Strasbourg, à quoi tu joues ?

Vainqueur de l’Olympique de Marseille lors de la sixième journée de Ligue 1, le Racing Club Strasbourg Alsace a réalisé la sensation de ce début de saison. Une entame de championnat marquée par de la frustration mais également des promesses convaincantes. Avec un contenu abouti dans sa globalité face à l’OM pour finalement être la première équipe à faire tomber celle de Roberto De Zerbi.  

Liam Rosenior avait prévenu, avec lui la volonté de créer du jeu avec ballon est grande et il souhaite le transmettre. Il aime répéter qu’il réfléchit à des circuits de jeu et de passe depuis ses huit ans, qu’il a envie de proposer un football offensif, et il faut dire que cela se voit concrètement dans sa mise en place tactique. Depuis la première journée, l’équipe alsacienne entraînée parRosenior tente une approche différente et cherche à devenir une équipe de possession plus que de contres.

Souvent, son équipe a été trop ambitieuse dans son jeu de possession et s’est heurtée à une réalité sportive. Désormais, la capacité qui semble se dessiner à fermer des espaces semble rendre ce RCSA encore plus complet. C’est à la mi-temps du match face à Lille, lors de la 5e journée de Ligue 1, que le changement a été perceptible. Après 45 minutes inquiétantes d’un point de vue défensif, qui auraient pu permettre au LOSC de marquer 4 buts, Strasbourg est parvenu à fermer des espaces dans sa moitié de terrain. Des lignes plus proches les unes des autres, un rôle de latéral gauche mieux respecté par Diego Moreira, et une volonté d’un positionnement moyen plus bas, les changements ont été concrets et efficaces. Les quatre buts encaissés face à Lyon, les contres laissés à Angers et Rennes, tout cela a abouti à une réflexion et une capacité d’action.

Cela n’empêche pas Moreira de jouer très haut dans son couloir en soutien de Nanasi, mais de manière moins fréquente. Cela n’empêche pas Strasbourg de vouloir construire des séquences de jeu avec ballon notamment grâce à Andrey Santos, mais de manière moins récurrente. Le pragmatisme a été adopté, et l’ensemble a trouvé une cohérence lors du deuxième acte face à Lille puis face à Marseille. Rosenior a pensé son équipe pour calquer l’adversaire, avec un marquage précis et une capacité à réduire les espaces pour le porteur du ballon en face.

Des individualités, des idées collectives, Strasbourg est en évolution 

Si Rosenior peut mettre en place ses idées de jeu avec ballon, c’est également parce que le recrutement de Strasbourg a été conséquent et plutôt réussi. Pas seulement l’été dernier, mais globalement depuis l’arrivée du nouveau propriétaire BlueCo. Le groupe qui possède Chelsea a mis la main sur le club français pour développer ses jeunes joueurs d’un côté, et entreprendre un recrutement tourné vers les très jeunes talents de l’autre. Andrey Santos (3 buts), Emegha (3 buts – 1 passe décisive), Nanasi (3 buts – 1 passe décisive), Bakwa (2 passes décisives), Moreira (1 but – 1 passe décisive), Petrovic, tous sont arrivés avec le nouvel actionnaire et tous sont en train d’atteindre un niveau très intéressant en Alsace.

Des individualités, un projet de jeu différent (et beaucoup plus audacieux) qu’avec l’ancien entraîneur, une capacité à comprendre les lacunes et à les modifier, Strasbourg est désormais 8e de Ligue 1. Seules trois équipes ont marqué plus de buts que le RCSA, et la victoire acquise face à l’OM en étant capable de réduire au maximum les velléités offensives d’une équipe adverse pourtant capable de créer des occasions montre que la franchise alsacienne est en pleine évolution. Et en évolution positive. Délicat après six journées seulement de dire ou terminera Strasbourg en Ligue 1, mais le top 8 qui était inaccessible l’année dernière est désormais un objectif audible. Accessible.

Il faudra évidemment réussir à trouver de la constance, pouvoir répéter la deuxième période face à Lille et le match entier face à l’OM, mais cette équipe strasbourgeoise a désormais tous les atouts pour tenter un classement beaucoup plus lointain que la zone de relégation et ses alentours qui était l’habitude du club. Une réussite, une satisfaction, et une équipe qu’il est désormais plaisant de regarder jouer. Finalement, c’est dans la simplicité d’un schéma à 4 derrière, beaucoup plus lisible, dans la logique d’un positionnement plus cohérent, que Liam Rosenior peut mettre en place ses idées. Strasbourg joue désormais au foot, et plutôt bien.

Emmanuel Trumer