Match de prestige pour le Bayern Munich et Manchester City aux États-Unis la nuit passée, et malgré un contexte plus que délicat plusieurs éléments ressortent de cet affrontement entre candidats aux trophées. Un match attendu puisque l’attaquant Erling Haaland a effectué ses débuts comme titulaire d’un côté, tandis que le Bayern Munich a frappé fort sur le mercato estival avec des recrues très importantes.
Les orages et les pluies diluviennes n’ont pas pu empêcher le choc de la pré saison de se dérouler mais ont tout de même eu un impact important puisqu’après un retard de trente minutes au coup d’envoi, le match a été rapidement arrêté pendant de longues minutes. Une interruption qui a eu un impact assez lourd sur le contenu avec douze minutes de très haut niveau avant cela, et un retour avec moins de rythme. L’entame de match a été un récital en termes de performance pour l’équipe de Pep Guardiola avec une maitrise totale de la rencontre, une possession du ballon habituelle pour cette équipe de Manchester City mais des nouveautés qui laissent présager une montée en puissance assez fantastique de ce groupe. Avec des choix extrêmement cohérents au coup d’envoi dans la composition d’équipe, Pep Guardiola a aligné ce qui ressemble à l’équipe type de Manchester City cette saison.
Le milieu de terrain est toujours aussi fort dans la possession du ballon, dans la création du jeu, et les connexions techniques entre Kevin De Bruyne – Bernardo Silva – Jack Grealish ont éclaboussé les premiers instants de ce choc. Habituel direz-vous, mais cette équipe a ajouté bien d’autres arguments pour faire figure d’ogre titanesque. Une activité à la perte du ballon qui a permis d’assoir cette maitrise totale dans le jeu, un positionnement très audacieux, mais surtout des zones correctement animées partout sur le terrain. Avec Haaland au poste de numéro 9, et une attention particulière de la part de l’adversaire forcément, avec Nathan Aké au poste de défenseur central et un match d’un niveau qui a frôlé la perfection, avec Wilson Esbrand le jeune au poste de latéral gauche et une activité ajoutée à une intelligence très intéressante, Manchester City a montré cette nuit qu’elle était désormais l’équipe la plus complète de la planète football. Une équipe bâtie pour tout écraser et battre tous les records.
Les douze premières minutes ont été un récital dans tous ces domaines, et l’interruption n’a fait que casser un rythme extrêmement élevé sans enlever les qualités de la machine Cityzen. Le Bayern Munich, nous y reviendrons, n’a pas cadré un seul tir lors de ce match, n’est jamais parvenu à maitriser la rencontre, et a constamment subi la création de l’adversaire. Le score aurait pu être bien plus lourd, mais Haaland n’a joué que 40 minutes et des automatismes restent encore à trouver avec des partenaires qui se régalent déjà de pouvoir compter sur un numéro 9 de ce standing. Kevin De Bruyne a lancé Jack Grealish qui a lui-même trouvé Haaland face au but pour le premier d’une longue liste de buts qui pourrait mener cette équipe à tous les trophées possibles.
Le Bayern est extrêmement décevant
Dans un match d’une opposition totale, entre une équipe du Bayern qui a suffoqué dans le jeu et qui a misé sur des transitions rapides et une équipe de City qui a imposé un jeu de position et de possession, le résultat du score ainsi que du contenu ne sont guère étonnants. Attendus après un mercato dantesque, les Bavarois ne sont jamais parvenus à prendre le dessus sur leurs adversaires, recroquevillés dans une moitié de terrain qui ne les met pas en avant et qui ne permet pas à ses individualités de s’exprimer. L’utilisation d’un joueur comme Kingsley frôle l’indécence pour un entraineur qui persiste dans l’idée qu’il connait mieux le football que le football lui-même, persuadé de pouvoir installer quelque chose au-delà de l’identité d’un club, d’une institution, de ses joueurs, et contre toute logique. Les choix de Julian Nagelsmann sont préoccupants, et l’ancien analyste vidéo ne semble même pas s’apercevoir de la pauvreté de son contenu.
En continuant d’installer ce schéma tactique, mais également cette philosophie de jeu et ce positionnement des joueurs, Nagelsmann est en train de détruire l’identité du Bayern qui est celle d’un club offensif, qui évolue dans la moitié de terrain adverse et avec ballon. En plus d’avoir été lâché par ses joueurs l’année dernière, la vision footballistique de Nagelsmann frôle aujourd’hui l’incompétence à ce niveau. Tandis que Manchester City a multiplié les occasions et la création du jeu avec un poteau, un face à face pour Haaland sauvé par Upamecano, et trois frappes au ras des montants, le Bayern s’est noyé dans une vision du jeu qui n’existe que dans l’esprit de son entrepreneur et des clubs moins huppés que le Bayern Munich. Une incompatibilité totale, qui s’est heurtée à la logique implacable de la construction d’un football audacieux et total en face. S’il est impossible de tirer des conclusions définitives dès maintenant, cette rencontre est la preuve que les enseignements ne sont absolument pas tirés après la saison passée et le board devra agir cette année si la route tracée ne connait pas un virage à 180 degrés.
Y-a-t-il les capacités pour le faire ? C’est un autre débat auquel seul le temps pourra répondre, mais hier il y avait un cador et un punching ball. Manchester City peut être rassuré de son côté, tant la prestation laisse présager de bonnes choses dans le jeu et dans la capacité à obtenir les trophées. Une philosophie de jeu qui a touché son idéal avec l’arrivée de l’attaquant Erling Haaland, déjà décisif et dont l’activité sans ballon a montré tout l’appétit pour la saison à venir. Nagelsmann, lui, évoque le mercato de Barcelone, Harry Kane qui est le joueur d’un autre club, mais il devrait certainement reprendre des cassettes pour se focaliser sur le jeu.
Emmanuel Trumer