Après seulement quelques semaines à la tête du nouveau projet sportif lyonnais, Sylvinho a disputé son dernier match sur le banc rhodanien lors du derby perdu face à Saint-Etienne (1-0). Une quatrième défaite en neuf rencontres de Ligue 1 à laquelle l’entraineur brésilien n’aura pas résisté, entre management particulier et choix tactiques douteux, le lien ne s’est jamais réellement crée avec l’OL. Il va désormais falloir trouver la bonne personne pour relancer une machine à l’arrêt.
L’échec est cuisant, assez pour être souligné puisque Jean-Michel Aulas devait léguer une partie du pouvoir sportif au duo Juninho – Sylvinho avant de revenir sur sa décision très rapidement en annonçant le licenciement du technicien brésilien. La communication est parfaitement rodée, Aulas est en première ligne mais la hiérarchie est claire avec un choix du directeur sportif Juninho qui s’est avéré non payant. La première expérience de coach de Sylvinho aurait certainement dû se faire sur un banc moins réputé que celui de l’OL dans un premier temps, mais l’intention de sortir d’un univers très lyonnais était tout de même notable. C’est en ce sens que le Président lyonnais ressort presque grandi de cette mauvaise séquence, avec une volonté de répondre à l’exigence de ses supporters de déléguer une partie du pouvoir mais le résultat que sans lui ou son influence l’OL ne tourne pas rond. Il ne faudrait pas oublier que cela a tout de même dû couter une petite somme pour se libérer d’un technicien dont le contrat était encore récent et que les services d’un nouvel entraîneur plus renommé vont égaler couter de l’argent. Mais l’argent l’OL en a et c’est désormais toute la question qui se pose pour le club, actuellement dirigé par l’adjoint Gérard Baticle, et qui souhaite visiblement faire évoluer les choses.
Avec Sylvinho, l’OL s’est offert un entraîneur plein (trop ?) d’énergie mais qui a très rapidement coulé sous une forme de pression à laquelle il n’a jamais su répondre. Sa communication d’abord, avec une volonté affichée d’évoluer dans un schéma préférentiel (4-3-3) et qui aura entamé la crédibilité de l’entraîneur aux premières difficultés lorsqu’il a fallu trouver d’autres solutions. Les changements de systèmes ont été tentés, et ils ont donné lieu à deux matches de bonne facture d’ailleurs (face à Angers, et à Leipzig) mais c’est beaucoup trop peu pour un club qui ambitionnait de titiller le PSG au début de saison. Sans même penser à cela, le fait d’être à 9 points après 9 journées et à 10 points du second nantais est une situation impossible à Lyon et c’est plutôt une bonne chose que de confirmer une erreur pour tenter de rattraper la situation rapidement du côté présidentiel. Les interrogations concernant Sylvinho restent nombreuses, avec une utilisation de ses joueurs très étonnante pour ne pas dire plus : Moussa Dembélé a été mis au placard de manière incompréhensible en étant pourtant le seul numéro 9 de métier, avec un gabarit permettant de peser physiquement sur les défenses adverses, tandis que Memphis Depay n’a pas trouvé la constance tant recherchée dans ses performances. Les recrues quant à elles n’ont pas trouvé leur place dans l’effectif lyonnais ou avec des résultats décevants.
Baticle pour le moment, Blanc pour la suite ?
Loin de moi l’idée de penser que Sylvinho est un mauvais entraîneur ou qu’il n’est pas fait pour ce métier, mais dans un club où il aurait fallu être plus souple, le fait de peu revenir sur ses choix a été une limite non négligeable. C’était l’avantage d’un Bruno Génésio, qui s’il n’avait pas la capacité d’inventer de nouvelles idées pour donner vie à son équipe, maintenait au moins une forme de pérennité dans la production. Production loin d’être complète, mais avec un schéma offensif qui a permis de masquer un long moment les lacunes défensives. On en viendrait presque à défendre le bilan de Génésio, ce qui est déjà un problème en soit, et c’est dans tous les secteurs qu’il aurait fallu faire des ajustements aujourd’hui. Le choix de se séparer de Sylvinho aussi rapidement peut apparaitre à la fois dur et logique dans un milieu ou le temps est très précieux.
Deux possibilités s’offrent désormais au Président Aulas pour l’avenir avec un choix intéressant à scruter. L’ancien adjoint de Bruno Génésio et de Sylvinho est pour l’instant aux commandes de l’équipe première lyonnaise, et si aucun agenda n’a été annoncé ni même aucune intention la suite des évènements devrait être l’arrivée de Laurent Blanc à l’OL. L’entraîneur est apprécié de la Présidence est cela pourrait être un bon compromis entre renommée et certitude de pouvoir travailler en collaboration. Une autre hypothèse existe avec la piste d’un entraineur étranger (Jorge Sampaoli notamment) mais si Jean-Michel Aulas souhaite réellement faire évoluer son club à un autre niveau la solution José Mourinho existe. Aux dernières infos il n’y a pas de contact entre le Président lyonnais et l’entraîneur portugais, qui malgré un salaire imposant n’est pas un technicien intouchable pour l’OL. Cela va en réalité dépendre de la volonté de Jean-Michel Aulas, qui a clairement affiché son envie de ne pas voir son club stagner avec le départ immédiat de Sylvinho, et qui doit désormais donner un nouveau tournant à Lyon.
L’effectif lyonnais possède la qualité d’être assez riche pour pouvoir être articulé de plusieurs manières, tout en obtenant des résultats cohérents assez rapidement. Je reste persuadé que Mourinho y parviendrait aisément, et si le technicien portugais est prêt à se lancer dans cette aventure il ne faudrait pas louper l’occasion. L’association entre les deux hommes pourrait ne pas être évidente tous les jours, mais après tout n’était-ce pas la volonté présidentielle de déléguer une partie du pouvoir sportif ?
Emmanuel Trumer