Vaincu à Francfort lors de la cinquième journée de Ligue des Champions, l’Olympique de Marseille a laissé passer une occasion de s’installer aux deux premières places du groupe. La qualification est encore envisageable, avec une victoire face à Tottenham lors de la dernière journée, mais l’OM vient d’enchainer une quatrième défaite consécutive. Une nouvelle désillusion peu rassurante qui montre les limites d’une réflexion sommaire de la part de Tudor.
La composition d’équipe alignée par Igor Tudor pour se déplacer à Francfort y défier l’Eintract a mis en lumière un fait important pour l’OM et ses prestations récentes. Malgré trois défaites avec un seul but inscrit, le match de Ligue des Champions primordial face à un adversaire pourtant abordable sur le papier devait se préparer de la même manière. Rien ne pouvait changer une idée qui pourtant ne fonctionne plus, et qui porte l’unique signature de l’entraineur Tudor. Avec ses cinq défenseurs, avec son milieu de terrain Rongier – Veretout, avec son schéma offensif si peu performant, Igor Tudor persiste dans une idée qui ne produit pas de résultat au-delà d’un contenu extrêmement limité.
Que ce soit en conférence de presse, dans sa manière de parler de football, ou dans ses choix tactiques, j’ai l’impression de voir un football du passé. Un football âgé, qui ne respire pas l’analyse et la recherche de performance. Un football trop sommaire qui consiste à dire que la solidité prime sur la création. Un football qui trouve sa raison d’exister par un entraineur qui pense aux duels avant de penser au ballon, qui pense aux séquences sans ballon avant de penser à celles avec ballon, qui pense à courir avant de construire. L’OM en est réduit à un club fragile dans tous les secteurs de jeu, incapable de prendre le dessus sur son adversaire lorsque celui-ci n’est pas réduit à dix comme ce fut le cas face au Sporting.
Face à Francfort, ce mercredi soir, l’OM a affiché de nouvelles carences en plus de celles qui jalonnent désormais toutes les sorties phocéennes. Les trois défenseurs centraux ont montré une fébrilité importante, et chaque situation offensive de l’Eintract pouvait aboutir sur un but. Il reste bien un grand Pau Lopez, encore décisif, mais devant lui c’est le néant ou presque. Le milieu de terrain Rongier – Veretout ne protège rien sans ballon, et n’arrive quasiment à rien avec ballon non plus. Les latéraux Nuno et Clauss n’arrivent pas à apporter dans la moitié de terrain adverse, et le schéma offensif continue d’être une mascarade qui ne gêne personne ni les adversaires ni le staff de l’OM qui semble ne pas comprendre de quoi il s’agit.
Sanchez est abandonné
En positionnant Alexis Sanchez à la pointe de l’attaque, seul, sans solution à côté de lui, Tudor prive l’un de ses meilleurs joueurs d’une activité plus importante. Sanchez continue d’apporter par des replis défensifs surtout, par un volume de course important également, mais son activité dans la surface adverse et proche de cette zone frôle le néant à cause de son utilisation. Habitué à évoluer avec un autre attaquant, Sanchez en est désormais réduit à quelques gestes de classe qu’il doit transformer en miracle pour marquer. Certain que le foot découle de sa vision personnelle et uniquement celle-ci, rugueux en conférence de presse lorsqu’il s’agit de faire face à des journalistes, Tudor n’est en rien un tacticien. Incapable de penser le football, il représente le passé et non le futur mis en avant par le Président Pablo Longoria. En réalité toutes les approches sont possibles, mais pas partout.
Marseille mérite un projet plus ambitieux dans le jeu, un projet qui va permettre aux supporters de retrouver une raison de se déplacer au Vélodrome, et un projet qui permet de bâtir sur un futur plus rayonnant. Le futur n’est pas un football sans attaquant, le futur n’est pas un schéma hybride au sein duquel les joueurs ne sont pas mis en valeur, le foot se pense en fonction de beaucoup de paramètres et non pas en fonction des discours. Tudor a beau dire, comme avant le match face à Francfort, qu’il trouve les mots pour motiver ses joueurs mais la réalité est désormais qu’il n’a pas les capacités d’analyse pour mener cette équipe à des performances de très haut niveau.
L’OM est un club qui doit s’inscrire dans le futur du football européen, qui a les atouts pour le faire que ce soit avec la région ou par un investisseur plus ambitieux, mais l’OM ne peut pas se résumer à si peu de compréhension des principes de jeu et d’une vision si restreinte de la manière dont il faut faire évoluer son équipe phocéenne. L’ancien nantais Kolo Muani s’est chargé de donner la victoire à une équipe de Francfort qui s’est imposée dans un schéma qui lui correspond, face à une équipe plus armée mais qui permet à tous ses adversaires de réduire considérablement l’écart. Marseille possède encore une balle de match, face à Tottenham, face à Antonio Conte et un entraineur que Tudor adore encenser. Les Spurs sont également dans une bouillie footballistique, enchainant les mauvais résultats et les contres performances, et la vision commune du foot des deux entraineurs représente ce qui n’existera plus à l’avenir : l’absence de réflexion dans le football.
Emmanuel Trumer