Les deux premiers quarts de final de cette Coupe du Monde 2022 ont offert des scénarios rocambolesques pour s’achever sur des séances de tirs au but dans les deux matchs. La Croatie a pu compter sur Livakovic, tandis que l’Argentine a compté sur Martinez, et les deux gardiens de but ont eu un rôle prépondérant dans la qualification de leur équipe respective. C’est d’ailleurs l’affiche de la première demi-finale, un match qui pourrait ne jamais s’arrêter s’il y a une nouvelle séance de tirs au but.
La Croatie a éliminé le Brésil en quart de finale de la Coupe du Monde au terme d’un match extrêmement équilibré. Malgré une domination lors de la seconde période au niveau des occasions de but, et une ouverture du score à huit minutes du coup de sifflet final de la prolongation, le Brésil est tombé face à un immense Livakovic. Déjà décisif en 8e de finale lors de la victoire de son équipe face au Japon, à l’issue de laquelle il avait repoussé toutes les tentatives adverses dans la séance de tirs au but, le gardien croate a cette fois écœuré les joueurs brésiliens. La première période de ce duel a offert un combat particulièrement disputé, avec une équipe croate qui ne s’est jamais contentée de subir face au Brésil et ses cinq attaquants.
Deux éléments ont permis à Modric et ses partenaires de tenir tête au Brésil : d’une part un pressing bien organisé et surtout mis en place très haut sur le terrain pour empêcher le Brésil de s’installer dans la moitié de terrain adverse, et une capacité également à conserver le ballon grâce à la qualité technique de cette équipe et notamment son milieu de terrain. Le rapport de force était particulièrement équilibré après 45 minutes, mais la deuxième période a été mieux maitrisée par le Brésil qui est parvenu à faire le siège très proche du but gardé par Livakovic. Une cage néanmoins infranchissable et parfaitement gardée par un secteur défensif croate au moins aussi impressionnant que le milieu de terrain, si ce n’est plus.
Josko Gvardiol évolue à un niveau démentiel dans l’axe de la défense, et même quand le Brésil est parvenu à se créer des situations c’est le dernier rempart Livakovic qui a tout repoussé. Face à Vinicius, face à Richarlison, face à Neymar, face à Militao, tous sont tombés sur le gardien croate. A force de subir, la Croatie a tout de même rompu après 117 minutes de jeu sur un exploit individuel de Neymar qui est parvenu à dribbler Livakovic pour marquer dans le but vide. Cette réalisation aurait dû plier cette rencontre, mais la Croatie a parfaitement réagi pour se procurer la dernière occasion et égaliser sur une frappe déviée par Marquinhos. Le Brésil pensait avoir fait le plus dur, mais le fait de laisser autant d’espaces en menant 1-0 à quelques minutes de la fin est assez incompréhensible.
L’Argentine au bout de l’irréel
Toujours est-il que la Croatie est parvenue à arracher la séance de tirs au but, un domaine dans lequel cette nation excelle tout particulièrement. Livakovic s’est à nouveau illustré en repoussant la tentative de Rodrygo, puis Marquinhos a envoyé son penalty sur le poteau. La Croatie n’est plus qu’à une marche de rééditer son parcours de 2018, et malgré un secteur offensif bien moins dangereux qu’à l’époque, cette équipe a trouvé des certitudes dans son arrière garde. Gvardiol, notamment, devrait être l’un des joueurs les plus courtisés de la planète football. Dans le deuxième quart de finale de la journée, le scénario a basculé dans l’irréel alors que l’issue semblait écrite pour l’Argentine. Une victoire qu’il a fallu décrocher au bout de la séance de tirs au but, malgré deux buts d’avance à quelques minutes de la fin du temps réglementaire.
Messi, d’une passe décisive géniale et d’un penalty, pensait avoir fait le plus dur pour envoyer sa nation en demi-finale de la Coupe du Monde. Mais à 2-0 le bloc argentin n’a fait que reculer pour protéger son avantage au score et s’est fortement exposé à la révolte des Pays Bas. Une révolte lancée par un argentin lui-même, avec une entrée absolument catastrophique pour Leandro Paredes. Il a d’abord chauffé le banc hollandais avec un dégagement inutile dans cette direction, puis est impliqué dans le dernier coup-franc du match qui amène l’égalisation après 11 minutes d’arrêts de jeu. Dominateur dans les airs et en balançant des longs ballons dans la surface, les Pays Bas sont parvenus à rattraper un match apocalyptique dans son contenu côté hollandais.
La prolongation a encore été une domination totale de l’Argentine dans le jeu, et la séance de penalties a consacré l’équipe qui avait le mieux joué au football ce vendredi soir. Martinez a sauvé deux tentatives adverses, et a permis de gagner un match qui a basculé dans l’irréel mais qui n’a pas échappé à Lionel Messi et ses coéquipiers. Un mérite, comme pour la Croatie, et finalement dans ces deux rencontres les victoires sont logiques. Ce sera l’affiche de la première demi-finale, avec deux gardiens de très haut niveau. L’Argentine a le mérite d’avoir été meilleur que les Pays Bas, la Croatie a le mérite de n’avoir jamais lâché malgré un contenu plus compliqué. Deux qualifications au mérite.
Emmanuel Trumer