Battu à Rennes (1-0) lors de la 19e journée de Ligue 1, le Paris Saint-Germain a enchaîné une deuxième défaite consécutive à l’extérieur après celle concédée à Lens (3-1). Des résultats qui ont un moment masqué des lacunes importantes dans le jeu, et qui aujourd’hui mettent en évidence une réflexion déficiente d’un point de vue tactique. Paris n’avance plus, et se retrouve dépourvu de toute idée sur la manière de construire le football à quelques semaines seulement des deux matchs les plus importants de l’année face au Bayern Munich.
Pour répondre et tenter de comprendre les difficultés du PSG, une donnée revient régulièrement. Une idée erronée, disons-le d’emblée, qui voudrait que la Coupe du Monde organisée au milieu de la saison en club ait coupé les automatismes de cette équipe parisienne. Encore faudrait-il qu’il y en ait, des automatismes, que des individualités n’auraient plus la capacité de produire dans une idée de jeu précise. Mais les certitudes dans le contenu du PSG n’existent pas, avec un entraineur qui n’a jamais senti le besoin d’installer une philosophie de jeu. Un entraineur qui a toujours et exclusivement été tourné vers la fermeture des espaces. A Saint-Etienne, à Lille, à Nice, tous ces clubs ont été amené à une solidité sans ballon qui n’est aucunement viable avec le Paris Saint-Germain, surtout quand cette volonté de fermer le jeu n’est pas accompagnée d’idée précise concernant l’utilisation du ballon.
Christophe Galtier justifie lui-même les défaites récentes par la Coupe du Monde, comme ce fut le cas après le match à Rennes : « Les joueurs ont été dispersés aux quatre coins du monde, avec des schémas tactiques différents, avec des attentes différentes » la question étant de savoir ce que l’entraineur du PSG installe tactiquement avec ses joueurs. Le schéma en 3-4-3 avec ballon et 5-3-2 sans ballon représente l’idéal de Galtier depuis le début de saison, celui qu’il estime être le plus propice au développement de sa vision du football. C’est également le cas du directeur Luis Campos, celui qui a toujours été à l’origine des choix tactiques de Galtier récemment, que ce soit au PSG mais également à Lille. Un schéma qui offre une sécurité défensive, mais qui ne permet pas d’avoir une maitrise sur le jeu et sa construction. En rajoutant un troisième défenseur central (Danilo), Galtier dépeuple un milieu de terrain qui ne parvient pas à créer les situations de but et qui tire des joueurs comme Neymar et Messi dans des zones beaucoup plus éloignées de celles où ils rayonnent.
Avec l’obligation de décrocher pour demander le ballon, les joueurs du PSG ne peuvent parvenir à déstabiliser des blocs adverses regroupés. Le PSG est une équipe qui joue trop bas sur le terrain, là encore dans la vision d’un entraineur qui est totalement effrayé par les espaces laissés dans son dos et le secteur défensif. Avant de penser au football, à son essence même, Galtier pense à sa fermeture et sa quête de solidité. Une inadéquation totale avec ce que représente le PSG, l’une des plus grandes puissances en termes de matière mise à disposition et qui se retrouve totalement impuissant face à des équipes qui ont une analyse sur le football. C’était déjà le cas face à Benfica, que le PSG n’est pas parvenu à battre en deux matchs, et ce fut le cas face à Lens et Rennes. Ce fut le cas également à bien d’autres reprises, mais Galtier n’a jamais vu le problème avec des résultats parfois sauvés par des individualités sur des coups d’éclats. Le jeu n’existe pas à Paris, car il n’est pas une donnée prise en compte.
Le Bayern Munich, un ogre qui a évolué
En terminant deuxième de son groupe de Ligue des Champions, le PSG s’est mis en difficulté très tôt dans la saison avec une double confrontation à venir face au Bayern Munich. Un ogre qui évolue aujourd’hui dans une idée précise, et qui a retrouvé ses forces. C’est avec une défense à quatre élèments que le club bavarois a pu renouer avec sa capacité à créer dans le jeu, notamment offensivement, et malgré des interrogations sur le plan individuel il existe actuellement bien plus de certitudes. L’arrivée d’un gardien de but, la question de la pointe de l’attaque entre Choupo Moting et Tel, sont des points qui doivent être réglés rapidement, mais le Bayern a pensé au jeu dans sa globalité. Au contraire du PSG. Un club parisien qui voit ses concurrents en Ligue 1 revenir très proche au classement, et qui peut craindre un vrai relâchement cette fois-ci en cas d’élimination lors des huitièmes de finale de la Ligue des Champions. La seule période satisfaisante dans le jeu pour le PSG a été effectuée dans un autre schéma, à contre cœur.
Une entité qui évolue tout de même hors des terrains, avec le message que le centre de formation parisien est aujourd’hui pris en compte. Les prolongations récentes des contrats de Zaïre Emery, Housni, Kari, ou encore Gharbi, montrent que le PSG compte sur ses propres talents à l’avenir au lieu de miser constamment sur des recrues étrangères qui apportent trop peu. Là encore, l’apport de Luis Campos pose question puisqu’aucun des joueurs arrivé l’été dernier n’est aujourd’hui indiscutable dans cette équipe du PSG. Dans une gestion qui semble tout de même plus humaine, où les individualités ne sont pas jetées aux loups comme cela a pu être le cas par le passé, la question du football est un paramètre qui n’entre pas dans le champ d’action de la direction sportive du Paris Saint-Germain.
La question du stade est un autre sujet d’actualité, avec un propriétaire du club parisien qui voudrait logiquement acheter le Parc des Princes pour pouvoir faire les travaux nécessaires et en récolter les bénéfices financiers sur la durée. Un propriétaire qui se heurte à la volonté de la Mairie de Paris de ne pas vendre l’enceinte parisienne, mais qui oblige de ce fait le PSG à construire son propre stade ailleurs. La position de la Mairie de Paris est intenable, car l’idée de continuer à louer le Parc des Princes tout en faisant payer les travaux par le PSG n’est pas viable. La Mairie a deux solutions : vendre le Parc des Princes, ou accepter de financer la totalité des travaux à venir. Comprenant le besoin de garder ses racines historiques attachées à la ville de Paris, le propriétaire ne saute pas (encore) sur l’occasion de se délocaliser. Un bienfait qui doit être noté, et qui contraste avec les difficultés totales sur le plan du football du secteur sportif. Il manque encore ce domaine pour matérialiser un investissement et rendre grâce à un propriétaire logiquement impatient, mais les entraineurs capables de le mettre en place sont peu nombreux.
Emmanuel Trumer