Dans un groupe de Ligue des Nations plutôt relevé, qui comprend également l’Angleterre et la Hongrie, Italiens et Allemands devaient l’emporter pour espérer se faciliter la suite du parcours. Mission ratée pour les deux sélections qui se sont neutralisées à Bologne, sur le score de 1-1. Une nouvelle preuve que cette compétition embarrasse des joueurs qui n’abordent pas ces rencontres de la meilleures des manières. Mais une confirmation que l’Allemagne est une nation qui monte en puissance. Et de manière très intéressante.
Une fois de plus, dans cette compétition de la Ligue des Nations, les deux équipes ont mis 45 minutes pour entrer réellement dans leur match et mettre une intensité digne d’un match officiel pour tenter de l’emporter. Lors de la première période, le volume de course, la volonté de se projeter vers l’avant, la volonté de dépasser sa fonction pour tenter d’amener un surnombre n’a quasiment jamais existé et même si l’équipe d’Hansi Flick aura été la plus « audacieuse » , il aura fallu attendre la deuxième période pour voir un contenu plus proche du niveau attendu. Certes, Gnabry, Muller, et Werner ont tenté de peser dans les trente derniers mètres italiens mais cette sélection est encore en rodage après l’arrivée de l’ancien entraîneur du Bayern Munich. Un sélectionneur qui s’appuie sur des certitudes munichoises très séduisantes et à qui il ne manque pas grand chose pour rentre cette équipe redoutable. C’est Gnabry qui aurait pu ouvrir le score en première période, à la réception d’un centre et d’un mauvais dégagement de la défense italienne, mais c’est surtout après la pause que les deux équipes ont trouvé des solutions pour emballer ce match.
Roberto Mancini a agi le premier avec une très belle analyse de la rencontre et une difficulté flagrante pour la sélection allemande de construire le jeu dans les couloirs. Ne se satisfaisant pas de cette donnée, le sélectionneur italien a fait rentrer Gnonto dans le couloir droit et dans la zone d’un Kehrer replacé ici après la sortie de Benjamin Henrichs. Un Kehrer au niveau aussi famélique que lorsqu’il évolue avec son club du Paris Saint-Germain. Il aura fallu dix minutes et quelques ballons à Gnonto pour se jouer du « latéral » allemand et offrir le premier but sur un plateau à son coéquipier Pellegrini oublié par le marquage de Rudiger (1-0, 70e). L’entrée de Kai Havertz côté allemand a permis de ramener le score à 1-1 grâce à un très bon travail du génial milieu de terrain dans la surface de réparation italienne et c’est Joshua Kimmich qui s’est retrouvé à la réception d’un cafouillage pour égaliser (1-1, 73e mn). Le milieu du Bayern est d’ailleurs incontestablement l’homme d’une rencontre qu’il a survolé, grâce à sa justesse technique et sa vision du jeu. Joshua Kimmich est un footballeur si rare que chaque partition de ce joueur est un chef d’oeuvre. Il dicte le tempo d’une rencontre, sait quand jouer vers l’avant ou alors quand il doit continuer à chercher des ouvertures plus latérales pour faire courir le bloc adverse. Le football est beaucoup plus simple avec Kimmich.
L’Allemagne tout proche de l’emporter en terre adverse
Même si ce résultat nul satisfait tout de même une sélection allemande appliquée, le dernier quart d’heure aurait pu offrir trois points à l’équipe dirigée par Hansi Flick. Les Allemands ont multiplié les situations de but devant la cage de Donnarumma, très bon ce soir, et la frustration réside dans la non-utilisation de Felix Nmecha qui aurait pu peser en pointe de l’attaque en lieu et place de Timo Werner. Dans l’autre rencontre de ce groupe, la Hongrie a battu une Angleterre qui piétine le football de manière assez invraisemblable avec Southgate, et que ce soit pour l’Italie ou l’Allemagne ce match nul peut-être porteur d’espoir concernant la suite de cette compétition. L’Italie, non qualifiée pour le Mondial 2022, se rassure après la débâcle face à l’Argentine et l’Allemagne avance dans ses certitudes et sa construction du jeu en vue du Mondial dans quelques mois. Une Mannschaft qu’il faudra surveiller car elle possède de nombreux atouts, sur le plan individuel et sur le plan collectif en plus d’avoir un sélectionneur de grand talent.
Impossible de terminer le résumé de ce match sans revenir sur un joueur qui a ébloui de tout son talent une nouvelle région de la planète avec Joshua Kimmich. Positionné à côté de Goretzka au milieu de terrain, dans le même schéma tactique qui lui a permis de remporter la Ligue des Champions avec Hansi Flick, Kimmich est un maitre absolu qui met en lumière absolument tous ses partenaires. Il manque encore un numéro 9 plus dangereux, un ailier gauche capable d’apporter plus de danger, et des latéraux dignes de ce nom pour animer leur couloir (l’entrée de Jonas Hoffman en ce sens a été très bonne), mais cette sélection est sur la bonne route. Le remplacement de Joachim Low par son ancien adjoint est une franche réussite, qui pourrait mener sur le toit du monde avec quelques ajustements.
Emmanuel Trumer