Par Emmanuel Trumer - Publié le
5 : Brésil
Le Brésil est armé individuellement mais ne semble pas aujourd’hui être une équipe assez complète pour viser un sacre. Les secteurs défensifs et offensifs présentent des lacunes non négligeables et que ce soit l’absence d’un numéro 9 ou la fragilité d’une défense où Dani Alves n’a plus du tout le même rendement sont des facteurs d’inquiétude pour une nation qui ambitionne de remporter le tournoi mondial. Neymar est bien évidemment la pièce essentielle de cet effectif, et continue d’être buteur notamment sur penalty mais que ce soit avec Lucas Paqueta ou Gabriel Jésus il existe une réelle difficulté à peser dans la surface de réparation des adversaires.
La sélection brésilienne dispose de très belles individualités mais ne semble pas animée par une réelle ligne directrice collective comme ce peut être le cas de l’Argentine actuellement par exemple. Délicat donc d’imaginer l’équipe de Tite comme un favori, lui qui demande à Carlo Ancelotti des conseils pour réussir à utiliser son compatriote Vinicius dans un couloir notamment. Un sélectionneur est une donnée très importante pour réussir un sacre Mondial et là encore le Brésil semble avoir des lacunes par rapport aux favoris du tournoi 2022 qui approche à grands pas.
4 : Portugal
Le Portugal est une nation qui a profité du dernier rassemblement en Ligue des Nations pour trouver des évolutions positives et des certitudes dans le jeu collectif. Habitué à proposer des plans de jeu similaires, avec un bloc très bas et très compact, la sélection de Cristiano Ronaldo a évolué vers une capacité à créer le jeu également. Ce n’est pas encore une marque de fabrique, mais Fernando Santos s’est enfin rendu compte de la matière individuelle dont il disposait et a permis une évolution par rapport aux concepts mis en place à l’Euro 2016 et dans les compétitions qui ont suivi. La présence de Cristiano Ronaldo est encore indispensable, tant sur des qualités individuelles que sur son apport dans la confiance aux jeunes joueurs, mais d’autres individualités comme Bernardo Silva, Joao Cancelo, ou Ruben Neves notamment, arrivent désormais à s’exprimer dans un collectif plus réfléchi.
Cette évolution dans le jeu sera bénéfique à une sélection qui peut désormais s’attaquer à tous les types d’adversaires, et c’est ce qui manquait aux joueurs de Fernando Santos pour être réellement considérés comme favoris lors d’une Coupe du Monde. Le retour de Ruben Dias aux côtés de Pépé en défense centrale devrait stabiliser ce secteur, et le Portugal peut désormais avancer avec une idée de jeu plus audacieuse avec ballon mais dans son positionnement également. Un favori qu’il sera très compliqué de sortir, et qui peut faire mal à n’importe quelle nation.
3 : France
Certainement l’équipe la mieux armée individuellement, mais également celle qui a montré le plus de doutes collectivement et qui va devoir se battre en septembre pour éviter d’être relégué en Ligue B de la Ligue des nations dans un groupe pourtant abordable sur le papier avec la Croatie, l’Autriche, et le Danemark. Des Danois que les Bleus vont d’ailleurs retrouver lors de la phase de groupes du Mondial et même si le contexte sera complètement différent évidemment, il existe aujourd’hui de réelles incertitudes quant à la capacité de ces Bleus à franchir tous les obstacles. La mésaventure face à la Suisse lors de l’élimination de l’Euro 2020 en huitième de finale pourra cette fois être évitée, mais c’est face aux meilleures nations que la question pourrait se poser.
La France avance aujourd’hui avec moins de certitude que l’Allemagne, sans série de victoire, et surtout sans aucun schéma tactique qui se détache réellement puisque Didier Deschamps a tenté tout ce qui existait lors du dernier rassemblement pour la Ligue des Nations. Et à la fin de celui-ci il est strictement impossible de dire sur lequel il a le plus de convictions puisqu’aucun n’a été maintenu. Des individualités n’ont jamais gagné une compétition à elles seules, et l’idée du Mondial 2018 est aujourd’hui aisément contrée par d’autres équipes avec d’autres projets de jeu. Pas de mauvaise surprise donc dans le classement final, mais une incertitude sur la capacité à jouer les meilleures nations.
2 : Argentine
Longtemps absorbée par le seul Lionel Messi, l’âme de la sélection argentine semble avoir trouvé d’autres ressorts qui rendent cette équipe plus complète et bien plus dangereuse. Comme c’est souvent le cas cela vient des idées de jeu d’un entraineur et en l’occurrence d’un sélectionneur ici en la personne de Scaloni. La « Finalissima » remporté 3-0 face à l’Italie a permis de mettre en lumière un effectif et un collectif bien plus dangereux qu’il n’a pu l’être dans le passé, notamment avec l’apport supplémentaire d’un Paulo Dybala ou d’un Lautaro Martinez. Le schéma mis en place par Scaloni est audacieux, joueur, et repose sur des principes clairs sans se baser uniquement sur le génie de Leo Messi comme cela a pu être le cas avec Jorge Sampaoli notamment.
L’Argentine s’est qualifiée aisément de sa phase d’éliminations en Amérique du Sud, et a montré sa supériorité face au Champion d’Europe en titre. Un résultat à nuancer tout de même car l’Italie n’est même pas parvenue à se qualifier pour le prochain Mondial 2022. L’incertitude réside aujourd’hui dans la capacité de ce groupe et de cette équipe à affronter des armadas offensives adverses, comme l’Allemagne notamment, avec un secteur défensif argentin qui peut se retrouver exposer. Mais Scaloni semble être un sélectionneur intelligent, capable de s’adapter, et il pourrait trouver des solutions au moment où il le faut.
1 : Allemagne
Invaincue depuis la nomination du nouveau sélectionneur Hansi Flick, la sélection allemande a trouvé un rythme de croisière très intéressant dans la performance malgré une reconstruction qui prend logiquement un peu de temps. Le retour de joueurs qui étaient sortis de l’effectif et l’installation d’idées de jeu propres à Flick ne permettent pas encore d’obtenir la quintessence d’un football recherché par la Mannschaft, mais la série de treize rencontres sans défaite dont neuf victoires probantes permet d’être optimiste quant à l’état de forme de l’Allemagne au Mondial 2022 dans quelques mois.
Hansi Flick est encore dans la recherche d’un équilibre collectif, dans la compréhension d’un système de sélections nationales qui diffère de celui de clubs, mais autant d’un point de vue individuel que collectif il ne semble avoir rien à envier aux sélections avec des superstars comme peuvent l’être l’Argentine, le Portugal, ou la France. C’est même dans un aspect tactique qu’il se démarque puisqu’il possède une avance dans ce domaine face à ses concurrents qui cherchent tous la bonne formule à quelques mois du début du Mondial. L’Allemagne, le favori numéro 1.
Emmanuel Trumer
