Buteur face à l’Islande puis la Turquie lors du dernier rassemblement des Bleus, Olivier Giroud a porté son compteur à 38 réalisations en Équipe de France. D’ores et déjà troisième meilleur buteur de l’histoire de la sélection française, derrière Thierry Henry (51 buts) et Michel Platini (41 buts), Olivier Giroud n’a jamais fait l’unanimité pour les supporters et à quelques mois de l’Euro la question de son statut se pose plus que jamais. En club d’abord, ou il joue peu, et en sélection où le vivier offensif est important. Mais Giroud continue de faire du Giroud, aussi fort mentalement que physiquement.
C’est tout le paradoxe d’un attaquant qui devrait arriver en sélection nationale avec le sentiment d’y être reconnu, mais qui même à 33 ans et bientôt 100 sélections en Équipe de France (95) ne parvient pas à faire l’unanimité. Plusieurs facteurs pourraient expliquer une sorte de désamour entre Giroud et certains supporters tricolores, qui tout d’abord dénote dans un secteur offensif ou les profils rapides et techniques ne manquent pas. Entouré de Griezmann, Mbappé, Coman ou encore Lemar et Dembélé, Giroud et son imposant gabarit n’entre pas les normes de ses partenaires. La différence est un concept assez délicat en France de nos jours, et si cela ne suffisait pas il est également reproché à Olivier Giroud d’avoir écarté Karim Benzema de la sélection nationale. Le raccourci est simple : même poste, même période, si Benzema est banni de la bande à Deschamps c’est en partie à cause de l’attaquant de Chelsea.
Erreur, puisque les deux n’ont absolument ni le même profil ni les mêmes qualités et qu’à priori Giroud n’est pas encore sélectionneur, même s’il est très apprécié de ce dernier. Quand certains y voient une sorte de « fils spirituel » du sélectionneur, l’apport de Giroud en Bleu doit d’abord se situer sportivement. Son profil d’attaquant de pivot, capable d’encaisser les coups pour créer des espaces à ses partenaires, et surtout son jeu de tête sont autant d’atout indispensables à une équipe de football. Sylvinho l’aura rapidement payé avec l’OL en mettant au placard un joueur comme Moussa Dembélé, au profil technique similaire à Olivier Giroud, et si Didier Deschamps s’est encore essayé récemment au changement tant réclamé le résultat est loin d’être probant.
Plusieurs explications à cela et il faudrait certainement remonter aux origines de la carrière de joueur du sélectionneur pour y comprendre les ressorts, avec une connaissance de la science défensive peut-être logiquement plus large que celle qui concerne les joueurs offensifs. Au dernier Mondial, en ouverture, ou encore face à la Turquie hier pour un match important, lorsque Deschamps se passe de Giroud le résultat est inquiétant et si la production offensive peut paraître minimale avec l’attaquant des Blues, elle est inexistante sans lui.
L’Euro 2020 comme dernier objectif pour le soldat Giroud
La présence de Giroud dans le groupe France et plus globalement dans le onze de départ pour les matches importants n’est pas un fait du sélectionneur uniquement, et il faut alors repenser à l’Euro 2016 organisé en France pour y trouver une autre explication. C’est lors de cette compétition que Griezmann a demandé au sélectionneur d’être accompagné devant et que l’apport de Giroud s’est avéré décisif. Depuis il y a bien évidemment eu ce Mondial victorieux mais également paradoxal, à l’image de la carrière du joueur.
Avec zéro but au compteur à la fin de la compétition, Giroud s’est retrouvé Champion du monde et moqué en même temps. Ce qu’il a toujours été remarquez, gagnant partout où il est passé ou presque (Montpellier, Chelsea, Équipe de France) Giroud c’est avant tout un mental au moins aussi fort qu’un physique saignant. Cela commence à faire beaucoup de raisons pour sa présence dans le groupe tricolore, et si sa présence pourrait être remise en cause avec un autre sélectionneur à la tête des Bleus, l’avenir de Giroud en Équipe de France est à priori assuré jusqu’à l’Euro.
Les solutions existent pourtant dans l’immense vivier tricolore, avec Alexandre Lacazette notamment, même si son temps de jeu avec les Gunners est réduit également mais les certitudes du sélectionneur se trouvent dans un schéma ou Giroud est associé à Griezmann ou Mbappé devant. Le retour de blessure de l’attaquant du PSG pourrait d’ailleurs à nouveau relancer le débat Giroud en Bleu, inlassablement, mais l’attaquant y est habitué désormais. Plus fort que jamais dans sa tête, fixé vers l’Euro 2020 très certainement, s’il y a bien une certitude c’est que la vie de Giroud se colore de Bleu. A trois unités de Michel Platini il serait dommage qu’il en aille autrement.
Emmanuel Trumer