Engagé dans un périlleux barrage face au troisième de Ligue 2, l’AS Saint-Etienne joue sa survie en Ligue 1 et peut encore espérer se maintenir après une saison catastrophique au niveau sportif. Dans le contenu, et donc forcément dans les résultats, l’ASSE aura touché le fond avant d’entrevoir la lumière dans les dernières minutes de l’ultime journée de Ligue 1. Pas encore suffisant pour assurer sa place dans l’élite, mais un espoir tout de même puisque le match aller-retour face à Auxerre représente une formidable opportunité.
Il aura fallu attendre la 80e minute de la 38e journée pour voir un signal positif du côté de l’AS Saint-Etienne, mais l’égalisation obtenue à Nantes grâce à Romain Hamouma dans les tous derniers instants permet au club du Forez de garder le cap du maintien en Ligue 1. Il fallait pour cela que Metz ne prenne pas de point dans le même temps, et s’il n’y a eu aucun suspens dans l’autre rencontre il restait donc à Sainté de mettre un terme à une série de défaites qui a plongé les Stéphanois dans une situation très compliquée. Avant cet « exploit » acquis à Nantes, il y a eu une longue série de mauvais résultats puisque Saint-Etienne quatre défaites sur les cinq derniers matches, avec un seul match nul face à la lanterne rouge bordelaise. L’effectif stéphanois ne parvenait pas à voir le bout d’un chemin parsemé d’embûches à l’intérieur même du club, et la nomination de Pascal Dupraz après le départ de Claude Puel aura été le début d’une longue marche arrière. Un frein qui prendra fin à l’issue de l’exercice en cours et donc après le match aller-retour du barrage face à Auxerre.
Avec Claude Puel à sa tête lors de la première partie de saison, l’ASSE a installé un schéma en 4-3-3 qui ne pouvait pas convenir pour plusieurs raisons : le manque d’un attaquant de pointe dans l’effectif stéphanois, et l’incapacité à animer ce schéma qui doit être tourné vers l’avant. Dans l’esprit de Puel, les espaces devaient être fermés au lieu d’être crées en faveur de son équipe dans la moitié de terrain adverse, et lorsque l’entraineur a voulu modifier son idée de départ c’était pour s’enfoncer dans un schéma tactique encore plus restrictif. Avec cinq éléments en défense, Puel a perdu un groupe de joueurs qui ne demandait qu’à avancer. Puisque le technicien est allé dans ce sens, Sainté a alors opté pour cette erreur de manière définitive avec Pascal Dupraz. L’erreur qui pourrait couter le maintien face à Auxerre. Que ce soit Dupraz ou Sablé qui donne les consignes tactiques actuelles, que Dupraz ait été pris pour sa soi-disant capacité à obtenir le maintien, tout cela ne peut absolument pas s’entendre. S’il suffisait d’avoir de la réparti et d’être possible « un grand frère » pour les joueurs comme on l’a évoqué à Saint-Etienne alors le football serait beaucoup plus simple.
Installer l’idée que Saint-Etienne allait s’en sortir grâce à des schémas tactique de Coupe, que les duels et l’intensité défensive allaient primer sont les concepts de jeu qui ont mené Saint-Etienne à la place de barragiste de Ligue 1, au lieu d’avancer les Verts n’ont fait que reculer. Dans le schéma actuel, et sans réel attaquant de pointe, le résultat aura mené à des joueurs démotivés, un contenu footballistique pauvre, et une relégation qui est désormais réellement envisageable. Même si le barrage aller-retour permet aux Verts de recevoir à domicile au retour, l’opposition face à Auxerre l’équipe de Jean-Marc Furlan pourrait être un dangereux obstacle.
Deux matches de Coupe avant de retrouver le football
Installé dans un 4-3-3 plutôt cohérent et étudié dans les profils individuels, Furlan n’hésite pas à non plus à demander à un de ses trois milieux de terrain axiaux de jouer au niveau des défenseurs centraux pour apporter une stabilité défensive. Tout cela dans un contexte qui consiste à vouloir maitriser le jeu par la possession plus que d’opérer sur des transitions rapides en contre. L’idée n’est pas la plus audacieuse du monde et dans une Ligue 2 qui prône les duels et le combat physique c’est même intelligent de sa part. D’autant plus que ce schéma s’adapte parfaitement à la confrontation stéphanoise et c’est en ce sens que le duel n’est pas si déséquilibré qu’il pourrait le paraitre.
Saint-Etienne ne va pas changer pour cette double confrontation, et il faudra alors compter sur la qualité individuelle de ses joueurs pour franchir ce palier. Saint-Etienne possède bien plus de matière pour provoquer des situations de but, et même sans attaquant de pointe et face à Charbonnier en face cela peut suffire. L’information d’un départ de Pascal Dupraz en fin de saison, maintien en poche ou non, doit libérer des hommes frustrés, dans l’incapacité d’exprimer leur potentiel maximum, et qui doivent désormais se focaliser sur l’ultime objectif pour revoir la Ligue 1 dès la reprise et repartir sur de nouvelles avec un nouvel entraineur. Il restera alors à travailler de nouveaux schémas, sans le staff actuel, et à recruter quelques joueurs pour compléter un effectif déjà intéressant. Un attaquant évidemment, ou deux, un ailier, un milieu de terrain, un défenseur central et deux latéraux.
Bien évidemment cela se fera en fonction du maintien acquis ou non, des idées et de la philosophie de jeu du nouvel entraineur, voire de l’arrivée d’un nouvel investisseur si celui en place n’est pas enclin à améliorer l’effectif stéphanois. Toujours est-il que Saint-Etienne ne doit plus passer une nouvelle saison à reculer, à avoir peur, car ce n’est pas l’identité de cette immense institution. Avec des ingrédients, tant dans les infrastructures que dans l’histoire même de ce club, le jeu proposé doit être tourné vers l’avant et penser pour poser des problèmes à l’adversaire avant de vouloir se recroqueviller dans sa moitié de terrain pour piquer en contre. C’est ça l’identité ASSE, et ce que mérite Geoffroy Guichard. La réflexion doit primer, ce qui n’a jamais été le cas cette année. Il reste deux matches pour s’en sortir et retrouver des bases saines.
Emmanuel Trumer