de cerise sur le gâteau, l’OM aura même offert un souvenir de grande ampleur aux joueurs de l’Apollon Limassol. Une victoire 3-1 dans un Stade Vélodrome médusé, qui n’aura eu de cesse de se demander où étaient passés les guerriers de la saison précédente. Finalement, ce sera une campagne européenne à l’image de la saison marseillaise avec des manques dans tous les secteurs, défensifs comme offensifs. Mario Balotelli ne sera arrivé que l’hiver dernier, trop tard pour aider son nouveau club en Coupe d’Europe, et la charnière centrale Boubacar Kamara – Duje Caleta Car n’a vu le jour qu’en deuxième partie de saison. Longtemps, Rudi Garcia aura tâtonné entre des joueurs en méforme comme Rami ou Rolando derrière et Germain ou Mitroglou devant, pour finalement ne jamais trouver la formule. De cette année européenne, il ne reste pas grand-chose et en cela l’OM de Rudi Garcia est cohérent dans son tableau d’ensemble cette saison.
Girondins de Bordeaux :
Pour être tout à fait honnête je ne m’attendais pas à un parcours des Girondins de Bordeaux en Ligue Europa, et en ce sens ce n’est donc pas une surprise que cette élimination dès la phase de groupes. Bordeaux est aujourd’hui entraîné par Paulo Sousa mais a connu une saison hors du commun à tous les étages, avec le départ de Gustavo Poyet dès le mois d’aout dernier, l’arrivée d’Éric Bédouet un habitué sur le banc qui sera ensuite rejoint par Ricardo, pour finalement tous deux laisser leur place à Paulo Sousa. A cela, il faut ajouter la vente du club girondin qui a changé de propriétaire et de présidence. Beaucoup trop pour espérer obtenir des résultats sur le terrain et il faut au moins reconnaitre au club girondin de ne pas s’être fait éliminer dès les phases de barrages cette année. Tout le monde se souvient de la sortie de route contre Vidéoton, et les trois tours passés cette saison, certes face à de faibles adversaires (Ventspils, Mariupol, La Gantoise), permettent au moins à Bordeaux de ne pas être le bonnet d’âne de cette édition.
Lors de la phase de groupes, ce sont les premiers matches qui auront mis un terme aux espoirs girondins avec trois défaites pour débuter. Face à des adversaires comme le Zénith Saint-Pétersbourg, le Slavia Prague ou Copenhague, Bordeaux n’aura jamais réellement existé pour pouvoir croire à une qualification. Il y a bien eu une réaction lors des matches retours avec deux victoires pour conclure, face à Prague puis à Copenhague, mais pas suffisant pour prétendre faire partie des 32 dernières équipes. Finalement ce sera une troisième place du groupe anecdotique, et un projet à construire cet été pour débuter une nouvelle aventure. Avant de revenir en Coupe d’Europe.
Stade Rennais FC :
C’est la bonne surprise de cette édition pour les clubs français engagés en Ligue Europa. Pas grand monde n’aurait misé une pièce sur un beau parcours du club breton, davantage habitué à apparaitre dans la catégorie moquerie au moment du bilan. Mais le changement opéré par le club, alors que Sabri Lamouchi ne semblait plus avoir les clés pour faire évoluer ce groupe, a été bénéfique. Julien Stéphan est arrivé sur le banc de touche à la toute fin de la phase de groupes, et en ce sens aura également bénéficié du travail de Lamouchi. Mais c’est sous Stéphan que Rennes va achever de se qualifier pour les 16ede finale, puis réaliser une belle performance face au Bétis Séville avant de passer proche de l’exploit face à Arsenal.
Lors de la phase de groupes, le Stade Rennais avait plutôt bien commencé avec une première victoire face à Jablonec avant de ne plus connaitre la gagne face à Astana et le Dynamo Kiev. Il faudra attendre les deux derniers matches et deux victoires primordiales notamment la dernière lors d’une « mini » finale à domicile face à Astana. Et c’est précisément ce genre de match couperet que Rennes n’avait plus l’habitude de franchir avec succès et que cette fois les Bretons ont parfaitement négocié. La confrontation aller-retour face au Bétis Séville terminera de démontrer toute la volonté de cette jeune équipe avec un match aller rageant (3-3) et un match retour de haute volée conclu par une victoire en terre andalouse (3-1). Enfin, face à Arsenal, il n’aura pas manqué grand-chose pour espérer réaliser un exploit retentissant et atteindre les quarts de finale, mais l’équipe d’Emery aura été bien trop réaliste au match retour pour laisser les miettes. Qu’à cela ne tienne, Rennes n’attendra que quelques semaines et le déplacement au Stade de France pour donner un tournant historique à sa saison.
Emmanuel Trumer