Très peu connu en France il y a quelques semaines encore, Luka Elsner est en train de réussir son adaptation en Ligue 1 et à Amiens. Dans un club avec pour objectif le maintien, les moyens dont dispose le jeune entraîneur slovène de 36 ans sont très limités mais l’approche de ce dernier semble avoir séduit son groupe, au même titre que Christophe Pélissier avant lui. La victoire face à Marseille (3-1) avant la trêve a couronné une bonne entame de saison pour les Picards, dont les performances restent encore logiquement perfectibles.
Avec 30 millions d’euros de budget annuel (le 18e de Ligue 1) le fait de retrouver l’ASC une troisième saison de suite parmi les clubs de l’élite est déjà une performance en soit, mais l’entame de saison effectuée par Luka Elsner a de quoi rendre optimiste les supporters picards quant à leur maintien en fin d’année. Il y avait pourtant des signes d’inquiétude l’été dernier, lorsque Pélissier a quitté le navire après deux saisons éreintantes mais réussies, et que l’inexpérimenté technicien slovène a été nommé. Avec des expériences en Slovénie et en deuxième division belge, Elsner n’avait pas le profil type pour hériter d’une équipe de Ligue 1 mais ce fils d’ancien footballeur (son père a évolué à Nice deux fois, Luka y a grandi) a charmé lors de son passage à L’Union Saint Gilloise s’offrant même le scalp du grand Anderlecht en Coupe de Belgique.
Réputé pour aimer le jeu avec ballon et la possession, Elsner a dû compléter sa panoplie pour réussir son intégration à Amiens et à l’aube de la 10e journée et d’un déplacement à Nîmes son équipe a trouvé une forme de solidité tout en gardant l’audace offensive qui a fait la force de ce groupe avec Pélissier à sa tête. L’apport d’un joueur comme Gaël Kakuta, de retour après un premier passage plutôt réussi, se fait également sentir et l’achat définif pour 1,5 millions d’euros d’Eddy Gnahoré au milieu de terrain aux côtés d’Alexis Blin est une excellente idée. Steven Mendoza dans son couloir gauche est une autre satisfaction de cet effectif amiénois, et Serhou Guirasy ne cesse de progresser devant et comble parfaitement l’absence du leader Moussa Konaté actuellement blessé. Avec le retour de ce dernier, on en viendrait même à rêver d’objectifs plus élevés que les dernières places promis aux Picards et à Luka Elsner, mais il ne faudrait surtout pas se reposer sur ces acquis.
Un ensemble qui reste fragile, dans l’axe notamment
Le talent Amiens n’en manque pas, et c’est lorsque ce groupe s’oublie légèrement dans les valeurs de combat et de duels que cette équipe est en danger. Elsner l’a rapidement compris et les apports de Chedjou dans l’axe ou Aleesami dans son couloir gauche derrière sont notables, tout comme la bonne forme continue de Gurtner dans les buts. Avec peu de moyens, ce club pourrait rendre enthousiaste n’importe quel amoureux de football et rien que pour cela l’aventure d’Amiens en Ligue 1 est passionnante. Et alors que l’entraineur slovène pourrait blinder son secteur défensif en espérant des exploits individuels, sa volonté de garder un équilibre offensif est absolument visible puisque son équipe évolue quasiment tout le temps dans un audacieux 4-2-3-1 avec des couloirs bien animés et par conséquent des trous dans l’axe parfois ou Kakuta n’est pas réputé pour beaucoup défendre non plus.
On en vient à trouver des petits détails qui pourraient être perfectibles, et cela veut donc dire que l’ensemble est forcément très bon pour ce club, dont le changement a été opéré avec intelligence et surtout avec goût par le Président Bernard Joannin puisque découvrir un jeune entraîneur, et surtout l’observer s’en sortir avec peu de moyens et sans faire de bruit est un régal qui se note. Reste désormais à poursuivre dans cette voie car il ne faut pas oublier que cet ensemble reste fragile, et que l’une des principales forces de Christophe Pélissier lors de ses deux saisons dans l’élite avec Amiens résidait dans le fait d’être constant pour finalement s’en sortir et ne pas descendre. Un objectif toujours en ligne de mire cette saison, avant peut-être d’être encore plus ambitieux du côté d’Amiens.
Emmanuel Trumer