A 24 ans, le milieu de terrain a quitté le Paris Saint-Germain, son club formateur, pour s’envoler vers l’Italie et la Juventus. Une nouvelle aventure qui débute pour celui qui a passé les derniers mois de son aventure parisienne à l’écart du groupe professionnel après avoir refusé de prolonger son contrat. Une fracture qui a pris forme l’été dernier déjà, alors que Rabiot souhaitait rejoindre le FC Barcelone, et que Paris ne sera jamais parvenu à réparer. Pire, le PSG aura longtemps été un cauchemar pour Adrien Rabiot.
Pour comprendre la rupture entre Adrien Rabiot et son club du PSG, il faut remonter à l’été dernier, au moins, si ce n’est plus loin. La situation contractuelle du longiligne milieu de terrain est connue de tous, et à quelques mois de l’expiration de celui-ci le FC Barcelone tente une approche officielle pour acheter Rabiot. L’offre catalane arrive tard, fin aout, dans les locaux du Paris Saint-Germain, et ne convient pas aux dirigeants parisiens. Cette offre à hauteur de 20 millions d’euros sera immédiatement refusée par le PSG et Rabiot avancera alors dans son choix de ne pas prolonger son contrat pour partir libre. Thomas Tuchel vient de débarquer à Paris et évoque de suite son envie de travailler avec le joueur formé au club. Adrien Rabiot est convaincu de pouvoir apporter pour sa dernière saison à Paris, et Tuchel manque de monde au milieu de terrain et n’évoque donc jamais la situation contractuelle de son joueur. Rabiot n’a jamais promis à son entraîneur qu’il prolongerait puisqu’il avait dans l’esprit de quitter le PSG dès l’été dernier. Tout le reste n’est qu’un subtil mélange entre mensonges et communication pour saboter la carrière d’un jeune joueur, mais j’y reviendrai.
La première partie de saison se déroule sans accroc majeur entre Rabiot et le club dans lequel il évolue depuis ses 13 ans, mais la situation se tend lorsque le PSG comprend l’inévitable : son joueur va partir gratuitement et malgré des offres très intéressantes financièrement, Rabiot a fait son choix. Avant de se décider à attendre patiemment la fin de son contrat pour partir libre, le joueur et son agent ont refusé une proposition de prolongation de contrat de 4 ans et un salaire net de 11 millions d’euros par an à Paris. Lorsque l’offre a été soumise à Rabiot, ce dernier savait parfaitement qu’il s’agissait là de l’offre la plus élevée financièrement qu’il pourrait avoir. Peu importe … Son choix était déjà fait. Paris n’a jamais su faire changer d’avis un joueur qui espérait pourtant longtemps prendre une autre dimension dans son club formateur, avant de se faire à l’idée qu’il devait partir pour progresser. Ses requêtes auprès de Nasser Al Khelaifi, son président, pour recruter un milieu de terrain au profil plus défensif nécessaire dans l’effectif du PSG auront été veines. Et la rupture est alors intervenue dans un climat délétère, que le Paris Saint-Germain a fortement contribué à alimenter.
Rabiot, bouc émissaire d’un club particulier
Dans le vestiaire du PSG, plusieurs joueurs et coéquipiers de Rabiot sont au courant assez tôt dans la saison des envies de départ du milieu de terrain, et la plupart confortent l’international tricolore dans son choix de s’émanciper ailleurs à l’issue de son contrat. En somme c’est un choix plutôt logique, comprenez : Paris a refusé les avances de Barcelone l’été dernier, si Rabiot veut partir il n’a d’autre choix que de partir gratuitement. En prolongeant éventuellement son contrat au PSG, il s’expose à ce que son club s’oppose à son départ même en cas d’offre majeure. Cela arrive dans tous les clubs, régulièrement, mais « l’affaire Rabiot » ne passera pas au PSG et les derniers mois ressembleront à un long bras de fer dont le PSG est encore sorti perdant. Une fois de plus. En se privant de son milieu de terrain toute la deuxième partie de saison, Paris s’est tiré seul une balle dans le pied avec un effectif déjà très réduit dans ce secteur. Thomas Tuchel fait alors ce qu’il fait de mieux, se plier aux consignes de ses dirigeants sans chercher à comprendre, et écarte définitivement Rabiot du groupe professionnel. S’en est alors suivi une longue traque nauséabonde qui a d’abord visé à faire passer Rabiot et son agent pour des mercenaires, avant de le dénigrer sur le plan sportif. Un plan organisé comme le PSG les affectionne et qui personnellement me répugne. Je ne vais pas revenir là-dessus en détails, ce ne serait pas flatteur pour le club du PSG, et il est temps pour Rabiot de passer à sa nouvelle aventure.
L’idée du clan Rabiot était, dans un premier temps, de rejoindre le FC Barcelone gratuitement cet été à l’issue du contrat parisien du joueur. Le contrat a été ficelé avec Eric Abidal mais le club catalan réussit à attirer l’une des grandes attractions de ce marché estival en la personne de Frenkie De Jong pour un montant de 75 millions d’euros en provenance de l’Ajax Amsterdam. Rabiot comprend alors qu’il n’est plus la priorité et se met en quête d’un autre défi. Là encore, les rumeurs sur son désir de prolonger son aventure au PSG tardivement sont fausses et visent à dénigrer un joueur décidé. Ce sont finalement Sarri et la Juventus qui réussiront à faire le gros coup, après une proposition alléchante. L’entraîneur italien s’est lui-même entretenu avec Rabiot pour lui évoquer son envie de le voir le rejoindre, et la Juventus s’est aligné sur les demandes du clan Rabiot. A Turin, et après la signature officielle de son contrat, le milieu de terrain français touchera un salaire de 7 millions d’euros net par an et devrait donc avoir un statut qui lui permette d’avoir son mot à dire dans un effectif bien garni. Le profil de Rabiot, qui peut jouer à tous les postes du milieu de terrain dans le système tactique de Sarri, doit désormais s’incorporer dans un club légendaire, ou la rigueur et le sérieux sont de mises constamment. A 24 ans, c’est certainement le mariage parfait.
Emmanuel Trumer