Nouvelle recrue de Manchester City, Erling Haaland débarque de Dortmund avec des attentes extrêmement élevées. Pas tant au niveau d’un transfert qui a été parfaitement géré, mais pour venir combler un manque à la pointe de l’attaque de City. Haaland c’est un buteur né, et il aura réussi à marquer les esprits dans tous les clubs où il a évolué jusqu’à présent. Manchester City représente une étape plus compliquée pour lui, mais Erling Haaland possède toutes les qualités pour réussir son pari et franchir encore un palier supplémentaire avec ses coéquipiers cityzens.
Manchester City a longtemps attendu avant de fondre sur Haaland cet été, et malgré un investissement financier plutôt conséquent nous sommes en droit de nous demander si le club de Pep Guardiola n’a pas réussi le gros coup du mercato. Avec un transfert estimé à 75 millions d’euros pour l’indemnité de transfert, le montant de la clause libératoire du contrat liant Erling Haaland au club de Dortmund, City s’est assuré les services d’un buteur phénoménal âgé seulement de 21 ans. Dans un marché où son prix aurait dû être le double au minimum, le clan Haaland s’était assuré d’imposer une clause pour pouvoir partir le moment venu. C’était déjà d’ailleurs le cas à Salzbourg, et cela semble être également le cas à Manchester City où une clause est évoquée lors de la troisième saison pour la somme de 150 millions d’euros. Haaland est un attaquant ambitieux, et l’idée de ne pas signer de contrat de trop longue durée ou d’inclure des clauses pour pouvoir partir vont dans le sens d’une volonté de trouver le bon projet pour ne pas stagner si son club n’avance plus. Manchester City était certainement la meilleure destination possible pour Haaland, qui a un moment hésité avec le Real Madrid. Pur numéro 9 de formation, il savait que le poste était occupé par Karim Benzema au Real, et que la pointe de l’attaque de Manchester City lui tendait les bras. Un choix judicieux puisqu’il va évoluer avec ce qu’il se fait de mieux autour de lui.
Que ce soit Kevin De Bruyne, Bernardo Silva, Phil Foden, Jack Grealish, ou Riyad Mahrez, tous ont pour point commun d’avoir la féroce volonté de faire jouer leurs partenaires. C’est ici que réside la réussite de la construction de cet effectif et de ce groupe. Certains peuvent dire que Pep Guardiola n’aime que les joueurs malléables pour pouvoir les modeler, mais en réalité il aime les joueurs qui entrent dans sa philosophie de jeu et c’est impossible de le lui reprocher. Une question se pose tout de même, avec la volonté réelle ou non de l’entraineur catalan d’accueillir un joueur comme Haaland. Un jeune joueur certes (21 ans) que Pep peut modeler, mais un profil de pur finisseur, de buteur, que le technicien n’a pas l’habitude d’avoir sous ses ordres. Dans un autre registre (joueurs plus confirmés encore) la relation n’est pas passée avec Samuel Eto’o ou Zlatan Ibrahimovic. Un 9 est capable, peut-être encore plus que les autres, d’exprimer une frustration ou alors un manque de ballons reçus. Pep a toujours construit ses équipes sans star, et lorsque ses joueurs le sont devenus à Barcelone c’est lui qui est parti. Le cheminement est exactement le même à City, dans le recrutement, dans la philosophie de jeu, et l’arrivée Haaland vient légèrement chambouler ce fonctionnement. Petit pas en arrière de Pep ? Préparation de l’avenir sans lui ? A cette question l’Espagnol a déjà répondu et il remet une éventuelle prolongation chez les Cityzens à plus tard.
Cet élément pourrait faire penser que le technicien lui-même n’est pas convaincu par cette signature mais il est assez inimaginable de penser que cela ne va pas fonctionner. Ce serait une erreur dès le départ, car Haaland a tout pour intégrer parfaitement ce système. Lors de cette saison qui s’achève, City a souvent évolue avec deux idées différentes devant : une première avec un meneur de jeu en pointe, Foden ou Silva, voire De Bruyne, les trois joueurs dans le même registre, ou alors avec Gabriel Jésus qui présente lui un tout autre profil. City doit absolument garder la possibilité de faire évoluer un joueur plus mobile devant, un meneur de jeu, mais trouve avec Haaland la capacité à terminer les actions dans la surface. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir dans la construction du jeu car Haaland peut s’incorporer dans ce schéma, il en a les capacités. Et City gardera avec Sterling d’un autre côté la possibilité de trouver plus de mobilité, plus de mouvements et de courses. En résumé, City possède désormais trois plans de jeu différents dans son système offensif et c’est redoutable.
Haaland, futur meilleur buteur de Premier League ?
Si l’attaquant norvégien parvient à créer ce lien avec ces partenaires du milieu, à trouver les bons cheminements pour se rendre utile à la fois à la construction et à la finition des actions, alors le résultat sera monumental. Devant le but il ne rate jamais, son ratio est déjà connu et il apporte un but par match dans tous ses clubs. Il n’y a aucune raison que ce soit différent à City, tout porte même à croire que ce sera encore plus dangereux. D’un point de vue personnel, j’aimerais travailler deux choses avec Erling Haaland : tout d’abord sa capacité physique à enchainer les matches, grâce à un travail de fond, puis sa capacité à augmenter son volume de courses sans ballon. Avec ces deux éléments, Haaland sera le meilleur attaquant de Premier League. Cette donnée (une fois réussie) ouvrirait alors la porte aux réussites collectives et individuelles. Lewandowski a terminé deuxième au Ballon d’or 2022, et il doit cette performance grâce à son nombre de buts inscrits. Haaland s’inscrit dans cette logique de finisseur implacable devant le but, placé de surcroît à la pointe d’une équipe si forte dans la dernière passe que l’assemblage est parfait.
Il faut espérer que ce soit le cas dans l’esprit de Pep Guardiola, et un baromètre d’une trentaine de buts inscrits par Haaland doit être l’objectif sur le papier. Il ne s’agit pas seulement de faire marquer un seul joueur bien au contraire, puisque la philosophie de jeu installée à City permet à d’autres joueurs de briller offensivement et également par le but. Les ailiers, les milieux de terrain, tous ont la capacité technique de peser dans les 25 derniers mètres adverses. Kevin De Bruyne notamment, qui devait évoluer sans réel soutien à la pointe de l’attaque, va trouver encore plus de liberté pour ses projections vers l’avant tout en gardant cette capacité à construire le jeu au milieu de terrain avec Bernardo Silva. Rodi va toujours assurer cet équilibre défensif dans sa moitié de terrain, et les latéraux auront cette fois-ci une réelle solution de centre. C’était d’ailleurs un circuit déjà utilisé mais il n’y avait absolument personne pour les reprendre devant le gardien. Désormais toutes les zones du terrain sont occupées, et par des monstres.
En cas de réussite, de trophées collectifs j’entends, se posera forcément la question des récompenses individuelles et plusieurs joueurs pourront prétendre à ces trophées. Kevin De Bruyne évidemment, grâce au nombre de passes décisives et de buts qu’il est capable d’enchainer et qui devrait encore augmenter la saison prochaine, Erling Haaland s’il atteint un nombre de buts records, et même les autres joueurs offensifs qui vont tous voir leurs statistiques offensives gonfler. Ce doit être un second objectif, qui vient après la réussite collective nécessaire. Mais ce vestiaire a l’air si fort que la donne doit déjà être enregistrée. Libre à eux ensuite de partir en quête de l’Or.
Emmanuel Trumer