La phase de groupes de cette Coupe du Monde 2022 s’est achevée avec le Brésil et la Suisse pour compléter le tableau des huitièmes de finale. Déjà qualifié avant d’affronter le Cameroun en clôture, le Brésil a procédé à une large revue d’effectif mais a buté sur une très belle équipe. Tout sauf neutre, la Suisse s’est imposée face à la Serbie dans l’autre rencontre.
Dans le match entre un Brésil déjà qualifié et un Cameroun qui devait espérer un petit miracle (victoire face au Brésil et match nul entre la Suisse et la Serbie donc), ce sont les Brésiliens qui se sont montrés les plus dangereux en entame de match. Malgré un onze de départ totalement remanié où seul Militao était rescapé des deux premières rencontres, le Brésil a pris le contrôle du jeu et s’est procuré plusieurs situations face au but.
Des occasions que cette équipe a eu du mal à concrétiser avec Gabriel Jésus à la pointe de l’attaque, esseulé et difficilement trouvable au milieu de la défense adverse. Il faut dire aussi que cette équipe a manqué d’automatisme avec un Rodrygo léger en meneur de jeu et un Anthony embourbé dans ses tentatives qui ralentissent le jeu de son équipe. Seul Gabriel Martinelli a amené un peu de vitesse mais le Cameroun avait également des arguments en alignant une équipe offensive sur le papier.
Avec deux attaquants de pointe sur le terrain dès le coup d’envoi et positionné en 4-4-2, le schéma lancé en cours de match contre la Serbie et qui a permis de remonter un score de 3-1 à 3-3, le Cameroun a constamment laissé planer une menace sur la défense brésilienne. La deuxième période a été encore plus équilibrée et c’est l’inévitable Vincent Aboubakar qui a permis de marquer l’unique but du match au bout du temps réglementaire et de battre le Brésil. Ce but de l’attaquant vient accroître le sentiment de frustration concernant les choix de Rigobert Song, qui a offert un statut difficilement justifiable à Aboubakar. Remplaçant lors des deux premiers matchs, il aurait certainement permis d’être beaucoup plus dangereux et notamment face à la Suisse en ouverture. Cela ne se joue pas à grand-chose, mais la Suisse aura été plus consistante et plus forte tactiquement tout au long de son parcours lors de cette phase de groupes.
La Suisse n’est pas neutre
En position de force pour la deuxième place du groupe avant d’affronter la Serbie, la Suisse n’a quasiment jamais flanché pour s’imposer sur le score de trois buts à deux au terme d’un match spectaculaire. L’ouverture du score par Shaqiri est arrivée rapidement, et c’est à la suite de ce but que la Nati a connu sa seule séquence de souffrance. Mitrovic et Vlahovic en ont profité pour marquer, mais la Suisse a immédiatement reposé le pied sur le ballon pour reprendre le contrôle du match.
C’est tactiquement que la Suisse a été plus forte, avec une supériorité numérique dans les couloirs qui été parfaitement exploitée. Incapable de produire du jeu dans un schéma à 5 derrière lors de la Ligue des Nations, la Suisse évolue à 4 depuis le début de la Coupe du Monde et cela porte ses fruits. D’autant plus que la Serbie, de son côté, est restée bloquer dans une défense à 5 qui ressemble à une hérésie avec cet effectif. Déjà en difficulté face au Cameroun lors du match précédent, le sélectionneur serbe ne semble connaitre qu’un seul schéma, celui-ci, et la manière dont il utilise la matière à disposition devrait amener à un changement immédiat sur le banc de touche.
La Suisse a marqué deux nouveaux buts grâce à l’utilisation des couloirs et l’apport des latéraux face au néant total serbe. Exactement comme la Belgique, et à peu près comme toutes les équipes éliminées du Mondial jusqu’à présent, la défense à 5 est un naufrage tactique que seuls les moins bons entraineurs ont fait perdurer. Les schémas à 4 poursuivent leur aventure, mais c’est ici un autre débat. Comme Roberto Martinez, Dragan Stojkovic devrait laisser sa place de sélectionneur pour permettre à son équipe d’avancer dans la bonne direction. Toujours est-il que la Suisse avance, elle, vers les 8e de finale en s’extirpant d’un groupe compliqué. Avec peut-être moins de qualité sur le papier, mais avec un cerveau et une science tactique qui ont permis de dépasser les limites. Le match à venir face au Portugal en huitième de finale sera autrement plus compliqué, mais il s’agit désormais d’un joli bonus.
Emmanuel Trumer