Après deux saisons dans son club de Chelsea, Kai Havertz semble s’être acclimaté au championnat de la Premier League et à son nouvel environnement. Avec un rendement intéressant cette saison, son utilisation ne semble pas encore optimale pour autant. Un profil particulier, précieux, que ses entraineurs ont du mal à mettre dans les meilleures conditions.
Peter Bosz puis Thomas Tuchel n’ont semble-t-il pas encore réussi à faire éclore le joyau Havertz, même s’il est déjà très important. Arrivé à Londres dans le club de Chelsea pour 80 millions d’euros en provenance de la Bundesliga et de Leverkusen, Kai Havertz a connu des débuts réussis même s’il a fallu un peu de temps pour une nouvelle adaptation. Avec un but en finale de la Ligue des Champions, l’unique but du match avec Chelsea face à Manchester City, Havertz n’a cependant pas mis bien longtemps pour montrer l’impact qu’il pouvait avoir sur son équipe et sur un apport individuel qui doit encore trouver une continuité. Notamment en Premier League, dans le championnat le plus relevé du monde, Kai Havertz peine encore à s’imposer comme un titulaire indéboulonnable. Parfois positionné comme numéro 10 et deuxième attaquant, parfois positionné comme attaquant pur, Kai Havertz offre cette polyvalence et cette possibilité de l’utiliser à plusieurs postes.
Le longiligne international allemand possède une qualité technique assez impressionnante, avec un pied gauche comme pied fort et forcément donc dans la catégorie restreinte des joueurs qui possèdent un petit quelque chose en plus. C’est le ballon dans les pieds que Kai Havertz s’exprime le mieux, dans une équipe collective qui veut avoir la possession du ballon et maitriser le tempo d’un match. Sa vision du jeu, sa capacité à jouer juste et à délivrer des passes décisives, sa volonté de faire marquer autant que de marquer, sont les atouts indéniables d’un meneur de jeu. Sa finesse pourrait même rappeler l’un des plus grands numéro 10 de l’Histoire, toutes proportions gardées bien entendu, avec Zinédine Zidane.
Dans une interview au journal Kicker, l’ancien illustre joueur Lothar Matthäus a d’ailleurs lui-même évoqué cette ressemblance entre son jeune compatriote et Zinedine Zidane : « Je le compare à Zinédine Zidane en termes de compétences, de technique, de vision de jeu et d’anticipation d’une situation. Zidane n’a pas semblé rapide, sauf quand il touchait le ballon. Havertz aussi. Il a un bon œil, un bon contrôle de balle, un bon jeu de position, une bonne technique. De plus, il joue intelligemment et utilise bien son corps ». En plein dans le mille.
Un championnat qui demande une adaptation
Avec des qualités individuelles immenses, pour initier et terminer les actions, Kai Havertz permet une multitude d’utilisations qui sont certes un avantage pour lui mais qui demande tout de même une acclimatation particulière. En Premier League, dans un championnat où la vitesse et la capacité à gagner des duels sont des données importantes, Kai Havertz doit réussir la transformation pour trouver plus de consistance dans ses performances. Demander davantage le ballon et être donc plus mobile, être capable de résister à une intensité adverse dans le pressing, tout en étant capable lui-même d’avoir une activité plus importante sans ballon, sont des points importants pour avoir un rendement toujours plus grand.
Âgé de 23 ans seulement, Kai Havertz dispose encore d’une belle marge de progression même si ses statistiques sont déjà honorables la saison passée : huit buts et quatre passes décisives en 29 matches de Premier League, trois buts en neuf rencontres de Ligue des Champions, deux buts en trois matches d’EFL Cup, et tout ça après le but vainqueur en finale de la Ligue des Champions donc. Un bilan qui peut être amélioré, par un système offensif plus réfléchi, plus travaillé, mais également par les axes de progression proposés ci-dessus. C’est très certainement avec un numéro 9 à côté de lui que kai Havertz pourra trouver la liberté complète pour s’exprimer de la manière la plus aboutie possible, avec un rendement à la fois dans la passe et dans la finition.
Déjà sélectionné avec l’Allemagne et visiblement dans les plans de l’entraineur Hansi Flick, Kai Havertz possède la capacité à changer un match avec ballon et c’est un profil extrêmement précieux. Avec un prix d’achat relativement élevé et un contrat qui court jusqu’en 2025, l’avenir de Kai Havertz semble s’inscrire avec Chelsea pour quelques saisons encore. Un profil de joueur qui pourrait tout de même coller avec un club comme le Bayern Munich à terme, si le joueur exprime un jour l’envie d’évoluer ailleurs. Les louanges de Lothar Matthäus ne sont en tout cas pas anodines, et pourraient trouver un écho dans quelques temps puisque Kai Havertz est très jeune. Un joueur qui pense à gagner avec ses partenaires avant de gagner lui-même, c’est rare et précieux et Havertz entre dans cette catégorie qui correspond au géant bavarois.
Emmanuel Trumer