A nouveau sacré Champion d’Allemagne avec le Bayern Munich lors de la saison 2021-2022, Kingsley Coman a remporté son septième trophée en Bundesliga avec le mastodonte allemand. Depuis ses débuts professionnels, en 2014, le Français a remporté tous les championnats nationaux où il a évolué. Avec le PSG son club formateur en France, avec la Juventus en Italie, et donc avec le Bayern en Allemagne. Un palmarès hors normes.
Peut-être que Kingsley Coman représente à lui seul une garantie de succès pour ses équipes puisque le joueur français n’a jamais perdu un seul titre en championnat national. Plus globalement il est une certitude sportive avec un profil rare mais extrêmement précieux dans des équipes qui jouent le haut de tableau et les trophées. Certains diront qu’il a pour lui d’évoluer dans des clubs favoris de leur championnat, mais la Juventus est aujourd’hui en lutte pour la 4e place de Serie A sans Coman, et depuis plusieurs saisons. Le Bayern, avec lequel Coman vient de remporter sa septième Bundesliga consécutive est sur une série de neuf succès et Coman a donc grandement participé à installer cette dynastie sans partage. Formé à Paris, au Paris Saint-Germain, Coman a connu la trajectoire de nombreux joueurs non conservés par le club francilien mais aura retrouvé le club de ses débuts avec le Bayern Munich, en finale de la Ligue des Champions.
Avec le maillot du club bavarois, Coman a inscrit l’unique but du match et de la finale sur un centre de Kimmich et a offert le plus prestigieux des trophées au club allemand face à son club formateur. Un talent absolument hors normes, dans tous les domaines, et un palmarès qu’il est allé chercher lui-même et qui compte aujourd’hui vingt-deux trophées à 26 ans seulement. C’est ici toute l’anomalie d’un joueur qui pourrait largement avoir dépassé les 35 ans et regarder derrière lui avec le sentiment du devoir accompli, mais malgré ces chiffres hallucinants Coman n’en est qu’à la moitié de sa carrière. Avec un contrat prolongé jusqu’en 2027 en Bavière, l’avenir immédiat du Français semble s’inscrire au Bayern Munich dans un club où il a l’air de se sentir à l’aise malgré des turbulences la saison passée.
Comme les autres ailiers du club allemand, Gnabry et Sané, Coman n’est pas fait pour évoluer dans le schéma tactique de Julian Nagelsmann pour des raisons assez évidentes. Mais même dans cette configuration, c’est lui qui s’est le mieux adapté pour tenter d’apporter ses qualités individuelles. Elles sont celles d’un pur ailier, capable de prendre de la vitesse avec ballon, d’éliminer ses adversaires avec une facilité déconcertante, et d’être décisif face au but dans la passe et dans la finition. Intelligent dans ses déplacements, altruiste avec ses partenaires de jeu, Kingsley Coman est l’ailier moderne par excellence. Son point fort reste le un contre un avec une qualité technique dans le dribble qui se situe certainement dans le top 5 mondial.
Des qualités exceptionnelles, une fragilité dans la régularité
Sa première touche de balle, sa prise de balle dans le contrôle, lui permettent d’enchainer rapidement avec des éliminations à une vitesse complètement incroyable. Intouchable sans commettre de faute, il peut ensuite prendre de la vitesse pour s’approcher de sa zone du terrain préférentielle : les 25 derniers mètres adverses. C’est dans le dribble que l’ailier français se régale, haut sur le terrain dans la moitié de terrain adverse. Et c’est justement sur ce dernier point que la donne a bloqué avec Julian Nagelsmann cette saison puisque l’entraineur n’utilise pas d’ailier à proprement parler.
Dans le schéma préférentiel du technicien allemand il n’y a qu’un seul joueur de couloir, avec un rôle de latéral et d’ailier combiné, qui ne peut absolument pas convenir à des profils qui s’expriment dans la moitié de terrain adverse. Mais c’est ici toute la philosophie qui a opposé un groupe de joueurs, un club, à la volonté tactique d’un entraineur. Coman, comme Gnabry et Sané, a besoin d’une liberté offensive pour pouvoir lui permettre de dribbler, de provoquer, de créer des différences offensives et non pas d’avoir à penser un positionnement dans sa moitié de terrain en priorité. Il semble que Julian Nagelsmann a compris cette donne et dit vouloir la faire évoluer l’année prochaine avec un nouveau schéma, ce qui permettrait alors aux ailiers de mieux s’exprimer.
Au-delà de ces considérations tactiques, Kingsley Coman est également un joueur plutôt fragile qui a subi des blessures physiques l’empêchant d’avoir une constance totale. Depuis son retour ses pépins semblent loin derrière lui mais c’est un joueur auquel il faut apporter une attention toute particulière pour en tirer le meilleur d’un point de vue sportif. Un joueur de groupe, toujours rangé derrière l’intérêt collectif, mais qui doit comprendre grâce à un entraineur que c’est par la répétition des performances à un très haut niveau qu’il pourra tutoyer les plus hautes sphères d’un point de vue individuel. Un joueur au talent complètement fou, au rendement très intéressant, mais qui peut encore viser plus haut. A Munich ou ailleurs.
Emmanuel Trumer