Le Maroc a confirmé sa phase de groupes aboutie, en parvenant à éliminer l’Espagne en huitième de finale de la Coupe du Monde. Un exploit retentissant pour une Nation qui est en constante évolution depuis quelques mois, et qui se présente aujourd’hui comme la sélection la plus forte de son continent.
Le chemin parcouru par le Maroc depuis son élimination de la dernière Coupe d’Afrique des Nations est une courbe ascendante qui vient de franchir un premier col important. Face à l’Espagne, candidat autoproclamé à la victoire finale, le Maroc a prouvé qu’il pouvait être au niveau et même plus encore. Avec sept points et une première place lors de la phase de groupes, face à des adversaires peu évidents comme la Croatie, la Belgique, et le Canada, le Maroc a confirmé son nouveau statut face à l’Espagne avec un match parfaitement maitrisé et une pointe de talent pour l’emporter aux tirs au but.
Une équipe solide, des individualités, un entraineur qui possède une science tactique, les atouts sont larges et nombreux. Le remplacement de Vahid Halilodzic par Walid Regragui porte ses fruits et le retour des stars comme Zyech ou Mazraoui notamment rend cet ensemble redoutable. Vahid était réfractaire à l’idée d’incorporer des joueurs capables de sublimer le collectif mais le choix des plus hautes instances du pays de modifier la donne a été le bon. Un choix et une évolution que l’Espagne et son sélectionneur Luis Enrique n’ont toujours pas pris en compte, englués dans des préceptes absurdes et incohérents.
Avec quatre petits points seulement lors de la phase de groupes, une élimination huitième de finale face à un adversaire moins armé, le parcours de l’Espagne ressemble à un fiasco qui porte la marque de Luis Enrique. Certainement l’un des moins bons sélectionneurs engagés dans cette Coupe du Monde, il n’a jamais su profiter d’une matière qui aurait pourtant dû permettre de faire bien mieux. Qu’il s’agisse de ses choix de joueurs avant la compétition, ses choix durant la compétition et son incapacité à s’adapter tactiquement, même à comprendre le football, tout est raté dans l’approche d’un Luis Enrique bien plus à l’aise pour s’exprimer via les différents canaux que de matérialiser des idées de football.
L’Espagne, une nation qui a rarement été aussi faible dans son histoire
Pendant 120 minutes et sans compter les arrêts de jeu, l’Espagne s’est heurtée à un mur sans jamais avoir réellement la possibilité de le détruire. Le milieu de terrain a été mangé par son adversaire et notamment par un Amrabat auteur une nouvelle fois d’une prestation ahurissante. En coupant toutes les lignes de passe, en réussissant à sortir le ballon proprement, Amrabat a éteint la seule et unique idée de jeu du foot espagnol. Une nouvelle fois, la Roja a multiplié les passes latérales, a perfectionné ses intérieurs du pied, mais n’a jamais mis en danger l’équipe du Maroc.
Une neutralisation parfaite, qui aurait même pu aboutir à une victoire à une victoire avant la séance de tirs au but avec plus de justesse dans le dernier geste proche de la surface de réparation adverse. La plus grande force du Maroc se situe dans sa ligne défensive, dans sa capacité à fermer les espaces et ne rien concéder à l’adversaire, mais cette idée serait mise à mal sans des individualités capables de jouer proprement à la récupération du ballon. Il ne s’agit pas d’une équipe arque boutée devant son but qui dégage le ballon en voyant des vagues successives déferler, sinon cela ne serait jamais aussi solide.
Aguerd – Saiss – Hakimi – Mazraoui – Amrabat – Ounahi, tous sont capables de fournir des efforts défensifs monstrueux tout en gardant une capacité extrêmement précieuse à évoluer avec ballon. Luis Enrique et l’Espagne n’ont rien vu venir, ne pouvant que constater les dégâts d’une équipe dont ils ne connaissaient même pas le nom des joueurs. Figurez-vous que cette équipe est tellement prétentieuse, que Luis Enrique n’est pas capable de citer les joueurs de l’équipe adverse. Une hérésie dont le Maroc a parfaitement profité pour éliminer une équipe qui n’avait d’équipe que des chaussettes, un short, et un maillot. Un maillot qu’Aymeric Laporte doit trouver bien lourd à porter aujourd’hui, et surtout d’une faiblesse rarement aperçue dans l’histoire de ce pays.
Emmanuel Trumer