Fin du suspense dans le groupe composé de l’Espagne, de l’Allemagne, du Japon, et du Costa Rica, avec la qualification des deux adversaires du soir le Japon et l’Espagne. Dans un ordre pas forcément attendu, puisque le Japon a battu l’Espagne 2 buts à 1 et termine en tête de ce groupe. Cette victoire amène également l’élimination de l’Allemagne, qui a battu le Costa Rica de manière anecdotique.
Japon – Espagne : 2-1
Pas loin de la qualification avant la rencontre, l’Espagne est également passée tout proche de l’élimination lors de cette phase de groupes de la Coupe du Monde ce qui a même été le cas pendant quelques minutes lorsque le Costa Rica a mené face à l’Allemagne. Finalement, c’est l’équipe d’Hansi Flick qui permet à celle de Luis Enrique d’entrevoir les huitièmes de finale malgré la défaite face au Japon. Un match que les Espagnols ont dominé en première période, avec une ouverture du score précoce grâce à un superbe centre de César Azpilicueta pour Alvaro Morata qui a marqué de la tête. C’est à peu près la seule occasion d’une première période terminée à plus de 80 % de possession du ballon mais sans la capacité à matérialiser cette domination territoriale dans la surface de réparation adverse.
L’équipe de Luis Enrique s’est contentée d’un but d’avance, et comme cela a déjà été le cas plusieurs fois n’a pas senti venir le danger face à un bloc équipe du Japon qui est sorti beaucoup plus haut après la pause. Il y avait clairement un sentiment de supériorité qui a amené à une nouvelle désillusion puisque l’Espagne a été incapable de réagir face à une intensité plus importante et un pressing plus haut sur les premières relances des défenseurs centraux espagnols. Comme si le fait d’être Espagnol, comme si la capacité à obtenir 80 % de possession du ballon permettrait à ces joueurs de gagner sans jouer au football.
Un sentiment de supériorité qui n’existe pas et qui se répète pourtant face à des équipes qui ont la qualité pour réagir même si cela ne dure pas 90 minutes. Luis Enrique expliquait avant le match qu’il aimerait des entraineurs qui donnent du spectacle, encore faut-il qu’il puisse inculquer à ses joueurs une capacité à mettre les bons ingrédients pour gagner ses matchs. Ils doivent être nombreux ce soir à espérer une autre formation dans leur parcours. Une qualification avec quatre points est un bilan famélique, pour un entraineur qui pense que sa façon de jouer va permettre de gagner le Mondial avec un milieu de terrain en défense centrale qui doit faire du catch dès qu’un adversaire part en contre, ou qui n’arrive pas à battre définitivement un bloc regroupé sur 45 minutes. Que ce soit dans sa communication lunaire, dans ses choix de joueurs, dans son coaching en cours de match, Luis Enrique est à l’image de ses joueurs : trop heureux d’être Espagnol en pensant qu’il s’agit d’une supériorité.
Son équipe peut réaliser trois millions de passes entre ses défenseurs, peut faire jouer Unai Simon au milieu de terrain, peut même le faire dribbler quatre joueurs adverses, le résultat est une deuxième place qui entache le parcours d’une équipe gênée sur chaque situation offensive adverse. Un coaching abyssal dans sa faiblesse, sans aucune capacité à changer de système pour rajouter un deuxième attaquant non plus, qui a permis au Japon de gérer tranquillement l’avantage au score et la victoire finale.
Allemagne – Costa Rica : 4-2
Il fallait une victoire de l’Allemagne, ce qui était une première condition indispensable pour espérer se qualifier en huitième de finale, mais il fallait également que le Japon ne s’impose pas face à l’Espagne une donnée sur laquelle l’équipe d’Hansi Flick n’avait pas d’emprise. Les deux buts encaissés face au Costa Rica mettent un peu plus en lumière un secteur défensif défaillant depuis le début de la compétition avec cinq buts encaissés en trois matchs et une élimination qu’il faut aller chercher sur le premier match. Avec le même nombre de points que l’Espagne, il y a également une différence de buts qui ne permet pas à l’Allemagne de s’extraire de la phase de groupes, et c’est un deuxième échec consécutif puisque ce fut déjà le cas lors de la Coupe du Monde 2018.
L’Allemagne a clairement perdu sa capacité à maitriser tous les secteurs de jeu, à proposer une formation complète capable d’être aussi intraitable défensivement que clinique face au but adverse, et il reste encore du travail à Hansi Flick pour retrouver cette sérénité défensive. La deuxième période face au Japon, en ouverture de ce Mondial pour l’Allemagne, n’est pas digne d’une équipe qui espère remporter cette compétition et il faudra maintenant penser à de nouveaux éléments pour rafraichir un effectif qui n’évolue pas. Il faudra un latéral droit, il faudra un défenseur central pour remplacer Süle qui a un niveau extrêmement faible, et même peut-être un deuxième défenseur central pour remplacer un Rudiger qui apporte un déséquilibre total.
Le bilan global n’est pas bon, et même si cela aurait pu passer avec un but de l’Espagne face au Japon, ou avec cinq buts de plus inscrits face au Costa Rica, il y a quand même un immense sentiment de déception qui ressort de cette sélection allemande. L’avenir s’écrira certainement avec Hansi Flick, qui a entamé une reconstruction et qui doit encore bénéficier de temps pour pouvoir présenter une équipe complète mais là encore il y a eu un sentiment de supériorité qui s’est matérialisé par séquences et qui finalement n’a pas suffi à franchir la phase de groupes. Le scénario se répète inlassablement, et il continuera de le faire tant que les matchs se jouent dans les déclarations et non sur le terrain.
Emmanuel Trumer