Battu au Havre ce week-end pour la reprise de la Ligue 1, l’Olympique Lyonnais navigue encore à portée de la zone de relégation. Avec 16 points au compteur, l’OL compte seulement deux petites unités de plus que Clermont, premier relégable, et quatre de plus que Lorient la lanterne rouge. Fébriles face au HAC, les joueurs de Pierre Sage ont été sabordés par l’expulsion précoce du défenseur O’Brien (28e minute).
L’Olympique Lyonnais n’avait vraiment pas besoin de ça, empêtré dans une saison extrêmement compliquée sur le plan sportif le club lyonnais s’est en plus mis en difficulté avec deux cartons rouges ce week-end face au Havre de Luka Elsner. O’Brien a d’abord levé son pied trop haut sur une situation pourtant totalement anodine au milieu de terrain, puis Caleta Car a taclé trop sévèrement un adversaire en toute fin de match. C’est surtout la première expulsion avant la demi-heure de jeu qui a totalement changé la physionomie du match, d’autant plus que l’OL venait d’encaisser le premier but sur un corner havrais bien repris de la tête par Gautier Lloris. Même en infériorité numérique, Lyon est parvenu à se créer les situations pour revenir dans ce match mais a manqué de justesse proche de la surface adverse.
Le deuxième but havrais inscrit par Sabbi au retour des vestiaires en début de seconde période n’aura même pas totalement anéanti des Lyonnais qui ont réussi à marquer grâce à Cherki et Lacazette quelques minutes plus tard. Dans un match qui nécessitait du calme et de la maitrise pour ramener un point au minimum, le rythme dû à l’infériorité numérique aura finalement eu raison des ambitions lyonnaises ce week-end. Une belle frappe du latéral gauche Opéri qui a lobé le gardien Anthony Lopes (pourtant peu avancé par rapport à sa ligne) puis la deuxième expulsion, celle de Caleta Car, auront été trop d’éléments contraires à l’obtention d’un résultat pour l’OL.
Si l’attitude collective semble désormais cohérente dans la quête d’un maintien et d’un objectif sportif peu habituel pour un club tel que l’Olympique Lyonnais, des défaillances individuelles plombent encore une capacité à se mettre à l’abri d’un point de vue comptable. Les joueurs ont pris conscience de la situation, se donnent les moyens de se sortir de celle-ci, mais certains sont trop fébriles pour éloigner définitivement le club du danger permanent depuis le coup d’envoi de la saison. O’Brien hier, Cherki par moments, Lovren ou Caleta Car à d’autres moments, ou encore Kumbedi, et malgré un apport indéniable sur son groupe et son club Sage peine encore à trouver la formule parfaite.
Comment doit jouer Pierre Sage ?
Avec un schéma prudent à cinq défenseurs, trois centraux et deux latéraux, Sage est parvenu à obtenir des résultats avant la trêve hivernale. Lui qui préfère pourtant une autre mise en place collective a eu une approche très pragmatique avec un constat : son secteur défensif est trop fébrile et apporter une densité en nombre permet une sécurité non négligeable. La volonté d’imprimer une maitrise sur le contenu et sur le jeu, la volonté de mettre en avant ses individualités, la volonté de revenir à un ADN plus proche de ce qui a fait la grande force de l’OL pendant de nombreuses années, tout cela a été relégué au second plan pour une situation d’urgence qui se comprend parfaitement.
Et logiquement, également, l’entraineur lyonnais a aligné un autre schéma et une autre mise en place en Coupe de France dans un contexte beaucoup plus favorable à son équipe. Avec une victoire 3-0 face à Pontarlier le choix était à nouveau payant, et Sage semble réellement avoir les capacités pour sauver son club cette saison en Ligue 1. Les diplômes ne veulent absolument rien dire, et il est le seul à avoir obtenu d’une part de la cohérence dans les résultats et d’autre part à trainer son groupe vers une unité nécessaire. Les prochains matchs sont des casse-têtes puisque la défaite au Havre ne permet pas une continuité totale dans la même idée que la Coupe de France. Délicat de savoir ce qu’aurait donné ce match sans l’expulsion du défenseur central O’Brien mais l’analyse du technicien lyonnais semble se confirmer : ses individualités défensives ne permettent aucun espoir de maitrise en Ligue 1.
Face à Bergerac en Coupe de France, la question ne se pose pas puisque Lyon aura à nouveau un contexte favorable et que cela devrait rouler tout seul, à deux (le choix cohérent) ou à trois dans l’axe. Mais la réception de Rennes en Ligue 1 la semaine suivante remet le débat sur la table. Les suspensions des deux défenseurs centraux peuvent être comblés pour évoluer à nouveau avec trois défenseurs centraux, comme avant la trêve hivernale, ou alors poursuivre dans l’idée du Havre en espérant que cette fois-ci une individualité ne sabote pas toute la préparation. Cela dépend en grande partie des certitudes de l’entraineur, et également des joueurs qu’il aura à disposition pour composer son système défensif. Autant profiter des suspensions pour évoluer à nouveau dans une idée plus ambitieuse, avec deux défenseurs centraux, et se replier ensuite sur un autre schéma en cas de mauvais résultat face à Rennes. Lyon n’est pas encore sauvé, et le bon entraineur Sage a une mission délicate. Mais il est celui qui peut y parvenir.
Emmanuel Trumer