Avec un progrès évident au classement de Ligue 1, avec une finale en Coupe de France, l’OGC Nice semble avoir trouvé les certitudes recherchées depuis l’arrivée du nouvel investisseur à la tête des Aiglons. Puissant financièrement, Nice s’est lancé dans un projet qui consiste à mettre en valeur de jeunes joueurs à fort potentiel tout en gardant cette quête de performance sportive. Un équilibre compliqué à trouver, et illustré par les tensions au sein de la direction cet été.
En passant de la 9e place à l’issue du championnat 2020-2021 de Ligue 1 à la 5e cette année après l’exercice 2021-2022, la transition de l’OGC Nice semble réussie. L’arrivée de Christophe Galtier allait en ce sens, et même si les objectifs secrets pouvaient certainement être encore plus élevés dans une Ligue 1 qui a vu des concurrents au podium caler cette saison c’est en tout cas déjà une progression. Au niveau des statistiques, la « patte » Galtier s’est mise en place et après 38 matches de championnat c’est un Nice beaucoup moins friable qui se présente aujourd’hui. Concrètement, l’OGCN avait encaissé 53 buts l’année dernière contre 36 cette saison. Preuve de plus que le schéma à 5 défenseurs et trois centraux n’est absolument pas une garantie de stabilité, c’était dans cette idée que Patrick Vieira n’arrivait pas à stabiliser son équipe. Avec son 4-4-2 inamovible depuis Lille, et un bloc équipe très bas il faut le dire, Galtier est parvenu à rendre son équipe moins perméable mais n’a pas encore réussi son équipe plus attrayante dans le jeu, dans la construction des occasions de but, et le bilan offensif est similaire à son prédécesseur et même moins bon : 53 buts marqués la saison dernière, 52 cette année.
C’est d’ailleurs la marque de fabrique de l’entraineur passé par Saint-Etienne et Lille, avec une volonté féroce de fermer les espaces défensivement pour l’adversaire, de faire évoluer son bloc équipe proche de son gardien, et de procéder sur des transitions rapides en opérant sur des contres. Lorsque ses équipes sont dans l’obligation de construire le jeu avec la possession du ballon, avec un jeu de position plus audacieux et plus haut sur le terrain de ses joueurs, alors les limites apparaissent immédiatement. En somme, lorsque le contexte du match s’inverse et que son équipe est en position de force il n’existe plus de solution pour peser offensivement et faire mal à une équipe regroupée.
La finale de la Coupe de France, même si une finale ne peut servir à cela de par l’enjeu, est un exemple concret d’une équipe et d’un entraineur qui n’ont pas réussi à contourner le plan de jeu nantais et qui se sont fait prendre sur un penalty adverse. Désormais le plan de jeu Galtier est connu, et lorsque l’adversaire n’est pas obligé de faire le jeu alors il prend un malin plaisir à laisser l’OGC Nice patauger dans une philosophie de jeu qui ne peut permettre d’atteindre les sommets. Les hauteurs du jeu bien sûr, et Nantes sans jamais déployer une volonté réelle de maitriser le match a pu remporter le trophée au Stade de France avec bien moins de moyens. Les recrues dont dispose Christophe Galtier à Nice ont d’ailleurs été des sujets de discussion intenses et le club niçois semble se diriger vers un départ du directeur sportif.
Les pleins pouvoirs pour Galtier l’année prochaine ?
Les reproches précis concernant les arrivées de joueurs à l’OGCN ne sont pas explicitement connus, mais l’ancien du LOSC pourrait globalement reprocher des recrues trop tendres, sans expérience réelle des premières places nationales ou des finales de Coupes nationales, en sorte s’inscrire contre une certaine volonté de trading de la part de ses dirigeants. L’argument est parfaitement recevable, d’autant plus que l’entraineur français s’est engagé à Nice dans un but précis avec l’objectif de réitérer l’exploit lillois dans le Sud de la France. Pari raté cette saison et donc des premières tensions qui doivent logiquement donner raison à Galtier puisqu’il est la tête du nouveau projet niçois. En réalité le projet des Aiglons n’a pas évolué tant que cela sur le plan économique mais les pressions mises par le nouvel entraineur doivent entrer dans cette réflexion d’un effectif plus expérimenté, plus apte à supporter la pression des premières places lors des dernières journées, et la saison écoulée le confirme.
Julien Fournier, le directeur sportif, est donc sur le départ et Galtier va pouvoir modeler son effectif à sa guise pour la prochaine saison. Les arrivées seront intéressantes à scruter, mais l’erreur serait de penser que seules celles-ci vont permettre au club de franchir encore un nouveau palier. Dans les choix du technicien, plusieurs incohérences sont apparues au fil de la saison. Le positionnement individuel de ses joueurs par exemple, avec un Amine Gouiri positionné dans le couloir gauche et donc privé d’une zone axiale qu’il affectionne particulièrement et où il a la liberté de s’exprimer et de rayonner. L’insistance également pour préserver avec un milieu au profil défensif dans un couloir pour équilibrer le tout, même si ce point précis a évolué avec Justin Kluivert notamment. L’utilisation très (trop) parcimonieuse d’un Billal Brahimi peut également poser question alors qu’il a été recruté justement pour évoluer comme ailier dans un couloir, et globalement ce sont des choix individuels qui posent question quant à la gestion de Christophe Galtier.
Certains pourraient même y voir une manière de poser ses joueurs sur le terrain et de les laisser se débrouiller pour trouver des solutions au sein d’une rencontre, sans chercher à peser sur le match depuis le banc. Exagéré probablement, mais c’est ici un axe à travailler pour la prochaine saison, tant dans sa propre approche tactique que dans l’étude de ses adversaires pour pouvoir y opposer une réponse tactique toujours plus cohérente. Avec l’un des salaires les plus importants de Ligue 1 pour un entraineur, c’est la mission qui est confiée et qui doit être résolue sur le banc niçois par Christophe Galtier, mais ce sera surtout la clé pour des résultats sportifs toujours meilleurs. La frilosité niçoise dans le jeu n’est absolument pas une spécificité propre au club des Aiglons, mais la puissance financière ajoutée à l’ambition des propriétaires actuels doit pousser ce club à une réflexion toujours plus poussée. L’Équipe de France passera certainement par ici.
Emmanuel Trumer