Un dernier titre national acquis en 2012, des choix qui ont mené vers un déclin qui n’en finit pas, un entraîneur dont les initiatives coulent un club pourtant armé sur le plan financier, l’OL est aujourd’hui devenu un club banal du Championnat de France, encore sauvé par le poids de son Président sur les institutions mais dont les performances sont désormais lamentables. Plus de jeu, plus de centre de formation ou presque, Lyon est rentré dans le rang et à l’heure où Jean-Michel Aulas évoque sa succession il serait bon de l’anticiper pour ne pas finir une belle histoire en mascarade totale.
Pour tâcher de comprendre la 7e place actuelle de l’OL en Ligue 1, et ses difficultés incommensurables tant à produire du jeu qu’à retrouver ce qui a longtemps fait sa force à savoir son centre de formation, il faut semble-t-il remonter aux choix du Président rhodanien Jean-Michel Aulas l’été dernier. Bruno Génésio, dernier d’une lignée d’entraineurs français qui n’auront pas réussi à mener à bien leur mission de ramener un titre à Lyon n’est alors pas reconduit et laisse place à un technicien sans expérience en la personne de Sylvinho. Il faut ici y voir la volonté de Jean-Michel Aulas de s’ouvrir au monde extérieur tout en essayant de masquer les critiques quant à sa gestion de main de fer mais il s’agit en réalité d’une première grande erreur puisque l’apport du Brésilien sur le banc aura été quasi invisible, tout en se passant de quelques-uns de ses meilleurs atouts de manière assez incompréhensible comme Moussa Dembélé. Sylvinho n’aura tenu que quelques mois sur le banc lyonnais, et dans la foulée Jean-Michel Aulas s’est alors empressé de vouloir indiquer à qui voulait l’entendre qu’il récupérait le pouvoir et sa ligne de conduite avec la nomination de Rudi Garcia.
Un choix qui n’est alors plus une erreur mais un suicide sportif que le Président lyonnais continue de payer aujourd’hui avec des signaux pourtant alarmants avant même que l’ancien entraîneur marseillais ne débarque à Lyon. Une expérience épouvantable à l’OM, tant au niveau des résultats que du contenu, mais c’est ainsi que Jean-Michel Aulas agit, avec la ferme certitude que ses choix suprêmes ne pourront mener qu’à la gloire. Marseille n’a pas réussi avec Garcia ? Qu’à cela ne tienne, à Lyon c’est sûr il réussirait. Le pari s’est transformé en cauchemar avec des résultats toujours plus mauvais, et un contenu dans le jeu qui frise le néant. Pire, le centre de formation si important dans l’institution lyonnaise est aujourd’hui relégué au second plan pour des achats compulsifs comme celui de karl Toko-Ekambi, aussi inutile qu’onéreux, voir même dangereux pour l’équilibre d’un vestiaire qui possédait pourtant toutes les armes pour faire face à la longue blessure de Memphis Depay. Un entraineur capable de couler les finances d’un club phocéen qui continue encore aujourd’hui de payer le passage de Rudi Garcia, sans scrupule mais surtout sans aucune connaissance d’un football moderne qui l’a totalement dépassé. La méthode de Rudi Garcia ? Écouter les plateaux télés, ceux que son président aime à encenser sur les réseaux sociaux, avec une garantie pour lui de ne pas être accablé en cas d’échec. Manque de chance c’est plutôt les réussites qu’il faut chercher dans les bilans de l’entraîneur français, et aujourd’hui hormis un poids non négligeable au sein des institutions, nous y reviendrons, JMA se retrouve dos au mur avec une impossibilité de faire évoluer ses joueurs.
Il y a bien Houssem Aouar, si précieux dans l’entrejeu lyonnais avec cette aisance technique mais également cette capacité à éliminer et à terminer les actions, ou Moussa Dembélé un attaquant redoutable qui malgré les mises à l’écart injustifiées continue de scorer sans cesse, mais comme preuve ultime que l’OL n’a plus d’ambition ces deux joueurs ont été annoncés sur le départ ces derniers jours. Avec un nouveau stade à rembourser, les mercatos précédents pouvaient se comprendre et les ventes de Corentin Tolisso, Ferland Mendy, ou Tanguy Ndombélé, entraient dans ce processus de renflouement des caisses pour un club qui a toujours particulièrement bien su vendre ses éléments. Aujourd’hui ce n’est même plus possible car si le foot marche sur la tête personne n’est dupe quant à la qualité proposée par l’équipe lyonnaise cette saison, qui hormis ces deux hommes forts donc (Aouar – Dembélé) ressemble désormais à un club lambda du championnat de France. Certes les blessures de Jeff Reine Adélaïde et Memphis Depay ont pesé, mais là encore il faut les mettre sur le compte d’un staff de techniciens qui semble reparti dans sa mission d’anéantissement d’un autre grand club français.
Ou es-tu l’audace lyonnaise ?
Pour juger du bilan lyonnais à l’heure actuelle, il ne faudrait certainement pas oublier d’évoquer un adversaire plus puissant comme le Paris Saint-Germain, un adversaire que le Président a pourtant cru bon de vouloir challenger médiatiquement pour se retrouver finalement à 28 points d’écart et une participation prochaine en Ligue des champions compromise sauf miracle des instances. Car c’est aussi l’une des particularités de JMA qui de par son expérience et ses longues années de règne est parvenu à tisser sa toile jusque dans les plus hauts bureaux de la Ligue et si l’arbitrage envers l’OL, ou plutôt pour l’OL devrais-je dire, est connu de tous cela ne permet même plus de sauver une maison dépassée par des clubs comme Rennes ou Lille, qui avec moins de moyens mais plus d’idées sont désormais mieux dirigés. Impossible de dégager ne serait-ce qu’une once de projet de jeu dans l’OL actuel, qui doit faire face la plupart du temps à un stade déserté par ses supporters et qui malgré une belle opération en 8e de finale aller de Ligue des champions n’aurait de toute façon certainement pas résisté à un match retour. Là encore, lors de ce match aller l’attaquant argentin de la Juventus, Paulo Dybala, s’est écroulé deux fois dans la surface de réparation lyonnaise mais jamais le sifflet n’a retenti et nul doute que ces erreurs auraient été corrigés au retour à Turin. Un ensemble bien terne, où l’espoir d’un trophée semble si éloigné qu’il ne reste plus qu’à son Président les railleries envers son homologue marseillais Jacques-Henri Eyraud, qui a pourtant, lui, eu la bonne idée de se séparer de Rudi Garcia.
Une preuve d’intelligence puisque là encore il a fallu sortie le porte-monnaie mais c’était alors pour le bien de son club un objectif que semble avoir perdu de vue Jean-Michel Aulas, obnubilé par la trace qu’il va laisser. Un héritage conséquent, car si ces dernières saisons sont toujours plus délicates, il convient néanmoins de ne pas oublier les décennies passées et les titres à la pelle comme les sept trophées consécutifs en Ligue 1 bien entendu. Un héritage qui semble peser bien peu aujourd’hui, dans un ensemble sportif morne, et au sein duquel même les plus fidèles supporters ont quitté le navire. L’avenir est évoqué par le Président Aulas avec des louanges envers son associé Tony Parker et un dessin qui pourrait donner envie, mais là encore il s’agit certainement de montrer que le despotisme n’est pas une marque de fabrique tandis que les faits eux sont tenaces. Un changement de présidence serait d’ailleurs certainement la bonne solution pour entrer dans une nouvelle ère, qui je l’espère mettra un terme à ces choix d’entraineurs restrictifs pour laisser place à un capitaine de navire digne du bateau OL, souvent bien mené et aujourd’hui délaissé pour une ambition financière et de contrôle totale qui n’est pas en accord avec les discours. Si par miracle JMA comme son entraineur actuel comprennent que le football actuel passe par des idées tactiques et une évolution des joueurs, cela pourrait changer, mais au vu de la communication actuelle l’espoir est quasi nul à vrai dire. Reste alors à attendre, que Tony Parker soit prêt, et regarde les erreurs de son futur prédécesseur pour ensuite pouvoir mener sa barque plus sereinement. En attendant, il reste encore les réseaux sociaux, et l’espoir que des institutions pourtant censées être neutres lui viennent en aide.
Emmanuel Trumer