Vainqueur du duel de haut de tableau face à Brest (1-0), Lens s’est replacé dans la course à l’Europe et la Ligue des Champions. Auteur d’une série impressionnante en Ligue 1, malgré une défaite face à Monaco, et délesté de la Coupe d’Europe, le RCL retrouve des valeurs et un contenu qui ont permis à cette équipe de réaliser une saison 2022-2023 exceptionnelle.
Les Corons peuvent résonner à nouveau dans l’un des plus beaux stades du Championnat de Ligue 1, les Sangs et Or ont rattrapé un début de saison raté et peuvent désormais croire à une qualification européenne. Après un exercice précédent bouclé à la deuxième place et des attentes forcément élevées, il aura fallu un peu de temps pour trouver le bon rythme et surtout intégrer les recrues dans le logiciel tactique de Franck Haise. Avec les départs des deux meilleurs joueurs, Seko Fofana et Lois Openda, et un recrutement estival qui a mis un peu de temps à se dessiner, les Lensois ont d’abord pataugé dans une inhabituelle incohérence.
Wahi a été acheté pour un montant important (30 millions d’euros), et n’a pas eu l’impact immédiat attendu. Spierings ne s’est jamais adapté, et finalement il aura fallu attendre quelques mois pour retrouver un RCL à l’image de son entraineur. Lens, c’est avant tout une intensité physique et une débauche d’énergie qui permettent d’étouffer des adversaires, en plus d’une occupation de l’espace quasiment parfaite. Le système défensif installé par Haise laisse très peu d’espace pour attaquer, et le pressing des attaquants comme des milieux de terrain empêche une construction facile du jeu en face. Le club nordiste a d’abord retrouvé ses valeurs en Coupe d’Europe, avec une phase de groupes en Ligue des Champions très intéressante.
Certes, la défaite à Arsenal (6-0) a montré la différence entre un effectif de Premier League bâti pour jouer le titre et un prétendant européen de Ligue 1, tout comme le match retour face au PSV n’a pas été bien géré, mais Lens a existé dans un groupe difficile. Mieux que ça, le RCL est parvenu à obtenir la Ligue Europa. Là encore, la confrontation retour face à Fribourg a été compliquée mais cette fois Lens a mené 2-0 et a montré qu’il était possible d’obtenir des performances dans les compétitions européennes. L’apprentissage, en somme, pour un club qui était encore en deuxième division quelques années auparavant.
Une marge de progression importante encore
Face à Brest, en Ligue 1, Lens a réussi à éteindre une équipe adverse pourtant habituée à répondre dans l’intensité et au combat physique. Wahi a montré qu’il était désormais un atout majeur de cette équipe et ses déplacements comme sa capacité à participer au jeu plus bas sur le terrain sont des éléments précieux. Dans la production pure, Lens a retrouvé ses armes préférées avec une capacité à allonger le jeu et toucher ses attaquants par des longs ballons, tout comme la possibilité de créer des déséquilibres dans les couloirs avec ballon.
Comme l’année dernière également, Lens montre encore des lacunes ou tout du moins des secteurs de jeu qui pourraient être meilleurs. Les séquences de possession, haut sur le terrain, ne permettent pas de déstabiliser l’adversaire et le milieu de terrain manque d’une qualité de passe qui peut perforer des blocs adverses. Mendy est très bon dans son rôle de récupérateur, El Aynaoui est une des révélations de la saison dans son rôle de relayeur, mais il manque encore une capacité à faire la différence par la passe. Lens est une équipe qui aime se projeter très rapidement et verticalement vers le but adverse, mais qui est plus en difficulté lorsque les espaces manquent et que le jeu doit être plus construit. Lorsqu’il faut manœuvrer un bloc compact.
Les points forts sont en tout cas suffisants pour retrouver une équipe lensoise dans la lignée de celle de la saison passée, et les deux prochains matchs face à Nice puis à Lille après la trêve internationale seront de bons tests pour jauger les ambitions de la fin de saison. Ce qui est certain, c’est que le RCL a retrouvé ses valeurs et ses vertus tactiques, et a gardé son principal atout : l’entraineur. Franck Haise est un des meilleurs entraineurs du Championnat de France, et tant que lui ne part pas alors Lens va bien.
Emmanuel Trumer