Vainqueur du Championnat de France la saison dernière, le LOSC a terminé cet exercice à une triste dixième place. Loin des standards attendus, l’équipe dirigée par Jocelyn Gourvennec est aujourd’hui dans l’incertitude à plusieurs niveaux : sur le plan du jeu tout d’abord, mais également d’un point de vue financier puisque les Dogues ne pourront pas compter sur l’apport d’une Coupe d’Europe.
L’arrivée de Jocelyn Gourvennec était scrutée dans le nord lillois, puisque le club Champion de France restait sur un titre de Champion au niveau national et même si cela était en grande partie due à l’extrême nullité de Thomas Tuchel au PSG. Quatrième au moment de son départ, « l’entraineur » allemand avait laissé un boulevard à Luis Campos pour mettre en place une fiche de route qui a mené le LOSC au titre en Ligue 1. Certainement l’une des raisons, aujourd’hui, de la probable arrivée du conseiller sportif dans la capitale mais une erreur d’appréciation puisque Luis Campos pense pouvoir gagner au PSG avec Christophe Galtier qui n’a absolument jamais eu un quelconque apport tactique sur ses équipes, un fait qui devrait l’empêcher d’avoir un rôle décisionnaire sur le côté purement sportif mais c’est ici un autre sujet. Pour en revenir au LOSC et la situation actuelle, Gourvennec est donc arrivé pour tenter de poursuivre les plus hautes ambitions du club des Dogues, en France d’abord, mais également en Europe. Dans son idée de jeu, Gourvennec n’a rien changé de peur de bousculer un fonctionnement plutôt performant mais n’a jamais eu la capacité d’évoluer dans sa réflexion pour rendre cette équipe lilloise plus complète.
Pire, Gourvennec n’a pas su réagir lorsque son équipe était clairement en difficulté et les résultats tout au long de la saison en Ligue 1 ont accentué une déliquescence des performances sportives, de la confiance avec ses joueurs, et les explications se trouvent dans l’incapacité de Gourvennec à analyser ce qu’il a sous les yeux. L’exemple face à Chelsea, en Ligue des Champions, pourrait être la preuve d’une incapacité à agir face à une équipe qui présentait des failles dans un seul et unique secteur de jeu mais qui n’a jamais été mis en danger. Dans l’esprit de Gourvennec perdre n’est pas grave, et la 10e place en Ligue 1 n’est pas un échec non plus visiblement. La routine d’un manque d’ambition flagrant. Installé dans un 4-4-2 sur le plan collectif, l’ancien consultant de Canal + a longtemps cherché le positionnement individuel de ses joueurs : Yazici en 8 dans un milieu à deux joueurs, Renato Sanches dans le couloir droit ou en deuxième attaquant ou au milieu de terrain, Jonathan Bamba longtemps intouchable de manière totalement incompréhensible, Djalo un pur défenseur central positionné au poste de latéral, et les inepties ont été bien plus nombreuses.
En réalité Gourvennec a été totalement largué dans son apport tactique, dans la tentative de mettre ses joueurs en avant, et la dixième place finale au classement de Ligue 1 n’est absolument pas une surprise. Un plateau télé permet une aisance dans la parole, la mise en place d’idées footballistiques est beaucoup plus compliquée. La qualité intrinsèque présente dans l’effectif lillois a permis de faire illusion lors de la phase de groupes de Ligue des Champions, une compétition qui motive à l’extrême les joueurs, mais la routine du championnat français aura été un long enchainement d’incapacité à agir sur les rencontres. Le LOSC possède pourtant des individualités d’une qualité rare, avec un effectif bâti pour jouer les cinq premières du classement.
Des incertitudes sur le projet, et donc des départs ?
Que ce soit Renato Sanches, Jonathan David, Zeki Celik, Burak Yilmaz, pour ne citer qu’eux, ou les plus jeunes comme Timothy Weah, Sven Botman, Tiago Djalo, Isaac Lihadji, aucun joueur n’a pu s’exprimer correctement et forcément la question des départs va se poser. A l’heure actuelle, le projet du LOSC est difficilement cernable, et malgré l’arrivée d’un Président plutôt ambitieux il semble délicat d’imaginer un avenir européen avec Jocelyn Gourvennec sur le banc. Son staff se permettant même d’aller empiéter dans la zone technique de l’entraineur du FC Metz, la question est la suivante : Jocelyn Gourvennec n’est-il pas l’entraineur qu’il faut pour le club lorrain en Ligue 2 la saison prochaine ?
Avec 48 buts inscrits et 48 buts encaissés, et une différence de but égale à 0 donc, l’apport concret du consultant est difficilement perceptible. Peu enclin à proposer une maitrise de ses matches par la possession, son équipe n’arrive donc pas à peser face à des clubs moins armés et regroupés devant leur surface de réparation, et sa gêne de transformer Lille en un club minime de Ligue n’aboutit pas non plus à une idée claire dans l’autre sens avec une potentielle volonté de transition rapide en contres. Finalement c’est un néant ou presque et les supporters lillois eux-mêmes en sont venus à demander du changement à la direction, preuve que la patte de l’ancien journaliste n’est toujours pas apparue. Il ne s’agit pas d’un jugement personnel puisque le football se constate également avec des résultats et terminer 10e avec Lille en Ligue 1 est un réel exploit, dans le mauvais sens.
Qui décide du sportif à Lille ? Les agents ? le Président ? Gourvennec ? la responsabilité en revient en tout cas au dernier de ne pas être capable d’expliquer des idées pour tenter de faire progresser l’ensemble de manière collective et cohérente. Est-il possible alors d’imaginer une mise en place d’un processus avec le football au premier plan ? Olivier Létang sera davantage informé pour répondre à cette question et les prochains jours devraient donner des premiers éléments. Gourvennec ne semble pas menacé sur son banc, et dans ce cas il y a fort à parier que le club lillois connaitra une nouvelle saison dans le ventre mou de Ligue 1. L’évolution de la Ligue 1 doit également passer par la compréhension de la nécessité d’un apport sportif, concret, et d’une vision sur la philosophie du football. L’époque des entraineurs consistant à s’agiter sur le banc pour masquer d’innombrables lacunes est révolue, la marche avant doit être enclenchée.
Emmanuel Trumer