L’affiche de la soirée opposait l’Italie, Championne d’Europe en titre, à l’Argentine et son sacre en Copa America. Le pays sur le toit du football européen face au pays sur le toit du football sud-américain et une opposition de style qui s’est concrétisée jusqu’à son paroxysme sur le terrain avec un score de 3-0 absolument indiscutable pour les partenaires de Lionel Messi. L’Argentine était à des années lumières de l’Italie ce mercredi soir.
L’opposition paraissait équilibrée sur le papier, avec deux sélections armées individuellement par une matière très importante, mais le contenu de cette alléchante opposition aura débouché sur un massacre total. Jamais dans ce match l’Italie n’est parvenue à dominer une équipe argentine très offensive et magnifiquement organisée. Dans les choix de départs, Mancini s’est contenté d’un classique vu et revu avec son équipe italienne, certes une équipe vainqueur de l’Euro en 2020 mais éliminée de la Coupe du Monde. En face, Scaloni a opté pour une arme de guerre avec 5 joueurs au profil offensif et le seul De Paul pour équilibrer un ensemble majestueux. Dybala – Di Maria – Messi – Lautaro et Lo Celo ont tous été titularisés et la crainte d’une équipe déséquilibrée s’est très rapidement dissipée. Dans ce 4-4-2 qui est en réalité un 4-2-4, les Argentins ont été emmené par un trio De Paul – Messi – Lautaro éblouissant, et ont pu également compter sur les actions décisives de Dybala ou Di Maria. Sans Donnarumma dans les buts italiens, le score aurait pu être beaucoup plus lourd encore.
Tout s’est rapidement décanté en première période, avec une volonté féroce du côté argentin de matérialiser cette ambition en maitrise collective du match. La volonté de jouer avec ballon, dans la moitié de terrain italienne, et un pressing parfaitement organisé pour empêcher l’Italie d’exploiter les espaces laissés dans le dos. Lautaro Martinez a conclu de près une action initiée par Messi (1-0, 28e minute), avant que Di Maria ne donne plus d’ampleur au score juste avant la pause sur une délicieuse passe décisive de Lautaro Martinez cette fois (2-0, 45e minute). Avant la mi-temps, déjà, l’Argentine avait mis ko une équipe italienne incapable de résister à l’intensité, au surnombre offensif, et à la création pure du jeu argentin. C’était un récital et cela faisait longtemps que la sélection de Lionel Messi n’avait pas réussi à obtenir un contenu aussi séduisant mais surtout aussi ravageur dans les effets.
L’Italie doit trouver de nouvelles idées
L’équipe de Roberto Mancini a montré les mêmes limites que lors du barrage perdu en accession à la Coupe du Monde, avec une incapacité à peser offensivement et à contrôler le jeu tout en imposant un milieu axial à trois éléments supérieurs en nombre à celui de l’Argentine. Rodrigo De Paul n’a fait qu’une bouchée de ses adversaires, et Messi positionné en deuxième attaquant a martyrisé une équipe incapable de boucher les trous entre ses lignes. Avec un football tourné vers l’avant, un football d’avenir, l’Argentine a prouvé que la solution n’était pas de reculer mais d’avancer dans tous les sens du terme pour agresser un cador campé sur ses positions. Un cador italien dépassé ce soir, par une fougue argentine rarement vue à ce niveau de compétition.
Paulo Dybala, le joyau libre de tout contrat cet été, s’est permis d’alourdir le score en toute fin de match (3-0, 94e minute) et cette fessée infligée peut laisser présager de belles choses pour le Mondial à venir côté argentin. En 90 minutes de football, la maitrise aura été absolue et cela a abouti à un récital toal. Tandis que cette équipe aurait pu se résoudre à densifier son milieu de terrain, à vouloir évoluer dans un jeu de position moins ambitieux et moins travaillé, pour espérer coller à son adversaire, nous avons vu un monstre avaler un adversaire terrifié de ce qu’il se passait face à lui. Ce soir le football était argentin, et on en redemande.
Emmanuel Trumer