Il était censé incarner le renouveau du projet parisien. Après les échecs successifs de Laurent Blanc et Unai Emery à emmener ce groupe parisien au niveau où il devrait être au sortir de 8 années de lourds investissements, c’est le technicien allemand de 45 ans qui a été choisi l’été dernier pour faire franchir ce cap au Paris Saint-Germain. Une première année riche en rebondissements, dont le bilan ne peut être que négatif. Forcément décevant, et à quelques moments alarmant.
Dès le mois de mai 2018, le nom du futur entraîneur du PSG est connu et il s’agit de l’allemand Thomas Tuchel, à la quête d’un nouveau challenge après des expériences allemandes à Mayence puis Dortmund. Tuchel arrive en France avec dans ses bagages un staff qu’il choisit personnellement et modélise au fur et à mesure de son installation parisienne. Sa première mission est de taille puisqu’elle consiste à renforcer l’effectif du Paris Saint-Germain, certes clinquant mais avec des manques et des axes d’amélioration connus. Le PSG manque cruellement d’un milieu de terrain défensif, un vrai 6 capable de récupérer une dizaine de ballons par matches même lorsque la pente s’élève. Paris dispose certes de Rabiot l’été dernier, qui peut occuper ce poste là mais qui n’est pas sa préférence d’alors, et de Diarra qui possède ce profil précis mais qui aura été jugé en méforme par ses entraineurs.
Les problèmes du PSG commencent précisément à ce moment-là, quelques jours seulement après l’arrivée de Tuchel à Paris. Le club parisien possède également dans ses rangs un directeur sportif en la personne d’Antero Henrique, et la vision du mercato parisien diffère en tous points entre les deux hommes. Le pouvoir est alors directement donné de Doha à l’entraineur allemand qui peut boucler l’arrivée de deux de ses cibles : Choupo-Moting et Kehrer.
Antero Henrique, qui connait la situation du PSG face au fair-play financier après les arrivées pour 400 millions d’euros de Nemar et Mbappé à l’été 2018 (même si le paiement de Kylian Mbappé a été décalé d’un an) et les difficultés à venir pour boucler des recrutements conséquents exprime alors son scepticisme en interne. Pour le directeur sportif, payer 37 millions d’euros pour racheter la dernière année de contrat de Kehrer à Schalke est loin d’être une priorité. Concernant Choupo-Moting la situation est encore plus cocasse puisque le Portugais ne sait tout simplement pas ou évolue le joueur avant sa signature au PSG et n’hésite pas à le signifier à ses proches l’été dernier. Une relation qui débute de manière laconique et qui ne s’est toujours pas arrangée entre Tuchel et Henrique. Ce dernier semble d’ailleurs accepter son sort et applique désormais religieusement les consignes qu’il reçoit. Sans parfois comprendre les choix, mais en respectant la hiérarchie imposée par Doha.
L’été dernier marque également un tournant pour plusieurs joueurs de l’effectif du Paris Saint-Germain. D’abord pour Adrien Rabiot, qui se pose des questions quant à son avenir au sein du club de la capitale et qui fait part à son Président Nasser Al Khelaifi de son envie d’évoluer à l’étranger. Refus catégorique de la direction qui balaye l’offre du FC Barcelone, au courant des envies d’ailleurs du joueur. Rabiot ne prolonge pas au PSG, et sa relation avec le club s’est transformée en psycho drame après une mise à l’écart beaucoup trop sévère et violente à mon gout.
Pour Aréola également, qui a reçu l’été dernier la promesse de son entraineur d’être le gardien numéro 1 du PSG cette saison. C’était avant l’arrivée de Buffon, et une garde alternée des cages qui n’aura convenu à personne. Un gros échec pour Tuchel. Et enfin pour Cavani, qui dès l’été dernier se pose des questions quant à son rôle au sein du club. Un rôle qui n’aura eu de cesse d’être rabaissé au fil des périodes, malgré des performances qui font de lui l’un des meilleurs avants centres de la planète football. Mais je vais revenir sur Cavani, parce que son cas illustre parfaitement les maux du PSG.
La méthode Tuchel interroge
La saison du PSG démarre donc dans un contexte déjà assombri par les querelles de personnes, avec un entraîneur convaincu de pouvoir changer la mentalité de ce groupe, mais avec un effectif partiellement concerné, ou alors concentré sur des objectifs individuels. Les premiers résultats sont plutôt bons et immédiatement c’est l’emballement. Certains observateurs voient en Tuchel une sorte de Christ rédempteur pour un vestiaire en manque d’autorité, ou alors un génie tactique capable d’éblouir des joueurs qui ont tout gagné. La suite sera une succession d’échecs aussi retentissants les uns que les autres, mais pourtant perceptibles dès le départ.
C’est lors du 8ede finale de Ligue des champions face à une équipe très largement remaniée de Manchester United et une défaite après un match en dessous de tout dans le contenu que le vestiaire du PSG a implosé. Les choix de Tuchel, humains comme tactiques sont alors apparus insupportables pour plusieurs joueurs et en premier lieu Edinson Cavani. Sur le banc, le meilleur buteur de l’histoire du club parisien a assisté impuissant à la déroute des siens. Il était alors apte à entrer en jeu pour aider son équipe, et le choix de son entraineur de préférer la vitesse de Mbappé seul devant a été très mal vécu. En rentrant aux vestiaires, après le match, Cavani s’emporte alors contre son entraîneur et lui fait savoir que ses choix ne sont pas bons. C’est après ce match que Cavani se met lui-même en indisponibilité, et met à exécution ce qu’il avait laissé entendre auparavant, lui aussi partirait en Uruguay si Neymar était autorisé à partir au Brésil.
Face à Manchester United, Tuchel a payé une frilosité coupable, certain de pouvoir faire la différence avec ses idées mais sans jamais mesurer l’ampleur de ses décisions qui ont mené le PSG à subir dans les dernières secondes et finalement concéder un penalty après une énième bourde de Kimpembe. Tuchel, loué pour sa capacité à utiliser différents schémas se retrouve en difficulté et son équipe est plus proche d’une production stérile, tant en terme de possession que de maitrise défensive, mais il se retrouve surtout plus isolé qu’il ne l’était.
La finale de la Coupe de France perdue face à Rennes illustre à nouveau les problèmes que connait le PSG dans son organisation, tant au niveau du projet de jeu que du projet global. Tuchel s’est passé de Cavani jusqu’à la prolongation, et l’aura payé en laissant un nouveau titre après l’élimination en Coupe de la Ligue face à Guingamp. Des trophées que le PSG n’avait plus l’habitude de laisser aux autres et qui accroissent les tensions au moment du bilan de la saison parisienne. La fin de saison en Ligue 1 ressemble à un long chemin de croix pour Tuchel et ses joueurs, avec un groupe amoindri qui ne donne plus l’impression d’avoir la faim nécessaire à un Champion de haut niveau, et un entraîneur qui n’a pour le moment jamais eu l’impact attendu sur ses joueurs. Comme pour lui donner une deuxième chance, le PSG a prolongé Tuchel il y a quelques semaines et son avenir immédiat semble donc s’inscrire dans la capitale française. Reste alors à espérer que les nombreux problèmes du technicien allemand trouvent des solutions et que son vestiaire trouve lui l’harmonie nécessaire.
En attendant, il reste toujours un chic établissement des Champs-Élysées dans lequel Tuchel a pris ses habitudes, très régulières depuis plusieurs mois. Loin des joueurs qui ne se voient pas festoyer avec leur entraîneur, mais après tout, Tuchel n’allait pas se priver de Paris. Ses joueurs ne le font pas.
Emmanuel Trumer